Théâtre de marionnettes à fils ouvert en 1774 dans Abbey Street à Dublin (Irlande). Dublin était alors, en tant que siège de la vice-royauté britannique, la deuxième ville des iles Britanniques et le Patagonian, d’abord aux mains d’amateurs, proposa des représentations aux « personnes de qualité ». Le Patagonian fut déménagé à Londres en 1776 et resta cinq ans à l’Exeter Change (utilisé auparavant par le spectacle de marionnettes de Charles Dibdin puis par l’Eidophusikon de Philippe Jacques de Loutherbourg). Une tentative sans lendemain pour relancer le Patagonian à Dublin eut lieu en 1779. En 1792, Spencer Woffington, homme de spectacle ambulant, reprit le nom pour son théâtre de marionnettes, dans Capel Street à Dublin.
L’intérêt du Patagonian était de s’inscrire dans une autre tradition que le plus populaire Randal Stretch de Flockton ou Jobson et qu’il a probablement été influencé par des compagnies italiennes qui ont visité l’Irlande et la Grande-Bretagne à cette époque ; leurs productions s’apparentaient davantage aux théâtres privés plus aristocratiques du cardinal Pietro Ottoboni ou de la famille Eszterhazy dont les scènes de marionnettes étaient considérées comme une version miniaturisée des grandes scènes d’opéra de la période baroque.
Tout indique que le Patagonian voulait être l’équivalent irlando-britannique des théâtres de marionnettes à fils privés italiens du XVIIIe siècle, bien qu’il s’adressât à des publics plus nombreux. Les dimensions des figures (environ 30 centimètres) et de la scène (1,80 mètre de large), la salle au lieu du castelet et une certaine prépondérance des effets scéniques, un répertoire de parodies d’opéra, de pièces burlesques et de farces (avec allusions à l’actualité) – tout cela semble exclure le public populaire.
Les personnes impliquées dans l’aventure du Patagonian venaient des cercles littéraires et artistiques de Dublin. L’un de ses instigateurs, Kane O’Hara, y faisait jouer Midas, opéra burlesque et une adaptation du Tom Pouce de Henry Fielding. Le décorateur, John Ellis, reçut une médaille de la Dublin Society pour son œuvre. Les publicités pour le théâtre insistaient sur les caractéristiques architecturales et topographiques de la scénographie. Les effets spéciaux de The Shipwreck (le Naufrage), opéra de John Dryden et William Davenant d’après La Tempête de Shakespeare incluaient le clair de lune, une éruption du Vésuve, des paysages italiens et des décors naturels du Derbyshire d’après ceux de Loutherbourg pour le théâtre de Drury Lane. La Dublin Society accorda une médaille spéciale au peintre de scène John Ellis et il est clair que la minuscule scène du Patagonian constituait la première étape des développements de décors préromantiques sans oublier les panoramas et les effets d’optique qui devinrent une caractéristique significative de beaucoup de spectacles européens de marionnettes au 19e siècle.
(Voir Irlande.)
Bibliographie
- Speaight, George. The History of the English Puppet Theatre. London: George Harrap, 1955; Illinois: Robert Hale/South Illinois University Press, 1990.