Chanteur et homme de théâtre japonais, rénovateur du ningyô-jôruri (voir aussi Bunraku). Né dans une famille de paysans de la région d’Ôsaka, il commença sa carrière comme disciple de Kiyomizu Rihei, puis, marqué à la fois par le style d’élocution clair et puissant d’Inoue Harima-no-jô et par la diction plus nuancée et délicate d’Uji Kaga-no-jô, il opéra une synthèse inédite de l’art de ces deux grands maîtres du « vieux » jôruri, en créant un nouveau style de narration, auquel il donna d’ailleurs son nom: le gidayû-bushi. Ce style supplanta peu à peu les manières antérieures et finit par être adopté par pratiquement tous les professionels du ningyô-jôruri.

Échouant à ouvrir sa propre salle à Kyôto, il effectua des tournées dans les provinces avant de s’établir à Ôsaka, dans le quartier des théâtres de Dôtonbori, où il inaugura son Takemoto-za en 1684. Mis en valeur par les livrets de grande qualité littéraire et poétique que lui fournit Chikamatsu Monzaemon, son merveilleux talent de chanteur lui permit de s’imposer et de triompher de ses rivaux.

Il traversa néanmoins une grave crise financière au début des années 1700, mais grâce au triomphe des sewamono (tragédies bourgeoises) que lui préparait Chikamatsu, il sortit de ce mauvais pas. Non seulement Gidayû eut l’intelligence de s’associer au plus grand dramaturge de l’époque, mais encore sut-il engager les meilleurs artistes en activité dans chacune des composantes du théâtre de poupées. Ainsi se produisit-il entouré du maître de shamisen Takezawa Gen.emon et du marionnettiste Tatsumatsu Hachirôbei, formant avec eux un trio majeur qui fit du Takemoto-za le centre du théâtre de poupées de son temps.

Il a par ailleurs laissé quelques textes, en particulier d’importants traités techniques sur son art. De nombreux grands chanteurs s’inscrivirent dans sa lignée et se produisirent sous le nom de Takemoto, de son successeur immédiat Harima-no-jô (Masadayû I, 1691-1744) jusqu’à Koshijidayû IV (1913- 2002), qui fut un des « trésors nationaux vivants » du Théâtre national de Bunraku, en passant par les maîtres du Bunraku-za de Meiji comme Nagatodayû (1814-1890) ou Settsudayû (1836-1917). Takemoto Sumitayû VII (né en 1924) et Takemoto Tsunatayû IX (né en 1932), héritiers actuels de ces dynasties, sont également reconnus comme Trésors nationaux vivants.  

(Voir Japon.)