La République islamique du Pakistan (en ourdou : ‫اسلامی جمہوریۂ پاكستان‬‎, Islāmī Jumhūriyah-yi Pākistān), une nation d’Asie du Sud, partage ses frontières avec l’Inde à l’est, l’Afganistan à l’ouest, l’Iran au sud-ouest et la Chine à l’extrême nord-est. Avec la partition de l’Inde, à la veille d’obtenir son indépendance de l’empire anglais, le Pakistan a été créé en 1947 comme nation indépendante. Il a été formé par les régions à majorité musulmane à l’est et à l’ouest du sous-continent indien, devenant respectivement le Pakistan oriental et le Pakistan occidental. Après la guerre civile de 1971, la partie est du Pakistan, avec sa majorité de Bengalis, gagna, à son tour, son indépendance du Pakistan, formant un nouveau pays le Bangladesh.

Avant la création de l’État moderne du Pakistan, en 1947, les régions qui le composent faisaient partie de l’Inde où l’art de la marionnette existait depuis des siècles (voir Inde). De nombreux artistes originaires du centre du Rajasthan, du sud du Punjab et de la péninsule du Gujarat vivaient de leur pratique itinérante en famille. Le père manipulait, créait les voix des personnages et racontait l’histoire. La mère jouait des percussions (dholak), chantait ou créait les bruitages. Les enfants ou d’autres membres de la famille servaient d’assistants à la manipulation et éventuellement de choristes. Une personne âgée, souvent le grand-père, agissait comme narrateur. Pour vendre leurs prestations, les marionnettistes, habillés de couleurs vives et de turbans chatoyants, paradaient en chantant de ville en ville, de village en village, de porte à porte, leurs marionnettes à la main, prêts à improviser des harangues au public. De la sorte, ils obtenaient très facilement des promesses d’achat de leurs spectacles pour lesquels ils s’engageaient en laissant, en gage, une de leurs marionnettes. De plus, les rassemblements religieux, les carnavals (melas), les fêtes des moissons et les mariages donnaient lieu à des spectacles de marionnettes. Ils étaient l’occasion de grandes réjouissances qui réunissaient toutes les générations d’une même communauté : famille, amis, voisinage.

Ces performances de théâtre traditionnel de marionnettes avaient des similitudes avec les spectacles itinérants découverts au Rajasthan (Inde) et en Perse (Iran). Les marionnettistes étaient habituellement des gitans itinérants à qui on défendait de vendre leurs marionnettes à des étrangers, risquant l’expulsion de la tribu s’ils brisaient les secrets du groupe. Le répertoire était largement limité à Akbar Badsha ke Darbar Mein (La Cour de l’Empereur Akbar) pièce principale du spectacle regroupant musique, danse et présentation des thématiques via la comédie. La scène représente la cour de l’empereur moghol Akbar le Grand (1542-1605), avec deux de ses sujets Birbul et Mullah Do Piyaza présentés au travers de figures moins importantes. Les personnages principaux sont Patay Khan, un clown très astucieux et Gauhar Jan, une chanteuse-danseuse. Le premier est le chowkidar (gardien) qui agit, à la fois, comme hôte, commentateur et annonceur. Il présente le spectacle incluant vingt-cinq personnages, la plupart d’entre-eux étant des animaux ou de joyeux accessoires décoratifs. Ses allusions sexuelles et ses blagues sont destinées à un public rural et sont similaires à celles du personnage iranien de Mobarak. La prima donna du spectacle, Gauhar Jan, exhibe la variété colorée de ses costumes qui sont le signe distinctif de sa profession de chanteuse-danseuse. Ce personnage emprunte probablement le nom de la réputée artiste kathak Gauhar Jan (1893-1930) de l’Inde du nord qui devint la première artiste indienne à enregistrer ses chansons en 1902. L’autre marionnette protagoniste étant Akbar lui-même, demeurant assis, mais dont la tête, les yeux et la figure bougent marquant ainsi sa participation.

Le spectacle ne contient pas de décor et est présenté de façon traditionnelle – utilisant deux bases de lit de bambou (charpai) avec les draps servant de rideaux et de fond de scène. Derrière le cadre du lit se cachent les manipulateurs et la chanteuse-danseuse-musicienne. Les marionnettes sont faites de bois. Les costumes sont ornementés et on peut y déceler le rang du personnage selon le degré d’ornementation. Au travers du spectacle il y a de la comédie très crue, autant dans les dialogues que dans les aspects visuels. Cela plait au public rural et le public urbain n’hésitait pas à payer en monnaie afin de voir ces performances lorsqu’elles étaient présentées en ville. Depuis le début du XXe siècle, ces spectacles se firent plus rares, cependant il existe encore certains conteurs dans la zone rurale du Pakistan qui continuent d’utiliser les marionnettes dans leurs spectacles.

À partir de 1947, le nouveau gouvernement instaura une nouvelle politique et, spécialement durant l’ère de Zulfikar Ali Bhutto, dans les années 1970, toutes les pratiques traditionnelles, artistiques ou artisanales furent peu à peu mises à l’index. Une censure très rigoureuse découragea les artistes, laissant subsister seulement ceux qui étaient inféodés au pouvoir. La marionnette se trouva au bord de l’extinction.

Cependant, une renaissance dans l’art de la marionnette s’est opérée dans les années soixante avec le support du Conseil des Arts du Pakistan sous le leadership du poète révolutionnaire Faiz Ahmed Faiz qui épousa la cause du divertissement pour enfants et initia des spectacles de marionnettes à gaine au théâtre Alhambra de Lahore, d’abord dans des contes européens puis avec de nouvelles histoires écrites en ourdou (ou urdu), que Faiz écrivait quelque fois lui-même. Des marionnettistes tchèques sont venus au Pakistan dans les années soixante afin de former de jeunes artistes et, en 1964, la marionnette était présente à la télévision. La fille de Faiz, Salima Faiz Hashmi, qui devint une artiste notoire et importante du Collège national des Arts de Lahore, fut parmi les premiers membres de la troupe et plus tard s’associa avec Akkar Bakkar (Eeny Meeny), une émission de télévision populaire dans les années soixante-dix qui servit de base de formation pour d’autres marionnettistes. Le théâtre de marionnette du Conseil des Arts de Lahore fut ensuite dirigé par Samina Ahmed jusqu’en 1986, produisant les spectacles au Centre des Arts Alhambra. Avec le départ de Samina pour la télévision, les productions ont continué à l’Alhambra, mais les spectacles qui sont offerts chaque semaine pour un public d’enfants, ne sont plus élaborés dans le même esprit.

Punjak Lok Rahs (« Folkways », Lahore) est un théâtre engagé également fondé dans les années quatre-vingt ; il utilise le théâtre afin de promouvoir l’éducation et la société civile: une petite section se produit dans les rues et peut aborder les thèmes de la violence conjugale, les droits des femmes et d’autres enjeux. Ce groupe crée des ateliers en coopération avec des compagnies internationales, utilisant parfois la marionnette. Le Collège national des Arts (Lahore) a détenu aussi une petite société de marionnettistes. Le théâtre de Marionnettes du Conseil national des Arts du Pakistan (PNCA) à Rawalpindi a produit, dès 1975, des spectacles de marionnettes sous la direction de Shahid Toosi, qui a fondé le groupe avec l’aide du dernier Faqir Hussain Saga et Zulfikar Ahmed. History of Pakistan through Puppets (L’histoire du Pakistan au travers la marionnette, 1979) de PNCA utilise 200 personnages pour raconter l’histoire nationale qui constitue la partie préférée de son répertoire. Le groupe dépêcha des marionnettistes en Chine (1975, 1979) et en Pologne (1978) pour des formations. Il joue toutes les weekends pour le public.

La Compagnie privée de théâtre, Rafi Peer Theatre Workshop, de Faizaan Peerzada et ses frères, réunissant l’auteur-musicien Imran Peerzada, le directeur Saadaan Peerzada et d’autres membres. Elle fut fondée en 1974-1975, établie primitivement à Karachi puis à Lahore. Son complexe théâtre-musée se trouve à Lahore. Les fils du célèbre acteur Rafi Peer ont été initiés à la marionnette depuis leur jeune âge en compagnie d’autres membres de la famille. Le groupe a a promu le spectacle vivant de marionnettes et la médiation orientant ses œuvres vers le jeune public. La compagnie jouait deux fois par jour, en 1982, à l’Alliance française de Karachi. Le groupe expérimenta le mélange de différentes formes de marionnettes qu’il utilisait ensemble (tiges, fils, gaine et théâtre d’ombre). Le répertoire évolua de contes de fées vers des textes plus modernes tandis que le groupe développait l’éclairage, les accessoires et les décors qui devinrent aussi plus relevés ; des projecteurs furent utilisés. La comédie musicale d’Imran Peerzada Akbar Badshah ke Darbar Mein (Dans la Cour du Roi Akbar) est inspirée par le personnage du clown du théâtre traditionnel, Patay Khan. Bien qu’il soit officiellement un personnage mineur, il prétend être un personnage important. Cette comédie populaire a été présentée dans des festivals internationaux. Le projet le plus ambiteux de la compagnie visant à créer une version pakistanaise de Sesame Street, Sim Sim Hamara, a avorté en 2012 lorsque le budget donné par USAID a été retiré. Le groupe produit des évènements musicaux, des films, des expositions, des spectacles ; il accueille des festivals internationaux et exécute des tournées à l’étranger.

L’UNIMA-Pakistan a été fondée en 1993, avec Faizaan Peerzada comme premier président ; les groupes créateurs comprennent le Rafi Peer Theatre Woorkshop, le Rasheed Putli Group – tous deux à Lahore – et le PNCA Puppet Theatre à Rawalpindi. L’autre fondateur est Farooq Qaiser : un journaliste, auteur et acteur de la populaire émission de télévision Kaliyan dont le contenu politique et la satire plaisent aux enfants et aux adultes.

Bibliographie