Marionnettes traditionnelles de l’Alentejo, dans le sud du Portugal, peut-être originaires du village qui leur a donné son nom. La représentation a lieu sur une petite scène (retábulo) en bois dont l’ouverture est tendue d’un double rideau de ficelles verticales destiné à empêcher la vue des tringles soutenant les marionnettes et à protéger celles-ci d’éventuelles réactions du public. Les manipulateurs se tiennent sur les côtés, montés sur les caisses servant au transport des marionnettes et cachés par un rideau de coton de couleur (chita). Les décors, en carton, sont peints et l’éclairage est composé de chandelles d’huile d’olive. Les marionnettes à tringle, en bois et en liège, mesurent entre 20 et 40 centimètres, et sont manipulées par le haut, individuellement ou en groupe, comme celles du sud de l’Italie et du nord de l’Europe. Elles sont accompagnées par une guitare portugaise.

Le répertoire se compose des pièces de la tradition séculaire essentiellement religieuse, mais aussi de la littérature de colportage. La représentation commence toujours avec le Baile dos anjinhos (Bal des Angelots) ou Contradança (Contre-danse). Les figures charismatiques sont le Padre Chanca (un prêtre) et le Mestre-Salas (maitre de cérémonies), qui, selon la tradition, tient un gourdin dont il frappe ou caresse le Padre pendant son sermon.

Le témoignage le plus ancien date de la fin du XVIIIe siècle, quand, à Vila Viçosa, un vrai prêtre réagit au sermon du Padre Chanca en condamnant toutes les marionnettes au bucher. Les marionnettes telles qu’on les connait aujourd’hui et telles qu’elles ont été popularisées par le musicologue Michel Giacometti (1929-1990) et l’historien Henrique Delgado (1938-1971) dès 1967, trouvent leur origine au milieu du XIXe siècle. Les textes furent créés ou réélaborés et transmis oralement dans la dynastie des Nepomuceno. Les marionnettes se transmirent pareillement, jusqu’à ce qu’elles parviennent à Manuel Jaleca, par sa femme, Antónia Maria Tapadas, « la Marionnettiste » (1894-1981).

La troupe parcourait la région du haut Alentejo dans une charrette tirée par un mulet, jouant généralement dans une grange ou dans un cellier. Manuel Jaleca (1893-1976), en collaboration avec António Talhinhas (1909-2001), reprit la tradition et finit par lui acheter tout le matériel. Après la mort de Jaleca, l’Assemblée du district d’Évora acquit son héritage et le confia au Centro Cultural/Centro Dramático de Évora (CCE/CENDREV), qui dès 1980, avec Talhinhas lui-même, créa une nouvelle famille d’acteurs professionnels. Une recherche a été entreprise par Alexandro Passos (mort en 2007) qui, dans une première étape menée avec Manuel da Costa Dias, établit une compilation du répertoire. Grâce à la création d’une nouvelle « famille » de Bonecos, la poursuite de la tradition est assurée par les acteurs et compagnies : Ana Meira, Gil Salgueiro Nave, Isabel Bilou, José Russo et Victor Zambujo.

(Voir Portugal.)

Bibliographie

  • Autos, passos e bailinhos: os textos dos Bonecos de Santo Aleixo. Eds. Christine Zurbach, José Alberto Ferreira, Paula Seixas. Évora: Casa do Sul: Centro Dramático de Évora: Centro de História da Arte da Universidade, 2007.
  • Bonecos de Santo Aleixo. Lisboa: Fundação Calouste Gulbenkian, 1998.
  • Bonecos de Santo Aleixo. Títeres tradicionais do Alentejo. Évora: Teatro Garcia de Resende, 2001.
  • Delgado, Henrique. “Marionetas no Alentejo: herança da Idade Média”. Flama. 7 avril 1967.
  • Giacometti, Michel. Bonecos de Santo Aleixo. Auto do Nascimento do Menino Jesus. Vol. 2. Strauss, Portugal Som Discoteca Básica nacional, Projecto discográfico do Ministério da Cultura, 2000.
  • Passos, Alexandre. Bonecos de Santo Aleixo: a sua (Im)possivel História: as marionetas em Portugal nos séculos XVI a XVIII e a sua influência nos Títeres Alentejanos. Évora: Cendrev, 1999.
  • Vieira, Luís. “Marioneta, títere, fantoche, roberto, bonifrate, bonecro . . .” Museu da Marioneta. Catálogo. Lisbonne: Museu da Marioneta/EGEAC, 2005.