La Guinée équatoriale (en espagnol : Guinea Ecuatorial ; en portugais : Guiné Equatorial), anciennement appelée Rio Muni, est un petit pays d’Afrique centrale devenu indépendant de l’Espagne en 1968. Il comprend une partie insulaire avec Bioko, Annobón, Corisco comme iles principales et une partie continentale située entre le Cameroun, au nord et le Gabon, au sud. Sa population est majoritairement d’origine Fang.

L’une des formes les plus anciennes et les plus impressionnantes du théâtre de marionnettes de Guinée équatoriale relève du culte des ancêtres. Appelées « Byéri » (ou « Bieri »), les statues utilisées dans ce rituel, habituellement statiques, sont, à certaines occasions, animées comme d’authentiques marionnettes.

Ces effigies d’ancêtres, placées dans des reliquaires (boite en écorce, panier ou baluchon) contenant crâne et os, sont en bois sculpté, quelquefois articulées, chevelues, coiffées, habillées et même parlantes. Leur style nous montre la diversité des coiffures traditionnelles, la stylisation des volumes avec une musculature accentuée pour donner une impression de puissance contenue ; la tête est souvent disproportionnée. Les bras sont parfois en position d’offrande et les jambes sont fléchies. Le port de bracelets et de colliers en métal caractérise une facture de sous-style Okak. Toutes ces sculptures peuvent être prolongées par un manche qui sert, d’une part à les fixer sur leur réceptacle, d’autre part à les manipuler.

Lors des spectacles rituels, ces figures sont enlevées de leur ossuaire pour être montrées en mouvement, au-dessus d’un rideau de raphia ou de pagnes tendus entre deux arbres. Actionnées par les dignitaires du culte, elles font de petits bonds rythmiques au son d’un orchestre dirigé par un xylophoniste. Au cours de spectacles initiatiques, on donne parfois des drogues hallucinogènes (Tabernanthe iboga, Baillon) aux novices pour rendre ces « apparitions d’ancêtres » encore plus réelles, voire impressionnantes et aveuglantes.

L’importance du culte des morts se retrouve chez les Fang du Gabon avec ce même type de spectacle (même dénomination « Byéri ») où la statue-marionnette participe pleinement à maintenir le dialogue avec l’au-delà.

Un autre genre de théâtre, à l’apparence plus classique, nous est connu grâce à une photographie prise avant 1962. On y voit un spectacle, en plein air, dans un village. Les marionnettes à tiges ou à gaine évoluent au-dessus d’un rideau fait de pagnes tendus entre deux cases. Les montreurs, cachés derrière, sont invisibles. Aujourd’hui, nous en ignorons le répertoire mais nous savons que la technique vocale de la

« pratique » était utilisée par les marionnettistes.

Ce théâtre de marionnettes équato-guinéen semble aussi avoir influencé le Gabon, si proche. À Libreville, la société de danse et de marionnettes Ngan Ngom présente un spectacle, créé vers 1956, sur l’amour adultère au sein d’une même famille. Cette histoire aurait été introduite par un artiste de Guinée équatoriale, les prénoms des protagonistes étant espagnols (les Espagnols avaient colonisé les territoires Fangs) et leur aspect curieusement européen.

Bibliographie

  • Binet, Jacques. Sociétés de danse chez les Fang du Gabon. Paris: Orstom, 1972.
  • Darkowska-Nidzgorski, Olenka. Théâtre populaire de marionnettes en Afrique sub-saharienne. Series II. “Mémoires et monographies”. Vol. 60. Bandudu: Ceeba Publications, 1980.
  • La Guinéa Española. No. 1557, 1962.
  • Panyella, Augusto. Esquema de etnología de los Fang Ntumu de la Guinea española. Madrid: Consejo superior de investigaciones científicias, 1959.
  • Perrois, Louis. La Statuaire fang. Gabon. Paris: Orstom, 1972.
  • “Reliquary Guardian Figures”. A Personal Journey; Central African Art from the Lawrence Gussman Collection. http://africa.si.edu/exhibits/journey/guardian.html. Accessed 10 June 2013.
  • “Tribal African Arts, Fang (Fan, Mpangwe, Pahouin, Pahouins, Pahuins, Pamue, Pangwe) Gabon, Cameroon and Equatorial Guinea”. http://www.zyama.com/fang/pics..htm. Accessed 10 June 2013.