Religieuse allemande, abbesse du monastère de Hohenbourg au mont Sainte-Odile, en Alsace, auteur d’une encyclopédie chrétienne en latin intitulée Hortus deliciarum (Le Jardin des délices, vers 1170), dont une enluminure constitue la plus ancienne représentation d’un jeu de marionnettes connue en Europe. Le manuscrit (325 feuillets, 340 enluminures), confectionné au mont Saint-Odile même, a été détruit dans l’incendie de la bibliothèque de Strasbourg, lors de la guerre de 1870. Toutefois, il en existait des reproductions et plusieurs éditeurs en ont fourni des reconstitutions.

Au feuillet 215, se trouvait une enluminure montrant deux bateleurs manipulant deux figures de guerriers en cotte de maille, armés de l’épée et du bouclier, en train de se livrer combat.  Le jeu se déroule sur une table (voir Marionnettes sur table). Les figures sont manipulées par l’intermédiaire de deux cordes horizontales, selon une technique qui rappelle les marionnettes à la planchette, à cela près que les cordes sont ici tenues à la main et non attachées à la jambe du montreur.

Une légende indique : ludus monstrorum (jeu des « monstres », ces monstres étant à prendre au sens de choses étonnantes ou simplement de choses que l’on montre). Le texte correspondant ne concerne pas les marionnettes, mais consiste en une glose des versets de L’Ecclésiaste sur la vanité de toutes choses, comme le précise une autre légende : In ludo monstrorum designatur vanitas vanitatum, « Par le jeu des monstres on désigne la vanité des vanités. » À défaut de nous informer plus longuement sur ce que pouvait être la pratique des marionnettes à l’époque, l’encyclopédie de Herrade de Landsberg confirme ainsi la valeur symbolique accordée à la marionnette depuis Platon.

(Voir Allemagne.)

Bibliographie

  • Green, Rosalie, ed. Hortus deliciarum/Herrad of Hohenbourg. Warburg Institute London; Leiden: E.J. Brill, 1979. 2 vols. [dont l’un de reconstitution et l’autre de commentaires].