Troupe professionnelle de théâtre créée en 1985 à Abidjan (Côte-d’Ivoire) par Werewere Liking. Le Ki-Yi Mbock (« Connaissance ultime » dans la langue bassa) doit son nom au groupe Ki-Yi qui rassemble, dans une coopérative non subventionnée, des artistes de diverses nationalités, sculpteurs, danseurs, musiciens, chanteurs, chorégraphes, acteurs et marionnettistes, installé dans la villa Ki-Yi où sont également aménagés une galerie d’art et une salle de spectacle. Le village Ki-Yi M’Bock, Centre d’Échanges culturels est un lieu de recherches théâtrales et de création, basé sur le rituel.

Les artistes, femmes et hommes, utilisent aussi, dans ce complexe, les terrasses-jardins comme un lieu de scène où, environ deux fois par semaine, le groupe rencontre son public avec des spectacles de contes et de café-théâtre, suivis de diners de gastronomie africaine réalisés par le groupe lui-même. L’ensemble est centré sur une idée originale et moderne de représentation tout en essayant de fonctionner, aussi, sur le modèle traditionnel puisque des spectacles sont également donnés chez des particuliers à domicile, dans les rues ou sur une place de village, à l’occasion de mariages, de baptêmes, de funérailles ou de toutes autres cérémonies privées ou publiques. Le groupe, et l’ONG associée, prône une esthétique pan-africaine, et la fondation avec laquelle il est lié gèrent un site où plus de trois-cents jeunes gens de milieux défavorisés ont été éduqués aux arts et à la culture et certains ont entamés une carrière artistique internationale.

Le groupe utilise des marionnettes géantes habitables, en bois et habillées (voir Marionnette habitable). Celles-ci, dont certaines évoluent sur des échasses, sont, soit directement empruntées (utilisation d’authentiques marionnettes maliennes), soit inspirées des marionnettes du Mali. L’importance est donnée au mouvement, à la chorégraphie et à l’image, mais aussi à la voix humaine.

La notion du pouvoir absolu entre dans le processus créatif de ce théâtre : celui que peuvent exercer les dictateurs comme celui de Dieu, créateur des hommes. En effet, à l’instar de Dieu Chose, créé en 1987, de nombreux spectacles du théâtre Ki-Yi Mbock sont des satires politiques qui s’articulent autour de la notion de l’homme perçu comme une marionnette manipulée par celui qui détient le pouvoir et le prive de liberté. En 1988, la pièce écrite par Werewere Liking, Les Cloches, présentée au Festival mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières, faisait directement allusion à l’actualité politico-administrative en dénonçant la corruption de certains.

En 1990, le Ki-Yi Mbock adaptait Sunjata, l’épopée mandingue, en collaboration avec le théâtre d’ombres français d’Amoros et Augustin, enrichissant ainsi son support d’expression. Un Touareg s’est marié à une Pygmée (1992) explore des thèmes panafricains. Sogolon Kédjou (2006) exploite l’histoire de la mère d’un des plus grands empereurs africains qui a connu « la plus vilaine femme sur terre », avec une musique de Ray Lema, une texte de Zaidi Zaourou et un ensemble de vingt-cinq acteurs.

Le théâtre du Ki-Yi Mbock évolue aussi au gré des nouveaux artistes qui viennent intégrer la troupe au fil des années.

(Voir Côte-d’Ivoire.)

Bibliographie

  • Conteh-Morgan, John, and Irène Assiba d’Almeida, eds. “Translating Werewere Liking: Speaking Pictures, Seeing Words”. “The Original Explosion That Created Worlds”. Essays on Werewere Liking’s Art and Writings. (Francopolyphonies 8). Amsterdam/New York: Rodopi, 2010.
  • Hawkins, Peter. “Werewere Liking at the Villa Ki-Yi”. African Affairs. Vol. 90, No. 359 (April 1991), pp. 207-222. http://www.jstor.org/stable/722779. Accessed 12 June 2013.
  • Liking, Werewere. “Dieu Chose. L’expérience du Ki-Yi Mbock Théâtre d’Abidjan ou l’Ouverture sur la Marionnette humaine”. UNIMA-Informations. 1988.
  • Liking, Werewere. Statuettes peintes d’Afrique de l’Ouest. Marionnettes du Mali. “Traditions africaines” series. Paris: Nouvelles Éditions africaines/Arhis, 1987.
  • Mielly, Michelle. “Werewere Liking and the Aesthetics of Necessity: Re-Considering Culture and Development in Post-Colonial Africa”. http://www.southwestern.edu/academics/bwp/pdf/2003bwp-mielly.pdf. Accessed 11 juin 2013.