Officiellement dénommé République du Malawi, le Malawi enclave au sud-est de l’Afrique est peuplé de Bantou qui ont créé l’État du Maravi, au XVIe siècle. La région fut colonisée par les Britanniques au XIXe siècle qui l’administrèrent comme un protectorat appelé Nyassaland. En 1964, le pays obtint son indépendance et reprit le nom de Malawi (préféré à Maravi) sous la houlette de l’activiste Hastings Banda ; en 1993 le pays accéda à la démocratie grâce, notamment, au multipartisme.

La découverte de la marionnette dans ce pays est attribuée, selon la tradition orale recueillie par J. B. Soko (1977), à un vieil homme sans descendance. La légende dit qu’il était très triste car l’absence d’héritier est un sort peu enviable. Un jour, il prit la décision de se retirer dans la forêt afin de sculpter deux statuettes en bois en guise d’enfants et de les traiter comme tels. La nuit même de son retour au logis, les statuettes s’animèrent par magie, se transformant en un garçon et une fille réels. Mais la joie du vieil homme et de sa femme ne dura pas. Partie chercher de l’eau à la rivière, la fillette, qui avait cassé son récipient, revint les mains vides et provoqua ainsi chez sa mère une colère démesurée. La tristesse de la petite fille gagna alors son frère et les deux enfants se transformèrent de nouveau en statuettes. Leur mère, inconsolable, se jeta du haut d’un arbre pour se suicider. Son corps fut alors métamorphosé en fruits si aigres que personne ne pourra jamais les manger.

Chez les Maravi, les marionnettes sont sous le contrôle de nyau (ou zinyau), une société secrète masculine dont les membres ont la responsabilité de la vénération des ancêtres et de l’ordre social. Ses membres confectionnent des animaux mannequins en feuilles, bois et tissus, destinés à être utilisés la nuit avant d’être détruits par le feu. La vue de ce grand gibier est interdite aux femmes, aux enfants et aux non initiés. Chacune de ses représentations imite son homologue vivant. On renforce l’illusion en les plaçant à même le sol et en plein air dans un endroit isolé pour figurer le milieu naturel de leurs modèles. Outre l’antilope, il y a, parmi ces créations, l’éléphant, animal puissant dont le rôle ne peut être tenu que par un homme mûr. Les acteurs qui l’accompagnent, tenant le rôle des chasseurs, sont tous âgés et proposent un spectacle fait de mime, de chant, de musique, de danse et de jeu avec objets. Ces derniers, les figures d’animaux, sont traités comme il en serait dans la réalité. Ils sont traqués et attaqués, mais aussi célébrés, excités et provoqués dans un jeu qui constitue l’essentiel de la fête. Celle-ci s’achève par un grand feu où toutes les effigies d’animaux disparaissent, consumées par les flammes.
Malgré leur caractère archaïque, les sociétés secrètes traditionnelles ne sont pas figées pour autant et savent évoluer. Ainsi, les chorégraphes du nyau ont intégré le sida à leur répertoire sous la forme d’une danse.

Bibliographie

  • Blackmun, Barbara, et Matthew Schoffeleers. “Masks of Malawi”. African Arts. Vol. 5, No. 4, 1972.
  • Curran, Douglas (Autumn, 1999). “Nyau Masks and Ritual”. African Arts. Vol. 68, No. 3, pp. 68-77.
  • Darkowska-Nidzgorski, Olenka, and Denis Nidzgorski. Marionnettes et Masques au coeur du théâtre africain. Saint-Maur: Institut international de la marionnette/Éditions Sépia, 1998.
  • De Aguilar, Laurel Birch. Inscribing the Mask: Nyau Ritual and Performance among the Chewa of Central Malawi. St. Augustin and Freiburg, Germany: Anthropos Institute [Study 47] and University of Freiburg Press, 1996.
  • Morgan, Gary. “The Great Dance”. http://museum.msu.edu/Exhibitions/Virtual/Mask/essay/The_Great_Dance.html.
  • Soko, B.J. Autour du feu au Malawi. Zombia: Université de Malawi, 1977.