Créatrice de masques et de marionnettes, costumière et metteuse en scène américaine. Julie Taymor est une créatrice d’un audacieux théâtre visuel qui a récolté beaucoup d’hommages internationaux pour son travail d’intégration de marionnettes au théâtre, à l’[opéra], et dans le [film]. La légende du théâtre, Stephen Sondheim déclara, à propos de son oeuvre Juan Darién « une des plus belles pièces de théâtre que j’aie jamais vue ».
À dix ans déjà, Julie Taymor se passionnait pour le théâtre. Elle étudia à Paris à l’école du mime Jacques Lecoq, puis à Oberlin College auprès d’artistes réputés expérimentaux comme Herbert Blau et Bill Irwin. Elle commença à travailler avec des marionnettes en 1973. Après l’obtention de son diplôme de fin d’études (1974), elle étudia le théâtre au Japon et en Indonésie. La marionnette asiatique, les films de Federico Fellini et d’Akira Kurosawa, le théâtre de Jerzy Grotowski et de Joseph Chaiken, le [Bread and Puppet Theater] sont les influences qui devaient marquer le travail ultérieur de Julie Taymor.
À Bali, le Teatr Loh que Julie Taymor codirigea de 1974 et 1978 puisa dans les marionnettes, les masques et le rituel locaux l’inspiration de son spectacle Way of Snow (Voie de Neige, 1976), repris en 1980 pour le festival de l’[UNIMA] à Washington, D.C. À New York, elle conçut des marionnettes, des masques et des costumes. Son travail fut bientôt reconnu par le milieu du théâtre expérimental. Elle collabora avec la compositrice Elizabeth Swados pour Haggadah (1980) et avec le metteur en scène Andreï Serban pour The King Stag (Le Roi Cerf, 1984) de Carlo Gozzi et, de manière plus suivie, avec le compositeur Elliot Goldenthal. Transposed Heads (Les Têtes interverties, d’après Thomas Mann, 1984) utilisait des masques et des marionnettes.
Juan Darién : A Carnival Mass (Juan Darién : une Messe de Carnaval, 1988) déclencha une pluie d’éloges et de prix. Mel Gussow, critique au New York Times, écrivit : « La pièce tient son pouvoir de la symbiose entre la plastique, le mouvement et la musique, fusionnant diverses formes d’art du spectacle…Dans son travail antérieur, Ms Taymor a traité le thème de la transformation, mais jamais avec cette assurance artistique ni l’intensité à couper le souffle de Juan Darién. » Dans la pièce, Juan Darién est joué par une marionnette de jaguar, un garçon dans le style du [bunraku] et par un vrai petit garçon. Tous les autres personnages sont des [marionnettes à gaine], des figures d’[ombres], et des sculptures expressives. Julie Taymor reçut la prestigieuse « bourse du génie » de la Fondation MacArthur et le spectacle tourna en Écosse, en Israël et au Japon.
Le projet suivant de Julie Taymor fut un film pour la télévision publique d’après la troublante nouvelle d’Edgar Poe, Hop-Frog, intitulé Fool’s Fire (Le Feu de l’Imbécile, 1992). Pour les grandes marionnettes dont elle avait besoin, Julie Taymor entama une longue collaboration avec Michael Curry, qui utilise les techniques les plus actuelles pour créer de grandes figures légères et des personnages de défilé. Un [opéra] d’Igor Stravinsky, Œdipus Rex (Œdipe Roi, 1992, avec le chef d’orchestre Seiji Ozawa et la soprano Jessye Norman), fut joué en direct et filmé au Japon. Puis Julie Taymor se consacra à la mise en scène de théâtre et d’opéra. The Green Bird (L’Oiseau vert, 1996), utilisant marionnettes et masques, remporta plusieurs prix. L’opéra Grendel (2006) par Eliott Goldenthal, dirigé par Julie Taymor, fut créé à Los Angeles.
C’est avec The Lion King (Le Roi Lion, 1998), comédie musicale d’après le dessin animé de la [Walt Disney Company], que la carrière de Julie Taymor devait culminer. Elle fut la première femme à remporter un Tony Award pour la mise en scène. Toujours programmée en 2004, la production, qui inclut des masques et des marionnettes, a été présentée dans plusieurs grandes villes. Spider-Man: Turn Off the Dark, initialement dirigé par Julie Taymor, fut présenté en avant-premières à Broadway, en 2010.
Julie Taymor a mis en scène les films Titus (1999), Frida (2002) et Across the Universe (A travers l’Univers, 2007) qui tous trois emploient des marionnettes. Frida lui a valu six sélections aux Oscars. En 2004, le Metropolitan Opera de New York ouvrait sa saison avec sa mise en scène de Magic Flute (La Flute enchantée).
Julie Taymor n’aime pas le mot « marionnettiste », mais son emploi spectaculaire de la marionnette dans le théâtre, comme dans la séquence d’ouverture du Roi Lion, avec ses antilopes bondissantes, ses oiseaux en vol et ses éléphants fabriqués avec de la mousse de caoutchouc et du tissu, tous manipulés grâce à des procédés intelligents et souvent originaux, évoque irrésistiblement le plaisir de créer.
(Voir [États-Unis d’Amérique].)
Bibliographie
- Blumenthal, Eileen, and Julie Taymor. Julie Taymor: Playing with Fire [Julie Taymor : jouer avec le Feu]. New York: Harry N. Abrams, 1999.