Le Venezuela, officiellement dénommé République bolivarienne du Venezuela (en espagnol República Bolivariana de Venezuela) est un pays situé en bordure de la côte nord de l’Amérique du Sud. Il a été colonisé par l’Espagne en 1522. Il obtint son entière indépendance en 1830. A l’époque précolombienne, la population indigène se répartissait entre Kali’nas (Caraïbes), Auakés, Caquetios, Mariches et Timoto-cuicas. Aujourd’hui, parmi les peoples indigènes, on compte des Waraos (également connus sous les vocables Waroas, Guaraunos, Guaraos et Warraux) et des Pemons (également nommés Pemóns ou Pemongs) qui ont conservé leurs traditions mystiques. (Voir Amérique latine.)

Seuls d’assez minces indices permettent de retrouver la trace des premiers spectacles vénézuéliens de marionnettes. Ceux-ci semblent pourtant avoir trouvé un public au XVIIIe siècle avec les nacimientos et jerusalenes – versions vénézuéliennes de la Nativité pour les premiers, de la Passion pour les seconds – présentées entre Noël et le carnaval.

Jouées à l’origine dans un cadre privé puis étendues aux couvents (de Santo Domingo et de la Merced à Caracas) avant de gagner les théâtres publics, ces représentations religieuses populaires, attestées à partir de 1788, connurent leur diffusion maximale au XIXe siècle. C’est dans ce cadre qu’étaient montrés des intermèdes avec marionnettes, suscitant la méfiance des autorités, comme en témoigne une enquête diligentée par les autorités le 18 janvier 1788. Un autre témoignage sur des spectacles de marionnettes de rue en vogue au cours du XIXe siècle est donné par David Belloso Rosell dans Los títeres de Francisco López (Les Marionnettes de Francisco López, 1968) ; il mentionne l’activité d’un charpentier, marionnettiste et ventriloque appelé don Francisco López, qui « avec son bois, outre ses meubles fins, fabriquait de merveilleuses petites figures qu’il peignait … et manipulait avec des ficelles, les présentant à un public prêt à payer, chaque jeudi, samedi et dimanche, un demi-real pour assister à ces spectacles de plus en plus à la mode ».

En 1885, fut construit le vieux théâtre de Caracas qui accueillit des opéras, des comédies, des zarzuelas mais aussi des tours de prestidigitation et des fantoches ; on sait que, sous la présidence d’Antonio Guzmán Blanco (1829-1899), la fabrication de marionnettes et de petits théâtres fut encouragée dans les écoles. Entre 1882 et 1900, on peut aussi noter la présence, à Caracas, parmi d’autres artistes de renommée internationale, du clown et marionnettiste d’origine britannique Frank Brown, qui se produisit devant le président Blanco.

Le théâtre de marionnettes au XXe siècle

Cependant, c’est surtout à partir des années quarante que le théâtre de marionnettes se développa : après la découverte du Teatro dei Piccoli de Vittorio Podrecca en 1939, décisive pour certains artistes vénézuéliens, l’arrivée au Venezuela du Théâtre de marionnettes, El Nahual, dirigé par les Mexicains Lola Cueto et Roberto Lago, constitua un moment important pour la divulgation de cet art et la formation technique d’artistes, d’étudiants et d’enseignants. C’est à cette époque que naquirent les principales troupes nationales.

Il existait déjà, dans le pays, des signes de l’intérêt porté aux marionnettes, dans un cadre éducatif notamment : le groupe El Tamborón fondé par Federico Reyna et Pérez de Vega, au Liceo Andrés Bello (Lycée Andrés Bello), en témoigne. À partir de 1946, « Fredy » Reyna (1917-2001) et son épouse Lolita donnèrent, dans cet établissement, un cours sur le théâtre de marionnettes auquel assistèrent des directeurs et acteurs de théâtre, ce qui suscita sans doute la création de nouvelles compagnies. Reyna, artiste polyvalent et curieux de toutes les formes d’art, connaissant bien l’Europe (la France notamment, où il montra ses spectacles de marionnettes au théâtre Joly de Gaston Baty et suivit les cours de Louis Jouvet), prit la tête de l’Escuela de Marionetas (École de Marionnettes) du ministère de l’Éducation, à partir de 1949, tout en créant ses spectacles et des personnages comme Cantalicio, Juan Barrigón, Juan Brierba, Juanito, Tamborón, la Vieja Inés, Puchito avant de refaire un long séjour à l’étranger entre 1957 et 1967.

D’autres artistes contribuèrent, dans ces années, à l’essor du théâtre de marionnettes vénézuélien : Fabián de León débuta comme marionnettiste en 1946, parcourut le pays pendant plus de trente ans et fabriqua des marionnettes pour le Consejo Venezolano del Niño (Conseil vénézuélien de l’Enfant), tandis qu’Eduardo Francis et son théâtre Tío Conejo (Oncle Lapin) développaient une intense activité de divulgation dans les écoles primaires et au cours de campagnes d’alphabétisation. C’est, dans ce cadre, qu’exercèrent également d’autres artistes comme Elizabeth Hernández.

En 1967, le marionnettiste argentin Javier Villafañe arriva à Caracas à l’invitation de l’Universidad de Los Andes (ULA, Université des Andes) pour donner des cours et former des montreurs. C’est ainsi qu’il fonda un atelier qui devint aussi un théâtre fixe. Pendant les treize ans que dura son séjour au Venezuela, il enseigna ainsi à l’Escuela de Títeres y Marionetas (École de Marionnettes) de l’ULA de Mérida.

À partir de la fin des années soixante et jusque dans les années quatre-vingt-dix, les compagnies se multiplièrent : du Tilingo (1968) ; l’Universidad del Zulia’s El Teatro de Títeres Parque Infantil Chímpete Chámpata (Théâtre universitaire de Marionnettes Chimpete-Chámpata), créé par Alexis Andarcia en 1969 ; Garabato (1971) ; Los Monigotes (1973) ; Teatro Estable de Títeres Kinimari, créé par Carlos Tovar en 1976 ; TEMPO (Teatro Estable de Muñecos del Estado Portuguesa), fondé par Eduardo Di Mauro en 1980 ; La Maleta Mágica, dirigée par Israel Morillo (1985) ; Jueghoy-Teatro de Títeres (1986) ; Teatro Naku, sous la direction de Sonia González (1990) ; La Lechuza Andariega, fondée en 1993 ; et Panelín, institution culturelle vénézuélienne fondée en 1991 dans le cadre du projet Marionnettes à Carabolo, qui réalisait un important travail de production et de diffusion.

Bibliographie

  • Cerda G., Hugo. “Antecedentes históricos del títere venezolano”. Revista nacional de cultura. Caracas: Ediciones del Ministerio de Educación, May-August, 1963.
  • Cerda G., Hugo. Teatro guiñol. Annexe: El Teatro de Guiñol en Venezuela. Caracas: Departamento de publicaciónes del Ministerio de Educación, 1965.
  • Cerda G., Hugo, and Enrique Cerda G. El Teatro de Guiñol: historia, técnica y aplicaciones del teatro guiñol en la educación moderna. Caracas: Ministerio de Educación, Departamento de Publicaciones, 1972.