L’État multiethnique du Pérou (en espagnol : Perú ; en quechua : Piruw ; en aymará Piruw) officiellement, République du Pérou (en espagnol República del Perú) est situé à l’est de l’Amérique du Sud et a pour voisins l’Équateur, la Columbie, le Brésil, la Bolivie, le Chili, et l’Océan Pacifique. Avant la conquête et la colonisation par l’empire espagnol au 16e siècle, le territoire péruvien était le foyer d’anciennes cultures et civilisations dont l’empire Inca. L’indépendance par rapport à l’Espagne a été déclarée en 1821 (voir Amérique latine).

On peut sans doute retrouver la trace des plus anciennes marionnettes péruviennes dans la culture des Anakurus, qui selon la croyance populaire, bien avant l’époque des Incas (XVe siècle), vivaient dispersés à travers le territoire et ne se réunissaient qu’occasionnellement pour célébrer ensemble leurs fêtes. Des marionnettes confectionnées avec des fibres, de la laine et des fils étaient alors utilisées au cours de ces rituels religieux, prières publiques, guérisons et autres cérémonies initiatiques. De même, on a mis au jour parmi les restes de la culture de Cháncay (XIIIe siècle), dans les tombes d’enfants, de petites figures de glaise, appelées cuchimilcos. Au Pérou comme ailleurs dans le nouveau monde, les arts de la scène sont marqués par la rencontre entre les cultures locales et celles des conquérants. 
Le Pérou colonialC’est à Lima, capitale de la vice-royauté du Pérou, que le théâtre et plus particulièrement l’art de la marionnette se développèrent dès la fin du XVIe siècle. On peut ainsi retrouver la trace d’un spectacle payant appelé « château des merveilles » organisé par une compagnie constituée en juillet 1597. Les scènes représentées à l’intérieur de petits châteaux de bois pouvaient être profanes mais aussi sacrées et tirées des évangiles comme celles que l’on put voir, en 1629, dans des monastères franciscains à l’occasion de la canonisation de vingt-trois martyrs de cet ordre monastique en 1629. Au XVIIe siècle, Doña Leonor de Gondomar se rendit célèbre avec ses spectacles que le vice-roi Virrey Conde de la Monclova en personne autorisa.

Apprécié du public pour sa fraicheur et sa nouveauté, le théâtre de marionnettes dans la Lima coloniale s’épanouit alors que les spectacles dramatiques usuels connaissaient un certain déclin. En 1699 furent représentées par une Espagnole, Doña Leonor de Gondamar, au collège de San Agustín des comédies avec des marionnettes géantes appelées alors maquinas réales (machines réelles) en raison de leur complexité ou de leur ressemblance avec des automates. En 1761, le Théâtre de la Fraternité de l’hôpital de San Andrés (Hermandad del Hospital de San Andrés) fut même rénové afin d’accueillir des spectacles de marionnettes. Parmi les figures marquantes de cet art de plus en plus florissant, on peut mentionner le cas d’un certain Pascual Calderón, personnage pittoresque et entreprenant, à la fois marionnettiste et acrobate, ou encore celui d’Ignacio Cantos, qui tous deux reçurent du juge l’autorisation de présenter leurs spectacles dans la rue, ce qui leur valut un succès croissant auprès du petit peuple de Lima.
Les XIXe, XXe et XXIe sièclesDans une certaine mesure, le théâtre de marionnettes péruvien était une reproduction plus ou moins fidèle du retablillo (petit retable) répandu en Espagne, mais ce croisement culturel donna naissance à de nouveaux personnages, histoires et troupes créant  des oeuvres avec une énergie renouvelée et un style inspirés des traditions culturelles. Il faut à cet égard mentionner le rôle que joua au XIXe siècle Manuel Valdivieso (« Ño » Valdivieso, né en 1828). Créateur de ses farces, très habile manipulateur, cet homme d’origine humble fut à l’origine de plus trois-cents personnages populaires parmi lesquels Don Silverio, Mamá Gerundia ou Chocolatito.

Quant à Manuel Feliciano de la Torre (1897-1953), il était connu sous le nom d’ 

« Amadeo de la Torre, le Marionnettiste ». Également peintre et sculpteur, il créa des personnages créoles typiques comme María Barriendo, le Nègre Betún, Don Lunes, le Chinois fumeur, l’Homme de la Rue, Cholo Timoteo, l’Ivrogne numéro 1. Il fonda son premier théâtre de marionnettes en 1933 et présenta ses spectacles dans tout le pays pendant vingt ans.

Dans les années quarante, l’art de la marionnette se développa tout particulièrement dans la région de Cuzco à l’occasion des fêtes de la Santísima Cruz et de la Vierge de la Nativité, ainsi que pendant la Fête-Dieu. Des autels étaient dressés dans les rues, tandis que des marionnettistes autochtones ou espagnols étaient embauchés pour « égayer les cérémonies ». Parmi ceux-ci, Velasco qui était marionnettiste de puis son enfance; au début il fabriquait ses marionnettes en papier et, ultérieurement, avec tous les matériaux qui lui tombaient sous la main. D’autres marionnettistes agrémentaient ces cérémonies : Zamata, Germán Ramítez et Castañeda notamment.

Cependant, il existait aussi dans cette région, issues des très anciennes pratiques indiennes, des marionnettes à fils rudimentaires fabriquées avec de la glaise, utilisées dans des danses, appelées chukchos, imitant les convulsions des malades atteints de paludisme. Des marionnettes médecins dansantes tentaient de calmer le malade à l’aide de seringues et en jetant des draps sur eux. D’autres danses incluant les danses majeños représentaient des muletiers ivres, la bouteille à la main, qui apportaient du vin à Majes. Les marionnettes étaient également employées par les Indiens lors de cérémonies d’adoration du Soleil, encore pratiquées aujourd’hui, inspirées de la fête de l’Inti Raymi.

Il n’y avait aucune violence dans les marionnettes de Cuzco; elles dansaient et tombaient amoureuses. Les seules marionnettes parlantes étaient les shikilas: des personnages au caractère coincé, avocats, lieutenants, juges, le nez en l’air, portant haut-de-forme et redingote. Traditionnellement, l’un d’entre eux portait un livre dans lequel figuraient les lois absurdes du pays. A un moment particulier de la danse, le juriste accusait un des spectateurs d’avoir commis un crime, généralement un acte absurde et simple; une scène de tribunal se déroulait ensuite incluant le public et les marionnettes avec le développement d’une défense et l’énoncé d’une sentence.

Parmi les artistes qui se distinguèrent à cette époque, il faut mentionner Manuel Beltroy et son théâtre de Marionnettes d’Art, Títeres de Arte, entre 1945 et 1965 ou encore Emilio Bobbio Alejos, avec son Teatro de Títeres Santa Claus (Théâtre Santa Claus), ses marionnettes d’une finition parfaite et ses très belles mises en scène de contes et légendes du Pérou ainsi que de certains classiques de la littérature pour enfants.

Durant ces années fastes, le théâtre de marionnettes s’enrichit de nouvelles troupes et d’artistes de talent tels que José Solari Hermosilla qui parcourut avec sa compagnie le Canada, les États-Unis, l’Amérique centrale, les Caraïbes et travailla pendant vingt ans au Teatro Nacional de Guiñol (Théâtre national de Guignol) de Cuba. À sa mort en 1987, c’est Felipe Rivas Mendo (né en 1940) qui hérita de ses marionnettes et de  son matériel.

Outre Lima et Cuzco, la ville d’Arequipa eut également sa tradition, portée par des marionnettistes comme Víctor Montesinos Aliaga, initié à cet art en 1921, et Adela Pardo de Belaunde à la tête de son Teatro de Títeres « Petrouschka » (Théâtre Petrushka) depuis 1956.

Parmi les nombreux groupes et créateurs péruviens, mentionnons le Teatro de Títeres Cajamarca (Théâtre de marionnettes Cajamarca), compagnie fondée en 1895 par José Santos Taica qui, avec plus de cent ans d’existence, est la doyenne des troupes péruviennes. Elle est formée par la famille Taica et elle est actuellement dirigée par Rafael Taica, représentant de la troisième génération. En 2011, la famille inaugura le Musée de la Marionnette Manuel Nicamor Taica à Cajamarca (en l’honneur du fils de José Santos Taica) rassemblant des collections de marionnettes de la famille. D’autres acteurs importants de la scène contemporaine sont Marcela Marroquín Osorio et ses Marionetas Marroquín, fondé à Lima en 1952 ; Felipe Rivas Mendo et sa compagnie de marionnettes Teatro de Titeres Pinocho fondée en 1961, la troupe Kusi Kusi Teatro de Títeres, fondée en 1963 à Lima par Victoria Morales et Gastón Aramayo, le groupe Antarita (ou Centro de Teatro de Títeres y Cultura “Antarita”) créée à Huacho en 1976 et dirigée par Mario Enrique Herrera Asin, le théâtre Paco Yunque (ou Teatro de Títeres Paco Yunque) fondé à Arequipa en 1974 par José Borja Salinas qui dirigea la compagnie, Amigos de Chiclayo, fondé en 1976 et dirigé par Azucena Arrasco ou encore La Tarumba, groupe de théâtre, mime et marionnettes fondé à Lima en 1984 et dirigé par Fernando Cevallos.

Parmi les compagnies apparues dans les années quatre-vingt-dix ou plus récentes, il faut signaler le Teatro Hugo & Ines fondé à Lima en 1986 par Ines Pasuc et Hugo Suárez et El Botón-Títeres fondé en 1992 dans la ville de Trujillo, par Carlos Benites y Cesar Gutiérrez.

En 2002, fut créé l’UNIMA-Pérou, sous la présidence de María Teresa Roca, fondatrice, en 1989, de la Compagnie de marionnettes Madero, Madero Grupo de Teatro, qui aborde des thèmes sociaux, relatifs aux droits de l’enfant ainsi qu’à la défense de l’environnement.