Fabricant de marionnettes et entrepreneur de spectacles français. Alexandre Bertrand fut d’abord doreur et sculpteur puis fabricant de marionnettes pour son frère Jean puis pour les montreurs de marionnettes de la foire Saint-Laurent qui se tenait sur la rive droite, à Paris, en juillet et en août (voir Foires). Puis il ouvrit lui-même un petit théâtre dans l’impasse des Quatre-Vents et y anima ses propres histoires avec l’aide de quelques gagistes, en menant une lutte féroce pour attirer l’auditoire de son frère.
Il tenta, en 1690, d’ajouter à ses spectacles une troupe d’enfants, mais les Comédiens-Français s’y opposèrent et firent démolir son théâtre. Bertrand se replia sur la foire Saint-Laurent mais, comble de l’audace, chercha profiter de la disgrâce des Comédiens-Italiens en voulant occuper, en 1697, le lieu prestigieux où on jouait Racine et Molière, l’hôtel de Bourgogne. Un ordre royal l’en chassa aussitôt. En 1700, de retour à la foire Saint-Laurent, il dirigea une troupe composée d’acteurs, de danseurs, d’une chanteuse, et probablement de Nicolas Bienfait parmi les marionnettistes. Un seul titre est resté, La Défaite de Darius par Alexandre. En 1701, il présenta en marionnettes Thésée, ou la Défaite des Amazones, généralement reconnue comme la première pièce de Louis Fuzelier, bien que l’auteur n’en réclamât pas la paternité, puis sa suite avec des acteurs, Les Amours de Tremblotin et de Marinette.
Toujours en lutte contre les privilèges des théâtres nationaux, il monta, en 1715, une adaptation pour marionnettes du Médecin malgré lui de Molière par Carolet. La même année, il se retira et transmit sa succession à Nicolas Bienfait, devenu son gendre.
(Voir France.)