Marionnette rituelle funéraire des Bassar du Togo. C’est une figure de femme, très schématique, en fibres tressées et nouées. Elle ne dépasse pas 10 centimètres. L’utérus est marqué par une forte boucle entre les « jambes ». L’art de tresser cette marionnette est transmis de mère en fille. Tandis que les femmes vont chercher la figurine chez la spécialiste, les hommes préparent la civière en bambou qui est l’un des accessoires essentiels de ce rite. Tout se passe comme s’il s’agissait de véritables funérailles, alors que celles-ci se sont déroulées un ou deux ans auparavant. L’unil est parée, roulée dans une natte funéraire et attachée sur la civière. Elle reçoit alors les ultimes adieux avec discours et offrandes.

Cette cérémonie doit rappeler la procession qui eut lieu lors des funérailles. Deux gendres de la morte soulèvent et placent précautionneusement la civière sur leur tête. Les coussins doivent bien adhérer à leur tête car c’est l’unil qui guide les pas de la procession, au rythme d’un tambour. Les porteurs alternent les pas lents et rapides ; ils se mettent parfois à courir ou ils changent de direction sur les ordres de l’unil. Les autres participants ont alors du mal à les suivre et se bousculent dans une grande confusion. C’est bien la « marionnette » qui dirige la procession. « Elle » choisit les maisons où elle veut s’arrêter pour saluer sa famille et ses amis avant de s’en aller et elle fait alors pencher la tête des porteurs vers l’entrée. Personne ne sait à l’avance où l’unil veut être enterrée. C’est elle qui choisit au dernier moment. Le tambour prend soudain un rythme très rapide, les porteurs se mettent à courir, acclamés par les participants, et chacun se précipite vers la maison choisie. L’unil est alors enterrée, comme lors de véritables funérailles.

L’unil est donc l’acteur principal de l’intégralité du rituel et force les porteurs à obéir à ses ordres. Lorsqu’on les interroge, les porteurs ne peuvent expliquer ce phénomène : ils n’ont fait qu’obéir physiquement à l’esprit de la défunte. Ils sont ainsi eux-mêmes des « hommes-marionnettes », manipulés par l’unil, qui est à la fois objet et sujet, marionnette et marionnettiste.

(Voir Togo.)

Bibliographie

  • Pawlik, Jaček Jan. Expérience sociale de la mort. Étude des rites funéraires des Bassar du Nord-Togo. Fribourg: Éditions Universitaires, 1990.
  • Pawlik, Jaček. “Performance of life after death: The Unil Object-actor of the Funeral Ceremony”. Unima informations: L’Afrique noire en marionnettes. Charleville-Mézières: Union internationale de la marionnette, 1988, pp. 19-24.