Marionnettiste contemporaine du Mali. Née à Sissako, la troisième région administrative du Mali, Aoua Koné, surnommée Aouadian à cause de sa grande taille (1.86 mètres), est la première femme marionnettiste de son pays. Elle vit maintenant à Bolibana, dans la Commune III de Bamako. Enfant, elle étudie dans la ville de Koutiala, Sissako, une région du sud du Mali. Elle est ensuite orientée vers l’Institut National des Arts (INA), à Bamako. En 1983, une fois ses études à l’INA complétées, elle commence à travailler au Théâtre National du Mali. Elle sculpte des masques et fabrique des marionnettes de papier mâché. En 1984, elle est assignée à la Troupe Nationale des Marionnettes du Mali.

Parallèlement à ces activités au Théâtre National, elle démarre, dans un quartier de Bolibana, une compagnie de Théâtre amateur animée entre autres, par des enfants de la rue. À cause de cette initiative, elle devient très controversée car au Mali, la pratique du théâtre de marionnettes est traditionnellement réservée aux hommes. On appelle cette pratique cèko ou « l’affaire des hommes ». Même s’il existe des groupes d’associations pour les jeunes femmes qui sont dirigés par des femmes plus âgées, elles ne sont jamais impliquées dans des créations et ne manipulent pas des marionnettes. Pour les femmes, ces pratiques artistiques demeurent un do, c’est à dire un mystère, comme elles le sont pour les enfants et les étrangers. Il est donc très dangereux pour une femme d’exercer le métier de marionnettiste dans des régions où les usages traditionnels prévalent.

Malgré le danger et malgré les commentaires négatifs dont elle est entourée, Aoua Koné continue à s’intéresser à la marionnette. En 1996, elle crée sa propre compagnie de théâtre de marionnettes. Elle la nomme Mongnon, la-Flamme-de-la-Liberté. Les directeurs de l’Institut National des Arts (INA) acceptent de l’aider en lui procurant un atelier de sculpture et de fabrication ainsi qu’un lieu pour les répétitions. Elle intègre une autre femme à ses activités artistiques, Niankira Diarra, ce qui fait que la compagnie se compose de deux femmes et de trois hommes. Très rapidement, la compagnie est engagée par la télévision nationale du Mali pour créer et tourner des vidéos qui servent à présenter des scènes de plaidoyers publics avec des marionnettes. La compagnie commence également à former des intervenants pour jouer de petites pièces dans certaines garderies. C’est ainsi que prend forme la carrière de la première marionnettiste féminine du Mali. Elle a toujours refusé de renoncer à la marionnette et dit, comme pour défier ses nombreux critiques : « La marionnette est ma vie ».

Les productions d’Aoua Koné comprennent des pièces telles La mendicité forcée (1999), Le roi malade (2000), Le bouc et l’hyène (2001), L’Exode (2003), La tortue et l’hyène (2003), La fille de Dieu (2003), Course entre le caméléon et le chien (2004), L’excision avec les animaux(2004), Le coureur de jupon(2004), Le petit chien et le coq (2005), L’amitié entre la tortue et le petit crapaud (2007), Benjamin, l’enfant aux oreilles dures (2008), Regret de l’homme envers la femme (2012).

Elle travaille non seulement comme marionnettiste mais aussi comme sculptrice. Elle incorpore ses sculptures à ses performances. Dès 1996, elle crée des sculptures pour d’autres productions que les siennes. Elle est invitée à participer à de nombreuses expositions de groupe dont une exposition d’artistes au Musée National du Mali en 2005 et une exposition de sculptures à Hanovre, en Allemagne en 2002). Elle dirige de nombreux stages de sculpture au Mali et en France.

Aoua Koné est honorée à plusieurs reprises, entre autres, par le Ministère de la Culture du Mali pour avoir conçu et façonné une impressionnante mascotte pour la Biennale Artistique et Culturelle du Mali en 1988. En 2002, elle fabrique des marionnettes géantes pour l’événement d’ouverture de la Commission d’Organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (COCAN).

(Voir Mali.)