Nom italien de la marionnette à gaine, dans laquelle l’acteur enfile sa main pour l’animer. L’étymologie du terme n’est pas certaine : peut-être buratto, étoffe rêche à trame lâche, propre à tamiser la farine, avec laquelle on confectionnait l’habit de la marionnette, ou peut-être le nom propre Burattino, personnage de la comédie improvisée.

C’est sur ce « masque » (maschera) que se concentre l’intérêt des chercheurs, pour en établir la situation historique et les liens avec le théâtre d’animation.

La première apparition de Burattino comme personnage de la commedia dell’arte eut lieu sur les scènes de Florence : c’était l’un des « masques » de la Compagnia dei Gelosi, en 1577. Il s’agissait de la plus célèbre compagnie de comédiens dell’arte, foulant les estrades d’Italie et de France de la fin du XVIe siècle au début du XVIIe, et accueillis avec un enthousiasme particulier à la cour d’Henri III de France.

Jacques Callot le représente en 1622 dans les Balli di Sfessania (Danses du village de Sfessania) en lui attribuant le nom de Bagattino, une synthèse de bagattella et de burattino.

En 1611, Burattino apparut en même temps que d’autres « masques », dont Arlecchino (Arlequin), dans les cinquante scénarios (Il teatro delle favole rappresentative Le Théâtre des contes représentatifs) de Flaminio Scala, comédien et homme de lettres italien (seconde moitié du XVIe siècle-première moitié du XVIIe), ami des grands acteurs Francesco et Isabella dei Gelosi. Dans Il vecchio geloso (Le Vieux Jaloux) de Flaminio Scala, Burattino était un maraîcher qui essayait d’enseigner à sa fille comment cultiver son jardin. C’est un acteur qui prononçait peu de phrases, mais bougeait et se déplaçait avec habileté. Il n’est pas possible d’établir qui a vu le jour le premier, la marionnette vive et exubérante, comme le soutient Yorick (P. C. Ferrigni), ou bien le personnage en chair et en os, selon l’hypothèse de Maurice Sand et Charles Magnin. La question pourrait être résolue par la description que Tommaso Garzoni donne de Burattino dans sa Piazza delle professioni del mondo (1585), où ce dernier interpellait en gesticulant les clients des arracheurs de dents (cerretani, « charlatans »), ou encore lorsqu’il montrait Burattino présentant un numéro de comique et « ne sachant faire d’autre geste que celui de se coiffer d’un petit bonnet ». Le personnage ne semblait pas posséder d’autre caractéristique que d’attirer l’attention, comme pourrait le faire une marionnette gesticulante. C’est selon cette acception, même si elle est un peu élargie, qu’en parlait Domenico Ottonelli dans Della christiana moderatione del theatro (De la modération chrétienne du théâtre, Florence, 1652) : « Dans ce but, certains apparaissent sur des tréteaux et se montrent à l’intérieur d’une imitation de château en toile. Ce sont des saltimbanques, avec différentes marionnettes, appelées burattini, c’est-à-dire des figurines humaines auxquelles ils font accomplir des gestes, dire des mots fort efficaces, pour amuser et faire rire les spectateurs. »  Joseph Heintz le Jeune (Augsbourg 1600-Venise 1678) représenta une scène semblable dans une illustration du carnaval conservée dans la Galleria Doria de Rome.

Il est certain qu’à partir de ce moment le terme générique burattino devint de plus en plus fréquent et remplaça les mots bagatelli, magatelli, fraccurradi, par lesquels on désignait (y compris chez des auteurs littéraires comme l’Arioste, Lorenzo Lippi, etc.) les figurines parlantes et agissantes.

Burattino conserva son autonomie de personnage dans la pièce comique (1618-1622) de Basilio Locatelli, Le ragioni di Plauto (La Raison de Plaute) et dans les pièces tragicomiques La innocenza rinvenuta (L’Innocence retrouvée) et La pazzia di Doralice (La Folie de Doralice), de Locatelli elles aussi.

La pièce comique de Francesco Gattici, Le disgrazie di Burattino (Les Malheurs de Burattino, 1614), reste l’un des canevas les plus heureux du théâtre all’improvviso, qui se répète pendant des siècles dans Le cento disgrazie di Pulcinella (Les Cent Malheurs de Polichinelle), Le novantanove disgrazie di Arlecchino (Les Quatre-vingt-dix-neuf Malheurs d’Arlequin), jusqu’aux Trenta tre disgrazie di Gerolamo (Les 33 Malheurs de Gerolamo), du répertoire de Giuseppe Fiando.

(Voir Italie.)

Bibliographie

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  • Duchartre, Pierre Louis. The Italian Comedy. New York: Dover Publications, 1966.
  • Leydi, Roberto, ed. Burattini, Marionette, Pupi. Milano: Silvana Editoriale, 1980.
  • Magnin, Charles. Histoire des marionnettes en Europe, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Paris: Michel Lévy Frères, 1852; 2nd ed., 1862. Facsimile reproduction from the 2nd ed., Genève: Slatkine, 1981; Bologna: Arnaldo Forni, 1983.
  • McCormick, John, with Alfonso Cipolla and Alessandro Napoli. The Italian Puppet Theater – A History. Jefferson (NC): McFarland & Co., 2010. (See chapter on puppets and the Commedia dell’Arte.)
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  • Sand, Maurice. Masques et bouffons (comédie italienne). Paris, 1860.
  • Yorick (Piero Coccoluto Ferrigni). La storia dei burattini. Firenze: Bemporad, 1884.