Maître marionnettiste indonésien (dalang) du wayang kulit théâtre d’ombres balinais. Né à I Wayan Nardayana, le numéro 1 du palmarès des dalangs contemporains de Bali a développé cet art à partit d’un très jeune âge, malgré les plaintes de son père qu’un succès économique puisse venir pour quelqu’un qui  venait de l’extérieur d’une lignée de wayang traditionnel. Enfant il jouait avec le wayang kertas (marionnettes de papier), fabricant et jouant avec ses amis du village. Il a observé les performances des dalangs Pan Yusa, Ide Bagus Ngurah de Budak et Jagra de Bongkasa, ses premières influences. N’ayant pas d’argent pour continuer son éducation après l’école secondaire, I Wayan Nardayana a travaillé comme valet de stationnement. Il a joué pour le groupe théâtral (drama gong) de I Gusti Ketut Putra et fut reconnu pour son humour. Fabricant ses propres marionnettes de cuir, il commença sa carrière en 1993, appelant sa troupe Gita Loka. Sa réputation grandit par le bouche à oreilles.

L’humour mordant et parfois racé de la signature de ses clowns marionnettes, Nang Klenceng et Nang Ceblong, ont amené le public à combiner des parties de ces personnages l’appelant « Dalang Cenk Blonk ». Depuis 1995, il est universellement connu sous ce nom. La carrière de Cenk Blonk a été marquée par de continuelles inventions pour attirer de nouveaux auditoires à l’art de la marionnette traditionnelle. Il a adopté un beaucoup plus grand écran, a utilisé un éclairage coloré et a emprunté des effets musicaux de Java, introduisant des pesinden (un choeur de femmes) et des gerong (choeur d’hommes). Il a multiplié les instruments et les musiciens d’une coutume de quatre metallophones (gender) à trente. Spectacles, sons et humour caustique ont attiré des milliers de jeunes spectateurs. Les videos de ses spectacles sont facilement disponibles chez les disquaires et des nombreux clips se retrouvent en abondance sur YouTube. Son groupe performe jusqu’à vingt fois par mois et ses spectacles compactes de deux heures contrastent avec les quatre ou cinq heures des présentations traditionnelles et lui permettent de jouer jusqu’à deux spectacles par jour.

Notons que Cenk Blonk est totalement respectueux de l’art et des codes des dalangs: comme la popularité lui procure une indépendance économique, il a pu continuer sa scolarité et s’est mérité l’équivalent d’un Baccalauréat du ISI Denpasar (Institut Seni Indonesia Institut indonésien des arts) et continue en vue d’une maîtrise à l’Institu Hindu Dharma Negeri (IHDN, Université national Hindou) à Denpasar, Bali, creusant toujours plus profondément dans les idées spirituelles et philosophiques du Dharma Pawayangan (Livre /Code du Wayang), tout en affinant ses critiques politiques. Gardant une indépendance politique, Cenk Blonk est rapide à attaquer la corruption des gouvernements et les injustices sociales. Il voit le wayang à la fois comme tuntunam (philosophie et enseignement) et tontonam (détente par le spectacle), ce dernier attirant le public vers le premier.
(Voir Indonésie.)