Théâtre de marionnettes hongrois fondé en septembre 1949 à Budapest par la troupe de la Mesebarlang (Caverne des Contes). À l’époque des théâtres d’État, et à la différence de ce qui prévalait dans les autres pays communistes, il n’y avait, en Hongrie, qu’un seul théâtre professionnel en activité. Celui-ci était très influencé par le Théâtre central de Sergueï Obraztsov (voir Gosudarstvenny akademichesky tsentralny teatr kukol imeni S.V. Obraztsova), qui jouissait d’une renommée mondiale. Les grands succès de l’époque furent Sztárparádé (Star-Parade, 1951) de Dénes Kovács, Albert Vajda et Szilárd Darvas, Csodálatos kalucsni (Les Galoches du Bonheur, 1951), de Matveïev d’après Hans Christian Andersen, Szarvaskirály (Le Roi Cerf, 1951) de Jenő Heltai d’après Carlo Gozzi, New York, 42. utca (New York, 42e rue, 1953) de János Erdődy, Szerelmes istenek (Les Dieux amoureux, 1955) de Szilárd Darvas et Béla Gádor d’après la Galatée de Franz von Suppé.

La situation ne changea qu’au début des années soixante, quand, sous la direction de Dezső Szilágyi (b.1922), le théâtre devint institution nationale (il lui arriva de donner de 1 400 à 1 500 représentations à Budapest et dans tout le pays) afin de pallier l’absence durement ressentie d’un réseau national de compagnies. L’ancien music-hall et cabaret accueillit des spectacles d’une haute tenue artistique et littéraire. Il s’agissait surtout de pièces inspirées par le folklore hongrois et international, de contes dus à des auteurs hongrois, et d’adaptations théâtrales des grands récits et légendes du monde entier, destinés aux enfants et aux jeunes gens.

La programmation en direction des adultes fut marquée par Szentivánéji álom, une version pour marionnettes du Songe d’une Nuit d’Été (1964) de William Shakespeare ; suivie d’adaptations d’œuvres musicales de Béla Bartók, A fából faragott királyfi (Le Prince de Bois, 1965) et A csodálatos mandarin (Le Mandarin merveilleux, 1969) ; Petruska (Petrouchka, 1965) et A katona története (L’Histoire du Soldat, 1976) d’Igor Stravinsky ; puis Háry János (1972) d’après Zoltán Kodály. À côté de classiques hongrois (Mihály Vörösmarty, Sándor Petőfi, János Arany), les auteurs du XXe siècle se succédèrent : Samuel Beckett, Jelenet szöveg nélkül (Actes sans Paroles, I et II, 1966 et 1979) ; Słavomir Mrożek, Strip-tease (1966) ; Friedrich Dürrenmatt, Angyal szállt le Babilonban (Un Ange vient à Babylone, 1967) ; Benjamin Britten, A pagodák hercege (Le Prince des Pagodes, 1970). La tendance se confirma avec Diótörő (Casse-Noisettes, 1978) de Tchaïkovski, Az orr (Le Nez, 1979) de Nikolaï Gogol, A tűzmadár (L’Oiseau de Feu, 1982) de Stravinsky, Pedro mester bábszínháza (Le Retable de Maître Pierre, 1982) de Manuel de Falla, et par Ubu roi d’Alfred Jarry.

À partir de 1971, le théâtre joua place Jokái à Budapest en attendant la rénovation totale de son ancienne salle, achevée en 1976, mais le site provisoire fut conservé comme atelier-théâtre, et centre de formation pour marionnettistes.

Dès le début des années soixante-dix, l’Állami Bábszínház entama une carrière internationale et atteignit rapidement le niveau européen d’excellence. Dezső Szilágyi le dirigea de 1958 à 1992.

Le Théâtre d’État, dissous en 1992, poursuivit cependant ses activités en tant que Budapest Bábszínház (Théâtre de Marionnettes de Budapest), tandis que l’atelier-théâtre de la place Jókai passait au théâtre Kolibri.

(Voir Hongrie.)

Bibliographie

  • Balogh, Géza, ed. Bábszínház 1949-1999 [Théâtre de Marionnettes 1949-1999], avec une étude de Péter Molnár Gál. Budapest, 2000.
  • Selmeczi, Elek. Világhóditó bábok [Les Marionnettes à la Conquête du Monde]. Budapest, 1986.
  • Szilágyi, Dezső, ed. A mai magyar bábszínház [Le Théâtre de Marionnettes hongrois actuel]. Budapest: Corvina Kiadó, 1978.