Artiste indonésien de Java utilisant la marionnette-performance. Né au sein d’une famille de dalang, Ki Slamet Gundono (Ki étant une épithète de respect attribué aux dalang séniors) a fréquenté une madrasa (école islamique) à Lebak Siu et a continué ses études de troisième cycle au ISI Surakarta (Institut Seni Indonesia, à Surakarta/Solo), graduant en 1999. Il est connu pour son wayang suket, qu’il a inventé en 1997. Utilisant des wayang d’herbes tressées qui sont considérées comme des jouets d’enfants, Slamet raconte des histoires traditionnelles itératives qui combinent parfois un jeu grossi, un art de la performance moderne, du « stand-up » et de la comédie. Un performeur charismatique de taille énorme (150 kilos), Slamet peut fondre en larmes jouant une mère qui a perdu son fils mais rebondi pour les interactions clownesques avec le public, faisant des aparte au-dessus de leurs têtes avec les spectateurs. Il performe sans écran ; son accompagnement musical combine un gamelan (orchestre de gong-chime), un assortiment de tambours et des instruments occidentaux.

Slamet Gundono a débuté sa carrière avec le « wayang multimédia ». Pour le spectacle Quatorze jours avec Bisma (basé sur un épisode du Mahâbhârata, il a agrandi l’écran, utilisant sept dalang et évitant un langage trop compliqué. Dans sa version, l’ascétique prêtre Bisma confronte les spectateurs avec ses rêves érotiques. Ensuite Slamet explora le wayang gremeng, qui renonce aux marionnettes formelles et au gamelan en tant qu’entité ; les voix deviennent gamelan et des objets au hasard utilisés dans le moment présent peuvent jouer les personnages. Puis est venu le style qui le caractérise qui combine gamelan et instruments occidentaux, éliminant l’écran et s’attachant uniquement au narrateur-performeur. Saté Drupadi (Madame Drupadi comme Kebab, 2000) présente une renaissance du cannibalisme au Kalimantan (Bornéo) lorsqu’un groupe local du clan Dayak, outragé que des immigrants Madurese se soient établis sur leur terre, ont tué et mangé certains des « nouveaux arrivants ». Slamet compare la mastication de la chair humaine à l’épisode du Mahâbhârata où le Kurawa brutallement réussi à violer Drupadi (la femme du prince Pandawa). Slamet a vu ses deux actions – à la fois l’épique et la contemporaine – comme des exemples horrifiques des tragiques failles humaines pour montrer l’humanité aux autres.

Le travail de Ki Slamet Gundono imbibe le wayang d’une colère rauque face aux injustices dans l’Indonésie contemporaine et écorche l’esthétique avec de palpables émotions.

(Voir Indonésie.)

Bibliographie