Poète, écrivain, essayiste, traducteur et marionnettiste italien. Son travail poétique et ses créations pour marionnettes sont liés à sa recherche philosophique et constituent deux aspects de son combat contre la laideur et la vulgarité. Parmi les griefs que Ceronetti retient contre le monde « moderne » figure la perte de sensibilité : la modernité décourage l’homme et délite son âme, un danger qu’il dénonça dans ses interventions régulières dans le journal La Stampa de Turin. En 1970, il fonda le Teatro dei sensibili (le Théâtre des sensibles), une petite scène itinérante (un théâtre d’appartement) pour ses marionnettes qualifiées d’« idéophores ». Celles-ci sont à la fois plus simples et plus complexes que des marionnettes conventionnelles. Elles sont tenues par un seul fil fiché dans la tête, sont très petites et il est quasiment impossible de les manier comme des figures traditionnelles.

Le théâtre de Ceronetti ne cherche pas la virtuosité ou l’illusion réaliste, mais propose plutôt des apparitions aptes à susciter la surprise et l’émotion du spectateur, écartant tout instrument « moderne » et toute recherche d’effets « spéciaux ». Comme son nom le suggère, la marionnette « idéophore » ne joue que des rôles abstraits et idéaux. « Donner de la joie est un métier difficile », telle est la devise du Théâtre des Sensibles qui crée des scènes s’apparentant plus à des épisodes théâtraux qu’à des textes à proprement parler. I Misteri di Londra  (Les Mystères de Londres, 1978), Furori e poesie della rivoluzione francese (Fureurs et poésies de la Révolution française, 1983), La Iena di san Giorgio (La Hyène de saint Georges, 1986), Mystic Luna Park (1988), Viaggia, viaggia Rimbaud ! (Voyage, voyage, Rimbaud !, 1991) sont les spectacles les plus connus de ce penseur saltimbanque.

(Voir Italie.)