Enlumineur à Bruges, auteur des plus anciennes représentations connues d’un castelet. Celles-ci figurent dans un manuscrit intitulé Li romans du boin roi Alixandre, enluminé dans son atelier de 1338 à 1344 et aujourd’hui conservé à Oxford (Bibliothèque bodléienne, Ms 264, 274 fol.). Le texte principal (208 folios) est celui du Roman d’Alexandre de Lambert le Tort et Alexandre de Bernay, écrit en vers français vers 1170-1180. Le manuscrit, passé assez tôt en Angleterre, a été relié vers 1400 avec un poème en vers anglais, Alexander and Dindimus, et avec un Marco Polo en français, de la fin du XIVe siècle (Livres du grannt Caam).

Le volume doit sa célébrité, non aux miniatures qui illustrent le Roman, mais aux dessins coloriés qui, dans le bas des pages et sans rapport apparent avec le texte, représentent, dans un style extrêmement vivant, les travaux et les jeux du XIVe siècle. Les deux enluminures qui intéressent l’historien de la marionnette se trouvent l’une au folio 54v, l’autre au folio 76r. Le premier folio correspond aux vers 1111-1178 de la branche III du Roman, où Alexandre voit ses chevaliers dévorés par des hippopotames. Le dessin montre trois dames ou demoiselles devant ce qu’on devait appeler bien plus tard un castelet, constitué d’une structure évoquant un « petit château », avec un arc de scène, une tourelle de chaque côté et une tablette à créneaux, sous laquelle un rideau dissimule le montreur. Deux marionnettes (apparemment à gaine) sont en scène : un personnage masculin tenant un gourdin et un personnage féminin. Le second folio correspond aux vers 4241-4305 de la même branche, qui racontent comment le roi Porus fut tué en combat singulier (coupé « en deux moitiés »), laissant l’Inde à son adversaire Alexandre. Le dessin montre quatre jeunes gens commentant une scène jouée dans un castelet assez semblable au précédent, mais où l’on voit quatre marionnettes : deux au centre, qui croisent le fer ou le gourdin, et deux dans des avancées latérales comparables aux tourelles du premier castelet. Ces quatre marionnettes semblent impliquer la présence d’au moins deux montreurs.

(Voir Belgique.)