Marionnettiste américain. Robert Anton fut un des créateurs les plus singuliers qu’ait connus la marionnette. Ses études de scénographe (à Carnegie Mellon) le conduisirent d’abord à s’intéresser aux lieux : il fabriquait des décors miniatures d’où se dégageait une ambiance très personnelle et très étrange. À partir de 1969, il  peupla ces lieux de marionnettes minuscules qui faisaient renaître les obsessions de son enfance. Ces poupées étaient fabriquées dans la frénésie (il travaillait souvent vingt-quatre heures de suite jusqu’à ce que la figurine soit achevée) avec un soin et un raffinement exceptionnels.

L’Anton Theater se produisit un peu partout aux États-Unis, notamment au Lenox Arts Center de Los Angeles, et, en 1970, à Pittsburgh, où il créa un spectacle sur les sept péchés capitaux, et à Baltimore. La plupart des spectacles qu’il donna aux États-Unis furent cependant produits à son domicile, à New York, où il s’installa en 1971 ; il utilisait pour scène des parties de son environnement quotidien. Il promena aussi son théâtre en Europe, au Teatro Argentina de Rome, au festival Theater der Welt de Cologne, et au théâtre Mickery d’Amsterdam. En 1975, Anton représenta les États-Unis au festival de Nancy, en France, et, en 1976, il se produisit dans un donjon du château de Vincennes pour le Festival d’automne à Paris.

Les marionnettes de Robert Anton avaient la tête (souvent de porcelaine) grosse comme le pouce et des mains comme un ongle. Anton dit qu’elles créaient leur propre histoire à chaque représentation. Cette histoire se passait du langage. Poème fait de rumeurs et de souffles, le spectacle était mené par Anton seul, avec une minutie de chirurgien. Une quinzaine de personnes seulement pouvaient assister à la représentation. Préparées par de longues attentes, dans l’obscurité, elles sortaient du spectacle avec la certitude qu’Anton jouait autre chose qu’une carrière de marionnettiste et que ce qu’il donnait à voir était pour lui une question de vie ou de mort.

Artiste non commercial, il n’obtint pas dans son pays le succès critique dont il bénéficia en Europe. Physiquement affaibli par une longue maladie, Robert Anton se donna la mort en 1984.

(Voir États-Unis d’Amérique.)

Bibliographie

  • Itallie, Jean-Claude van. “Robert Anton, 1949-1984.” The Voice. 2 October 1984.
  • Leonardini, Jean-Pierre. “Littéralement Dieu”. Festival d’automne à Paris 1972-1982.
  • Ed. Jean-Pierre Leonardini, Marie Collin, and Joséphine Markovits. Paris: Éditions Messidor/Temps actuels, 1982, pp. 88-89.
  • McClelland, Maurice. “The Puppet Theatre of Robert Anton”. The Drama Review. Vol. 19, No.1 (March 1975), pp. 78-86.