Dramaturge, poète et avocat portugais. António José da Silva, dit le Juif, est né au sein d’une famille de « nouveaux chrétiens » qui se réfugia au Brésil. Sa famille, poursuivie pour judaïsme, s’installa à Lisbonne dès 1713. En 1726, alors qu’il étudiait le droit à Coimbra, il fut emprisonné et torturé par l’Inquisition. En 1737, il fut à nouveau emprisonné et, victime d’un procès d’inquisition, fut garrotté puis brulé lors d’un autodafé à Lisbonne, le 19 octobre 1739.
Sa période de création littéraire se situe entre 1733 et 1738. Ses opéras connurent, à l’époque, un grand succès. Tous furent joués au Teatro do Bairro Alto de Lisbonne.
António José da Silva fut influencé par les différents courants artistiques, notamment espagnol et italien, de son époque. Il écrivit des opéras joco-sérias pour marionnettes en réunissant la littérature, la musique, la machinerie baroque et les marionnettes. Surtout, il créa une dramaturgie pour la marionnette, transformant des stéréotypes en des personnages dotés d’une grande charge psychologique. Ses opéras étaient novateurs, amusants et intelligents, accompagnés de grands effets scéniques (métamorphoses, vols, tempêtes, etc.). Leur contenu était satirique envers la société de l’époque.
De son théâtre, il ne reste que des textes et des fragments de partitions, dont l’auteur est António Teixeira, l’un des plus remarquables musiciens de la cour de Jean (João) V. Tout ou presque fut détruit par le tremblement de terre de 1755. De ses marionnettes, il ne subsiste absolument rien, ni dessins ni descriptions, seulement quelques références dans ses opéras. Il s’agissait probablement de marionnettes à tringle dont le corps était probablement sculpté en bois ou en liège.
Les thèmes de ses opéras appartiennent à la tradition classique : La Vie d’Ésope (1734), Les Enchantements de Médée (1735), Amphitryon (1736), Le Labyrinthe de Crète (1736), Les Changements de Protée (1737) et La Chute de Phaéton (1738), à l’exception de La Vie du grand Don Quichotte de la Manche et du gros Sancho Pança (1733), adaptée librement de Cervantès, et la comédie Les Guerres du Romarin et de la Marjolaine (1737).
D’autres œuvres attribuées à António José da Silva sont Obras do Diabinho da Mão Furada (Travaux du Diable à la petite Main percée) et El Prodigio de Amarante (Le Prodige de l’Amarante), et la pièce écrite plus tard, en espagnol, à la gloire du sonnet de Luis de Camões (vers 1560), Alma minha gentil, que te partiste (Ah, ma belle âme qui partit…), sur la mort de l’Infante Francisca. (1736).
(Voir Portugal.)
Bibliographie
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- Barata, José Oliveira. História do Teatro em Portugal (séc. XVIII). Chap.: António José da Silva (o Judeu) no palco joanino. Algés: Difel, 1998.[S]
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