Fils de George Sand et du baron Casimir Dudevant, Maurice Sand fut l’élève (paresseux) d’Eugène Delacroix avec lequel il apprit le dessin et la peinture. Il étudia également la littérature et la science, et il s’intéressa à la marionnette à partir de 1847. À l’origine de sa pratique, le désir tout simplement de distraire la petite société fédérée par sa mère au château de Nohant où résidait la famille. Manipulant des figurines grossières dans un castelet de fortune (une chaise, un carton à dessin, une serviette), il improvisait. Cela donna naissance à une passion. Ses représentations devinrent un véritable rendez-vous qui enchanta un public grandissant, où les représentants de la société élégante se mêlaient aux villageois progressivement conviés.

La « scène de Nohant » était installée dans une aile du château familial transformée par la suite en théâtre. Maurice Sand améliora son castelet, créa progressivement plusieurs centaines de marionnettes à gaine très perfectionnées et signa lui-même les différentes saynètes (parodies et adaptations) qu’il jouait en alternance avec des improvisations. Il inventa d’ingénieux systèmes (tringles roulées en ressort, mécanismes de lumières, décors mobiles) et s’inspira des personnages de la tradition italienne. Il améliora également la manipulation des marionnettes à gaine par un procédé de tiges pouvant remplacer la main du manipulateur, ce système lui permettant de mettre en scène simultanément une dizaine de marionnettes. Parallèlement, il illustra les romans de sa mère, ainsi que Masques et bouffons (1859), ouvrage consacré à la commedia dell’arte et dont il est l’auteur.

Le public de Nohant se dispersant à partir de 1872, Maurice Sand poursuivit pourtant son œuvre avec la collaboration de sa mère, inventant des personnages muets à l’aide de marionnettes rembourrées et fixées à des traverses de coulisseaux. À partir de 1880, il resta dans sa demeure de Passy où il avait créé en 1858 le théâtre des Amis. Il disposait alors de quatre cents marionnettes et de multiples décors. Il donna des représentations régulières jusqu’à sa mort, neuf ans plus tard laissant un ouvrage relatant sa passion : Théâtre des marionnettes de Maurice Sand (Michel Lévy Frères, 1890).

(Voir France.)