Plasticien et metteur en scène espagnol. C’est en 1968, alors qu’une nouvelle génération s’attachaient à essayer de changer la situation de l’Espagne franquiste, que Joan Baixas et Teresa Calafell créèrent à Barcelone la première compagnie professionnelle catalane de marionnettes, Putxinel·lis Claca, intitulée ainsi pour marquer sa filiation à un théâtre populaire. La troupe devint la célèbre La Claca, sollicitant l’imagination du public aussi bien par des marionnettes que par des masques, des objets ou des formes abstraites, tout en s’insérant dans la tradition villageoise catalane des géants et des grosses têtes, en catalan, gegants i capgrossos (connues en basque sous le nom de erraldoi eta buruhandlak et en castillan gigantes y cabeduzos ; voir marionnettes géantes).

La compagnie, avec une quinzaine d’acteurs, s’orienta peu à peu vers un théâtre visuel auquel participèrent de grands peintres contemporains, entre autres : Joan Miró pour Mori El Merma en 1977, Antonio Saura pour Peixos abysmal (La Espada Azul – Peces Abismales 1), Roberto-Sebastian Matta pour Laberint (Labyrinthe), Antoni Tàpies pour Juan El Del Oso – Peces Abismales 2 (Juan des Ours).

En 1971, Baixas créa le Département marionnettes de l’Escola Superior d’Art Dramàtic de l’Institut del Teatre (Ecole Supérieure d’Art dramatique de l’Institut du Théâtre) de Barcelone et le Festival Internacional de Teatre Visual i de Titelles de Barcelona (Festival international de théâtre visuel et de marionnettes de Barcelone) dont il fut directeur à plusieurs occasions. En 1998, il dirigea à nouveau le Festival Internacional de Teatre Visual i de Titelles de Barcelona, concevant une ambitieuse et importante célébration pour le 25ème anniversaire, avec la participation de 32 structures municipales. A l’occasion de cet événement, il publia Escenes de l’Imaginari (Scènes de l’Imaginaire, 1998), dans lequel il partageait sa conception du théâtre visuel. Par la suite, le nom du festival changea pour devenir le Festival NEO (Noves Escenas Obertes, www.festivalneo.cat.).

Durant toute cette période, Joan Baixas s’engagea dans des recherches et des expérimentations poétiques sur les langages du théâtre, utilisant des matériaux bruts (argile, sable, eau) comme base essentielle de ses performances plastiques. L’année 1997 marque le début d’une série de spectacles inclassables mais incontestablement marionnettiques qui ont eu une influence significative sur les autres praticiens : Terra prenyada (Terre enceinte, 1997), Adios XXe siglo (Adieu 20ème siècle, 2000), Antonio (2000), Música pintada (Musique en peinture, 2002) et Dopamina Suite (2004). Ces spectacles, interprétés par Joan Baixas et un musicien, vibraient sous l’énergie et le verbe du peintre, environné par une grande toile sur laquelle les paysages sonores et plastiques étaient effacés sitôt composés.

Esquivant la performance théâtrale, le travail de Baixas se veut « une cérémonie préliminaire » où l’émotion est toujours derrière la rencontre hasardeuse de l’humain avec les matériaux bruts et la technologie moderne. Ses spectacles ont été présentés dans le monde entier.

(Voir Espagne.)