Personnage comique du théâtre de marionnettes iranien. Mobarak a le visage peint en noir et porte un costume rouge. Les spectacles où il apparaît sont de deux types : un genre de commedia dell’arte iranienne, le ruhowsi, où il est représenté par un acteur et dans le Haji va Mobarak (Haji et Mobarak), un style de spectacle de marionnettes à gaine issu d’Istafan : le marionnettiste se tient debout pour manipuler les marionnettes ;  et avant tout, dans le Shah Salim bazi (pièce de Shah Salim) aussi nommée kheimeh shab bazi (littéralement, le jeu nocturne de la tente). Ce genre de performance des marionnettes à fils, se trouve au nord près de Téhéran et de Tabriz ainsi que dans l’est du pays.

Mobarak est un nom arabe qui signifie béni et heureux. Ce personnage, au visage noir d’un africain ou d’un serviteur arabe, est petit à petit devenu le héros du kheimeh shab bazi et du ruhowzi. Des visages, tels celui de Mobarak, apparaissent aussi dans les anciennes miniatures persannes (peintures). La langue parlée de ces personnages, le farsi, était en soi comique et les performers ont profité de cet effet pour créer des textes dramatiques drôles et fantaisistes. Au fil des ans, l’usage des visages noirs est devenu de plus en plus courant prouvant qu’il n’y avait là aucune intention raciste.

Le personnage de Mobarak apparaît dans un grand nombre de spectacles et malgré ses origines africaines, il parle le perse. Rusé au cœur d’or, il dénonce la malhonnêteté et combat la méchanceté et l’injustice tandis qu’il plaisante avec son maître, le morshed, (littéralement, le maître spirituel), qui l’accompagne lors de la présentation des spectacles ; ce dernier sert de médium entre l’univers des marionnettes et celui du public. Indiscipliné, moqueur, agressif, Mobarak se confie au morshed installé à l’extérieur du castelet tout en interagissant avec les autres personnages de l’histoire. Si le morshed frappe Mobarak ou le conspue, celui-ci peut aller jusqu’à lui uriner dessus en guise de vengeance et de moquerie. Mobarak est amoureux de l’une des magnifiques danseuses du palais. Il révélera l’hypocrisie de Shah Salim et des puissants. Mobarak représente les petites gens qui, à travers sa voix et son jeu, manifestent contre l’exploitation et l’injustice.

(Voir Iran.)

Bibliographie

  • Chodzko, Alexandre. Le Théâtre en Perse. Paris, 1878; rpt., 1944.
  • Floor, Willem. The History of Theater in Iran. Washington: Mage Publishers, 2005.
  • Janati Ataie, Abolghasem. The Basis of Theatre in Iran. Tehran, 1954.
  • Rezvani, Medjid. Le Théâtre et la Danse en Iran. Paris: Maisonneuve et Larose,
  • 1962 (rpt. of 1912).