Roi-démon de la mythologie indienne, personnage du théâtre d’ombres et du théâtre de marionnettes. Souverain du royaume de Lânka (aujourd’hui Sri Lânka), Râvana fait partie de la nécessaire cohorte des raksasa ou démons, pour les Indiens, persuadés du bien-fondé du chaos générateur de vie. Il joue un rôle important dans le Râmâyana.

Ce démon aux dix têtes couronnées et aux vingt bras combattants (symbolisant son extraordinaire intelligence, ses talents et son pouvoir) couverts de cicatrices d’or, trace des blessures infligées par les dieux, possède une certaine beauté lorsqu’il manipule ses nombreuses lances et épées. Râvana est un puissant dévôt de Shiva. Ses pouvoirs intellectuels et spirituels sont considérés avec respect par les dieux. Les Indiens le considèrent comme un être de grande intelligence, très puissant, capable de prouesses et ayant de nombreux talents. Un architecte exceptionnel car il fait construire le palais et les jardins d’Ashoka, des réalisations extraordinaires dans son royaume de Lanka, tous deux fameux pour leur beauté et leur agencement, même à Indraloka (Paradis). Certains le reconnaissent comme un grand chanteur et musicien. Dans le Rajasthan, une sorte de vielle porte son nom : le ravanhatha, muni de nombreuses cordes en crin de cheval. Les bhopas ou conteurs traditionnels Rajasthani jouent du ravanhatha comme d’un violon. La légende raconte que le ravanhatha a été créé lorsque les mains coupées de Râvana sont tombées sur la terre, provoquant la pousse de bambous, qui furent utilisés pour construire l’instrument.

Il symbolise encore la force sexuelle. La traduction de son nom est : « celui qui fait hurler les mondes » ou « celui qui fait hennir les juments », en rapport avec le sacrifice du cheval (ashvamedha) basé sur l’union mythique du bateau royal et du cheval.

Les figurines de théâtre d’ombres le représentent avec ses dix têtes placées horizontalement, mais rarement avec ses vingt bras, à l’exception du râvanachhaya (« l’Ombre de Râvana ») où le contour de ses bras dessine une sorte de feston autour du corps. À cause de l’espace occupé par les dix têtes, il n’est jamais montré de profil dans le théâtre d’ombres. Certaines marionnettes portent elles aussi les dix têtes. Râvana, personnage convulsif mais aussi figure désirante, hurle, rugit ou chante. C’est pourquoi le meilleur vocaliste des ensembles de yakshagana gombeyata lui prête sa voix.

(Voir Inde, Râma, Sîtâ.)