Le Liberia, officiellement dénommé République du Liberia est un pays d’Afrique occidentale jouxtant la Sierra Leone à l’ouest, la République de Guinée au nord, et la Côte d’Ivoire à l’est. Le Liberia a été colonisé par des esclaves libérés par les États-Unis d’Amérique qui ont pu s’établir dans un nouveau pays, en 1847, constituant ainsi une nation anglophone. Le pays se relève des conséquences de la guerre civile qui l’a déchiré, des années 1980 à 2005.    

Au Liberia, on trouve surtout des masques marionnettes comme c’est fréquemment le cas en Afrique. La marionnette se trouve dans le surnaturel, les jugements, les spectacles modernes mais est rarement distincte d’autres formes de mascarades.

Du Liberia provient, par exemple, l’objet magique appelé ge (ou gye), utilisé, entre autres, pour se protéger contre les sorciers (gle en Côte-d’Ivoire). Comparable à une marionnette divinatoire, le ge se présente comme une tête humaine portant un diadème de plumes. Dans sa composition entrent de nombreux éléments : bois, argile, pierre de foudre, fragments végétaux, poison, vin, cauris, défenses de porc sauvage, cornes-amulettes, plumes. Le ge est directement installé sur la tête d’un devin, ou placé sur un petit brancard. À son contact, le devin entre en transe et répond aux questions des assistants sur le passé, le présent et l’avenir. Chez les Kra, on demande au ge le retour à la santé, de nouvelles naissances, des récoltes abondantes, mais aussi le châtiment des jeteurs de sorts. L’aspect de leur ge est souvent effrayant : il peut être pourvu de deux paires d’yeux et porter un nombre important de cornes-amulettes et de défenses de porc sauvage. Parfois, plusieurs ge sont mis en mouvement en même temps. Les devins qui les animent sont aussi leurs gardiens.

Quant au masque marionnette, c’est un objet sculpté, parfois articulé, porté sur la tête ou plus souvent sur le visage, pendant d’un costume très imposant. Il devient alors une marionnette quand il se confond avec le « manipulateur-danseur » et s’anime ainsi par les mouvements chorégraphiques de l’artiste.

Exemple typique de ces marionnettes, le masque articulé du peuple Ngere est sculpté en bois, décoré de tissu, de dents d’animaux, de cheveux humains et d’amulettes en cuir. Toutefois, chaque groupe ethnique possède des masques sculptés intégrés dans des spectacles de théâtres traditionnels. On les trouve notamment chez les Krahn, les Gola, les Dan, les Yai Bundu, les Bassa et les Dei. Outre leur fonction d’amusement, ils peuvent exercer un rôle judiciaire.

Les spectacles de masques marionnettes pour l’amusement du public ont surtout lieu à l’occasion des funérailles d’une personnalité importante (un ancien, un guerrier ou un chef) ou lors d’abondantes récoltes.

Dans l’Est, les Krahn disposent aussi de masques marionnettes qu’on utilise pour régler des disputes. Ces marionnettes à fonction judiciaire, appelées Siah-you-wor-gle, sont extrêmement anciennes et se transmettent de génération en génération grâce aux zoes, gardiens de la tradition auxquels on attribue des pouvoirs surnaturels, la capacité de soigner et guérir ou celle d’accorder le pardon pour réintégrer dans la communauté quelqu’un qui aurait commis une faute.

Parmi les masques marionnettes très importants, le gba-too et le gle-gban, qui appartiennent aux Gola, sont très différents des autres. Ces gba-too, dans lequel l’artiste semble se rétrécir à 1 mètre avant de croitre jusque 3 mètres et le gle-gban (le diable Gio) sont des images se déplaçant sur des échasses, jusqu’à 4 mètres de hauteur ; ces figures ne sont pas sculptées mais fabriquées avec du cotton. Ils sont considérés comme très puissants et n’apparaissent en public qu’à de très rares occasions (une récolte exceptionnelle, les fêtes funéraires d’un personnage important, un ancien, un chef ou un guerrier) ou pour les rites annuels des ancêtres. Lors de ces fêtes religieuses, la sortie de masques marionnettes s’accompagne de sacrifices rituels de toutes sortes de bétail pour apaiser les esprits ancestraux et leur demander protections et intercessions auprès des pouvoirs de l’au-delà.

La pratique de cet art a été toutefois mise en péril par la guerre civile qui a ravagé le pays ces dernières années et provoqué la mort d’environ 250 000 personnes.  

Des ONG et des groupements missionnaires ont utilisé les marionnettes pour transmettre des messages relatifs au développement ou à la religion.

Bibliographie

  • Dagan, Esther A. Emotions in motion . . . La Magie de l’Imaginaire: Marionnettes et Masques théâtraux d’Afrique noire. Montréal: Galerie Amrad, 1990.
  • Harley, G.W. “Masks as Agents of Social Control in Northeast Liberia”. Papers of the Peabody Museum of American Archaeology and Ethnology. Vol. 32, No. 2, 1950, pp. 34-35.
  • Rubin, Don, ed. The World Encyclopedia of Contemporary Theatre. Vol. 3: Africa. Londres, 1994; New York: Routledge, 1997.
  • Schwab, G. Tribes of the Liberian Hinterland. Cambridge (MA): Peabody Museum, 1947.