Le théâtre traditionnel du village de Lassa, dans la région de Bamako (Mali), met en scène des marionnettes (géantes et petites) et de nombreux masques. Cet art théâtral, appelé sogo bo (« présentation d’animaux » ou do bo (« présentation de secret »), est pris en charge par des associations culturelles qui regroupent en leur sein tous les jeunes gens d’un même quartier, avec des jeunes comme acteurs / créateurs de marionnettes. Le répertoire met en scène des animaux issus des contes maliens (le lion, l’antilope, la vache, le bélier) mais également des représentations d’esprits de la brousse et de nombreux personnages du quotidien (les éleveurs peuls, la jeune femme volage, son mari jaloux).

Après l’abandon des mascarades religieuses bambaras, de nombreuses représentations sacrées, comme l’antilope mythique Ciwara, ont été réutilisées dans le cadre de ce théâtre populaire. L’oiseau Kote kono (Kòtè-kònò) est une des représentations les plus importantes d’un point de vue symbolique. Cette marionnette géante représente le vautour, animal sacré qui symbolise les mystères de la création ainsi que la libération de l’âme par la connaissance mystique. À Lassa et dans les villages voisins, cette marionnette est considérée comme la protectrice des festivités. Les masques et les marionnettes apparaissent dans le cadre de fêtes pluridisciplinaires qui associent théâtre, musique, chant, danses et acrobaties. Ces spectacles sont destinés à honorer et à apaiser les esprits de la nature de façon à assurer la protection du village et l’abondance des récoltes.

Des fêtes sont organisées, tout au long de l’année, pour favoriser l’arrivée de la pluie mais aussi pour fêter les évènements marquants de la vie sociale comme les mariages ou les jours saints du calendrier musulman. Les associations du village de Lassa participent aussi régulièrement à de grandes fêtes organisées pour célébrer un pacte d’alliance qui unit Lassa aux villages voisins de Grinkoumbe, Koulouniko et Sokonafing. Ces réjouissances ont pour but de renforcer la solidarité entre ces quatre villages qui se reconnaissent une origine commune. L’ensemble de la communauté participe avec enthousiasme à l’organisation de ces fêtes. Les représentations théâtrales constituent donc des temps forts de la vie sociale et contribuent à renforcer la cohésion et l’harmonie du village. Les danses de masques et de marionnettes de Lassa assurent la transmission, de génération en génération, d’un patrimoine culturel exceptionnel et permettent à chacun de s’approprier cet imaginaire collectif.

(Voir Mali.)

Bibliographie

  • Favreau, Amaëlle. Un Art de la Fête au Mali. Masques et Marionnettes dans le Théâtre traditionnel du Mandé. Paris: École du Louvre, 2006.
  • Rosen, Mary Sue, and Paul Peter. Colorful Sogo Bo Puppets of Mali. Atglen, Pennsylvania: Schiffer, 2012.
  • Samake, Mamadou. Jeux de Masques à Sokona-fing”. Jamana. No. 7. Bamako, mai-juin 1986.
  • Samake, Mamadou. “Souvenirs mythiques du Pays des Anciens: Jeux de Masques et de Marionnettes à Sokhonafing”. Marionnettes. No. 23-24, 1989.
    • Les Maîtres du Sogolon: Utilisation populaire de la Marionnette au Mali. Film documentaire de Xavier Van der Stappen. Coproduction UNIMA/Musée national du Mali/Ministère français de la Culture et de la Communication, 1990.
    • “Sogo bo – les Marionnettes du Mali de la région de Markala”.  2010. http://www.youtube.com/watch?v=hRgun–0BW8. Accessed 28 juin 2013.