Personnage de marionnette en Roumanie. La première mention connue d’un théâtre de marionnettes populaire en Roumanie, initialement appelé paiața (le valet sautant ou le pantin) et, ultérieurement Vasilache (du nom du principal personnage du spectacle) date de 1715. L’origine de ce théâtre de marionnettes populaire et de son héros éponyme a été le sujet d’une vive controverse. Selon Moses Gaster c’était le résultat d’une importation, au XIIIe siècle, de marionnettes en Transylvanie par des Saxons. D’autre part, Nicolae Iorga attribue son origine au spectacle du Karagöz turc introduit dans la région au XVIIIe siècle.
Quoi qu’il en soit, autant le dialogue que la gesticulation montrent que le personnage de Vasilache emprunte des éléments au Punch anglais, au Petrushka russe, et au Vitéz Lászlo hongrois. Ces éléments réunis font que Vasilache apparait comme une synthèse de différentes influences s’appuyant sur une base traditionnelle roumaine. Il est à noter que l’objectif et le but de Vasilache, dans ses spectacles, est de vaincre les représentants de toutes formes d’autorités : la police, l’église (le prêtre), le diable et la mort elle-même.
La pièce est connue sous le nom de Vasilache și Marioara (Vasilache et Marioara). La structure dramatique repose sur une séries de courtes scènes indépendantes les unes des autres. Chaque scène est accompagnée par une mélodie spécifique : le chant du berger, l’air de danse de « le tzigane et l’ours », le chant funèbre du Turc et la marche de Napoléon. En Moldavie, au XIXe siècle, Napoléon Bonaparte était un des personnages préférés parmi les marionnettes. Les personnages principaux étaient Marioara (la femme de Vasilache), un fossoyeur, un Turc, un cosaque, un chantre d’église, un juif (Don Leiba Badragan), un pauvre homme, une souris et un chat. Les marionnettes caricaturales étaient sculptées dans le bois ; les visages étaient peints de couleurs vives. Les costumes étaient confectionnés avec des restes de fabriques ; ils indiquaient l’origine sociale et le rôle de chaque personnage.
Le marionnettiste se produisait dans une cabine peinte appelée chivot ou hârzob. Parfois, dans les foires, il improvisait : un écran, une toile tendue et une boite pour les marionnettes. Les marionnettes les plus fréquemment utilisées étaient des marionnettes à gaine ; mais, parfois aussi des marionnettes à fils qui étaient attachées autour du cou du marionnettiste ou, tout simplement, dont la tête était fixée aux doigts du marionnettiste.
Le texte de la pièce est une satire sociale aigüe avec des dialogues dynamiques, un langage direct et tranchant qui se moque des prélats peu scrupuleux, des marchands malhonnêtes, des soldats cyniques et des policiers véreux, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Parfois ces spectacles éveillaient la colère des autorités et certaines personnalités influentes du monde de la culture devaient intervenir pour arranger les choses. Il était souvent donné ordre à la police d’édicter des règlements limitant ou interdisant les spectacles de marionnettes. En effet, les informations les plus détaillées sur les spectacles de marionnettes en Roumanie, durant la seconde moitié du XIXe siècle, se trouvent dans des rapports de police !
Les marionnettistes traditionnels itinérants se firent plus rares pour finalement disparaitre à la fin du XXe siècle. Si Vasilache, son spectacle Vasilache și Marioara (Vasilache et Marioara) et sa troupe de personnages survivent aujourd’hui, c’est grâce à des marionnettistes professionnels qui, à l’occasion, les ramènent sur scène continuant ainsi cette ancienne tradition de la marionnette roumaine.
(Voir Roumanie.)