Pays d’Amérique centrale, la République du Guatemala (en espagnol : República de Guatemala) relevait, voici des siècles, de la civilisation des Mayas qui s’étendait sur la Méso-Amérique avant que la région soit conquise par les Espagnols, au 16e siècle. L’indépendance du Guatemala par rapport à l’Espagne fut proclamée en 1821 (voir Amérique Latine).
La culture et les traditions préhispaniques des Mayas et des Quichés (ou K’iche’, un groupe ethnique des Mayas), dans lesquelles le théâtre et l’art des marionnettes au Guatemala puisent largement leurs sujets, ont été mises au jour à partir du début du XVIIIe siècle par la découverte et la traduction en espagnol, par le frère dominicain Francisco Ximénez, du manuscrit de Chichicastenango, le Popol Vuh (Livre du Conseil), appelé la « Bible maya ».
En outre, un monument de découverte récente suggère que les Mayas eux-mêmes utilisaient des marionnettes, à des fins religieuses. Il s’agit d’un monolithe de plus de 3 mètres de diamètre, connu sous le nom de « monument 21 », découvert à Bilbao (Guatemala) dans l’aire culturelle maya. Il s’y détache, parmi d’autres figures, celle d’un homme paré d’une large coiffe, d’un cache-sexe et d’un collier. Il a les deux bras écartés. Dans la main gauche, il tient une figure en forme d’oiseau aux ailes déployées ; dans sa main droite, une sorte de marionnette à gaine au vêtement décoré. Cette découverte, dont l’anthropologue Carlos Navarrete Cáceres (né en1931), rendit compte au Mexique, est importante pour l’histoire des marionnettes dans la civilisation mésoaméricaine et américaine en général.
Les jeux rituels propres à l’ancienne religion des Mayas-Quichés – palo volador (poteau ou mât volant) ou juego de pelota (jeu de balle) – furent et restent une importante source d’inspiration, comme en témoignent, notamment, Juguemos con el sol, juguemos con la luna (Jouons avec le Soleil, jouons avec la Lune) ou Los dioses jugadores de pelota (Les Dieux Joueurs de Balle), adaptations pour marionnettes d’un épisode fameux du Popol Vuh. Les spectacles inspirés par ce texte sont encore très vivaces, comme en témoignent Los gigantes o La historia (Les Géants ou l’Histoire) et El palo volador, ballet-drame que l’on peut voir dans les villages de l’altiplano guatémaltèque.
Autre type de récit, les perras sont une forme typique et unique d’expression théâtrale « créolisée » du Guatemala où les perreros, « conteurs », utilisent des mimiques, un certain type de voix et de mouvements corporels pour exprimer leurs récits. Ce sont des joueurs apparaissant à n’importe quel moment et sans raison particulière, qui s’adressent à qui veut les écouter. Les textes de la littérature pour enfants, les récits folkloriques et plus particulièrement les fables guatémaltèques de Fray Matías de Córdoba, José Domingo Hidalgo, Antonio José de Irisarri ou de Simón Bergaña y Villegas étaient également lus ou représentés dans les écoles du pays. Prix Nobel de littérature en 1967, Miguel Angel Asturias (1899-1974) doit une grande partie de sa renommée à la richesse de la culture mésoaméricaine (Leyendas de Guatemala Légendes du Guatemala, 1930, Hombres de maíz Hommes de Maïs, 1949) ; nombre de ses textes furent adaptés pour le théâtre et pour les marionnettes.
Parmi les troupes guatémaltèques qui pratiquent la marionnette, on peut mentionner le Grupo Teatral Centauro (également nommé Compañía Teatral Centauro), dirigé par Luis Fernando Juárez (1987), la troupe, Grupo Diez Junior, Teatro de Actores (théâtre d’acteurs) de Ricardo Martínez (1991), la Compañía de Teatro para Niños Bravo, Teatro de Actores (Compagnie de Théâtre pour Enfants Bravo, théâtre d’acteurs, 1992) et le Teatro Latino de Guatemala (Théâtre latin du Guatemala). Enfin, la Compañía Armadillo fut fondée en 1998 par Alfredo Bergmann ; dirigée par Guillermo Santillana, cette troupe se consacre surtout à un travail d’éducation, abordant les thèmes des droits de l’enfant, de la discrimination, de la violence. Elle anime également des ateliers destinés aux jeunes gens dans l’ensemble de l’Amérique latine. Son œuvre la plus récente est La luna y el sol (2002) basée sur le Popol Vuh.
Bibliographie
- García Mejía, René. Teatro guatemalteco. Época indígena. La Habana: Casa de las Américas y Festival Iberoamericano de Teatro de Cádiz, 1993.
- Teatro de Muñecos en Hispanoamérica. Bilbao: Centro de Documentación de Títeres de Bilbao/Centro de documentación teatral, 1990; (republished in 1995 and 2001).
- Uriona, Roberto. Juguemos con el sol, juguemos con la luna. “Telones y Entretelones” series. Buenos Aires: Libros del Quirquincho, 1987.