Théâtre situé à Liège (Belgique), créé en 1972 par Françoise et Jacques Ancion. Après diverses pratiques d’animation avec quelques écrivains et plasticiens dès 1960, après des manipulations de toutes formes, Jacques Ancion dit Thorix, sculpteur né en 1942, renoua le lien avec les vieux montreurs à tringle (1964). Le matériel canonique liégeois permettait d’aborder presque tous les genres du répertoire avec une économie extrême des moyens. C’est aussi une forme théâtrale qui privilégie la connivence grâce au petit peuple exprimant toutes les vérités. Après une laborieuse acquisition de matériel ancien, pour la saison 1972-1973, Françoise (1947-1997) et Jacques Ancion aménagèrent leur petite salle Al Botroûle (Au Nombril) dans le vieux quartier Hocheporte et réussirent la gageüre de donner un second souffle au répertoire pour adultes. Dans le théâtre, agrandi en 1974, on donne Le Mort qui vit, La Tentation de saint Antoine, Li Naissance (voir Nativité), La Passion ; en épisodes, les grands cycles autour de Charlemagne, Tristan et Iseut, La Table ronde, La Quête du Graal ; on adapte aussi les vieux contes du terroir. En 1976, débuta la série des Ubu d’Alfred Jarry.

Jacques Ancion sculpte, construit, revivifie le jeu, fait éclater la scène ; il écrit, manipule et donne voix aux personnages tout de bois, sauf la langue. En 1978, l’entreprise familiale devint professionnelle et s’adjoignit des comédiens, musiciens (Julos Beaucarne), metteurs en scène (Jacques Delcuvellerie, Jan Dvořák), scénographes (Jacques D’Hondt, Pierre Kroll) et assistants (Étienne Pichault) pour des créations comme La Nonne sanglante de P. Delémarre, L’Opéra du Gueux de John Gay, La Mandragore de Machiavel, Victor de Pixérécourt, Tåtî l’pèriquî d’Édouard Remouchamps, Johannes Doctor Faust, L’Enfant prodigue, Ubu pape de Robert Florkin ; à partir de 1998, avec Tatiana Falaleew : La Patate inconnue, Les Miracles de la Fuite en Égypte, Charlemagne sacré Empereur, L’Enfance de Merlin.

Dans toute l’Europe, comme au Québec et au Japon, Tchantchès-Bonète, vieux complice paradoxal d’Al Botroûle, proclame : « Ma tringle, c’est ma liberté ! »

(Voir Belgique.)