Théâtre d’ombres du Maharashtra, à l’ouest de l’Inde. En langue marathi, bahulya signifie figurine et chamdyacha (ou chamadyacha), cuir. Le village de Pinguli, à la frontière de l’État du Maharashtra, de Goa et du Karnataka, est renommé pour l’activité de ses montreurs qui appartiennent à la communauté des Thakur/Thakar Adivasi, dont les hommes sont surtout pêcheurs mais aussi cultivateurs. Dans chaque groupe, un manipulateur-conteur assisté par un aide est soutenu par deux musiciens, respectivement joueur de dholak et de pakawatch (tambours à deux peaux) et joueur de jodiwala et wata, instruments à vent. Tous deux sont aussi chanteurs.

Un ensemble complet comprend soixante-cinq figurines, taillées dans du cuir de buffle, translucide, coloré, sans perforation ni articulation sauf quelquefois un seul bras mobile fixé au corps de la figurine par un boulon de cuir. Une tige de bois ou de bambou traverse verticalement la figurine. Le manipulateur, assis sur ses talons, saisit cette tige de la main gauche et fait osciller le bras ou le corps tout entier en lui imprimant de petits chocs latéraux de la main droite. Les plus grandes figurines mesurent 35 centimètres de haut et les plus petites, 11 centimètres. Les personnages de rois et de dieux, dessinés dans le style moghol, portent des moustaches, des barbes et des pantalons bouffants.

Un spectacle commence généralement par la figurine du danseur qui évolue à la cour du dieu Indra. Paraît ensuite la figurine de Haridas, le narrateur qui commence l’histoire en langue marathi. Les scènes du Râmâyana de Valmiki ainsi que celle du Panchavati (histoire de Draupadî) et les épisodes du Ravaan badha (la défaite de Râvana) chantées par le manipulateur principal en langue tamil ou kannada (deux langues du sud de l’Inde) sont reprises en dialogues par les musiciens.

Une scène permanente maintenue dans le village se démultiplie au moment des fêtes religieuses, des grands retours de pêche ou des moissons, autour des temples ou des endroits sanctuarisés. L’écran de coton blanc mesure 6 mètres de long sur 3 mètres de haut. Son extrémité inférieure repose sur le sol.

Actuellement, il existe des troupes et des familles de marionnettistes traditionnels qui interprètent le chamdyacha bahulya, dont certains sont des maîtres reconnus au sein de leur communauté, et parfois sur le plan national, pour leur contribution à l’art de la marionnette.

(Voir Inde, Sangeet Natak Akademi Awards pour la marionnette.)