Maître marionnettiste indonésien (dalang). Retraçant sa lignée de dalang jusqu’à R.M. Singadimedja de Bagelan, un marionnettiste vivant au temps de Sunan Amangkurat (1646-1677), Ki  Enthus Susmono a été gratifié du nom de « dalang edan » (le dalang fou) pour ses innovations dans la fabrication de marionnettes, la présentation d’histoires et son étrange humour (Ki étant une épithète de respect donné au dalang senior du wayang. Fils du Dalang Soerjadiohargja et sa troisième femme Tarminah, Ki Enthus a émergé comme une superstar dans les années 80 et ses constantes innovations lui garantissaient des milliers de spectateurs à chacune de ses représentations.

Formé à la fois aux traditions du wayang golek (bois et tiges) et du wayang kulit (théâtre d’ombres), Ki Enthus a souvent été attaqué par les traditionnalistes. Il croyait fermement que le wayang doit s’adapter pour séduira la jeunesse et se voyait lui-même suivant les traces des wali (saints islamiques) qui utilisaient la marionnettes pour inspirer et éduquer durant l’Islamisation de Java. Ki Enthus est un prolifique fabricant de wayang : 1 491 sont de sa fabrication selon le Musée indonésien des records. Ces figures sont souvent éloignées des modèles traditionnels et les couleurs réalistes de la peau et les formes des visages peuvent remplacer les dessins traditionnels. Certaines de ses marionnettes les plus connues répondent à des actualités contemporaines. En ce début du 21ième siècle, il introduit des personnages comme Osama bin Laden, Saddam Hussein, George Bush, faisant partie de sa « planète wayang » et, en 2006, il a créé de nouvelles figures de la montagne / l’arbre de vie, Gunungan Tsunami Aceh et Gunungan Harry Potter. La marionnette Barack Obama est apparue en 2008.

Ki Enthus Susmono compose de la nouvelle musique qui combine le gamelan traditionnel (orchestre de gong-chime) et des instruments de l’Ouest. Wayang Wali Sanga (Wayang des neuf saints, 2004-) explore les racines islamiques du wayang. Le Wayang Santri (Wayang pour les « Musulmans orthodoxes »), avec un accompagnement qui mêle percussion traditionnelle et chant, fut l’un de ses styles les plus populaires pour les années 2010 à 2012. Ces performances axées sur l’islam ont ouvert les portes de quelques pesantren (Écoles islamique) à ses spectacles de wayang contemporains. Alors que les personnages portent des tuniques blanches et des turbans comme signe du focus sur l’Islam, les scènes clownesque sont toujours remplies de marionnettes ivres, qui avalent par erreur leur propre urine et qui font du badinage sexuel.

En 2005, Ki Enthus a été consacré le meilleur dalang au Festival Wayang (à Taman Budaya) dans l’Est Java. En 2008, il a participé au Festival international Wayang de Bali. Il a souvent inclus des messages anti-drogues, protection HIV ou planning familial dans ses spectacles. Ses marionnettes ont été exposées à l’international au Musée d’art traditionnel de Santa Fe, États-Unis, 2010-2011) et au Tropen Museum à Amsterdam qui titrait son exposition ainsi : « Wayang Superstar : Le monde théâtral de Ki Enthus Susmono (2009) ».
(Voir Indonésie.)

Bibliographie