Compagnie de théâtre et de marionnettes géantes française, fondée en 1979 dans la région d’Aix-en-Provence par Jean-Luc Courcoult et installée à Nantes depuis 1989. Cette audacieuse troupe de théâtre de rue peut mettre en scène des spectacles courts – pas plus de quinze minutes pour La Demi-Finale de Waterclash (1984) – ou se déroulant sur plusieurs jours (Spectacle de trois jours ou comment raconter une histoire à une ville, 1984 ; La Visite du sultan des Indes sur son éléphant à voyager dans le temps, 2005).
S’adressant parfois au public à son insu comme dans Les Embouteillages (1993) qui mettait en scène une vingtaine de véhicules circulant dans la ville aux heures de pointe, elle peut aussi reconstituer, comme dans Cargo 92, une rue entière dans un bateau itinérant. La compagnie est surtout célèbre par Le Géant tombé du ciel (1993), spectacle inspiré des aventures de Gulliver où des machines faisaient bouger et respirer ce géant de 9 mètres de haut, suspendu à un échafaudage automobile, et pendant lequel des milliers de spectateurs furent transformés en Lilliputiens. L’ingénieur-artiste François Delarozière est à l’origine des machines.
Royal de Luxe joue de l’inversion des échelles ou du contraste entre les dimensions. La marionnette utilisée peut être cinq à sept fois plus grande que les manipulateurs qui compensent leur petite taille par diverses structures, des cordages et des systèmes hautement sophistiqués de poulies. Dans Les Chasseurs de girafe (2000), la girafe, qui mesurait 10 mètres, était manipulée par près de quatre-vingts techniciens. Dans ces gigantesques happenings, les montreurs sont des acteurs à part entière et la manipulation, qui tient autant du geste du matelot dans ses filins que de celui du marionnettiste, contribue à l’émotion : quand le livre de La Véritable Histoire de France (1990-1992) s’ouvrait, le spectateur voyait un bateau se former, avec ses mâts se dépliant et se dressant, tandis que les acteurs composaient l’image qui se mettait progressivement en place.
La compagnie a réalisé des projets dans les cinq continents, affinant au fil des créations l’idée d’un théâtre collectif rassemblant les habitant d’un lieu, d’une ville ou d’un village de brousse, comme au Cameroun en 1997-1998. Avec les Petits Contes nègres titre provisoire, spectacle sous forme de contes africano-européens interprétés par des marionnettes fabriquées avec des matériaux de récupération (1999), Royal de Luxe revint en partie à la marionnette traditionnelle, mélangeant les manipulations à fil, à tige et à main.
(Voir France.)