Le Théâtre central de Marionnettes de Sofia, fondé en 1946, en Bulgarie. L’actrice Mara Penkova, en collaboration avec plusieurs de ses collègues artistes, L. Boyadjieva, Al. Seykov, D. Videnova, ont mis sur pied, avec elle à la direction, une première compagnie appelée Kolektiven kuklen teatur (Théâtre collectif de Marionnettes). Ils créent et diffusent leur premier spectacle le 21 avril 1946. Cette production intitulée Tatuncho i Zmeyat (Le Père et le Serpent) est suivie par Malkata Lilyanka (La petite Lilyanka). Ces deux spectacles mettent en scène, pour la première fois, les personnages Hopcho et Tropcho. En 1948, le théâtre est rebaptisé Naroden kuklen teatur (Théâtre populaire de Marionnettes).

Rapidement, de nouveaux artistes se joignent à Mara Penkova et à ses collègues fondateurs : Atanas Ilkov (acteur et musicien), S. Visonov, P. Manchev, L. Docheva (metteur en scène), Milka Nacheva (scénographe), Eugen Fabiany, et plus tard, Sl. Racheva, B. Miteva et d’autres. Cette équipe articule et établit les orientations artistiques de la compagnie. Mara Penkova est l’actrice et marionnettiste principale du théâtre tout en étant responsable de la formation des acteurs. Pendant les années où les budgets étaient au plus bas, elle finance elle-même le fonctionnement de la compagnie. Étudiante de Sergueï Obraztsvov, elle joue d’abord dans des pièces russes et bulgares. En 1948, l’État bulgare subventionne le théâtre pour la première fois et celle-ci devient la plus importante compagnie théâtrale de la Bulgarie. Depuis sa fondation, le théâtre, renommé Stolichen kuklen teatur (Théâtre central de Marionnettes de Sofia), conçoit, réalise et joue plus de 300 pièces.

En 1958, un événement majeur détermine une nouvelle ère artistique pour la compagnie. C’est sa participation au premier Festival international de la Marionnette à Bucarest. Mara Penkova est absente de cet événement ; très malade, elle succombera en 1959. Les nouvelles productions de cette époque tranchent radicalement du naturalisme autrefois privilégié par les artistes créateurs. Ces spectacles incluent, entre autres : Zaeshko Uchilishte (L’École des Lapins) de P. Manchev, mis en scène par L. Docheva et dont la scénographie est signée par I. Licheva ; Petya i Vulkat (Pierre et le Loup), sur la musique de Sergueï Prokofiev, mis en scène par Atenas Ilkov et Nikolina Georgieva,  scénographié par Ivan Tzonev et L. Angelova. Cette production a été ovationnée au deuxième Festival international de Théâtre de Marionnettes de Bucarest en 1960. Elle reçoit également la Médaille d’Or de l’« Originalité et de l’Imagination ». En 1962,Docheva met en scène Pepeliashka (Cendrillon).

Toujours en 1962, un nouvel événement marque l’histoire du Théâtre central de Marionnettes de Sofia : la production de spectacles pour adultes. A. Vegenstein écrit Sukrovishteto na Silvester (Le trésor de Sylvestre), mis en scène par Atenas Ilkov et mis en image par Ivan Tzonev. La présence du poète et dramaturge Ivan Teofilov est décisive car il participe à la création de nombreux spectacles importants : Tchasovnikariat (L’Horloger, 1965) mise en scène par L. Docheva et remarquée par son aspect visuel frappant (Prix spécial de l’UNIMA pour son humanisme) ; Krali Marko (Le Roi Marko, 1967) dont Ivan Teofilov fait la mise en scène et signe la scénographie avec Ivan Tzonev. Dans les années 1960 et 1970, les pièces les plus populaires incluent : Pinokio (Pinnochio, 1968) ; Mizantrop (Le Misanthrope, 1968) de Molière, mis en scène par L. Groiss ; Dekameron (Le Décameron, 1972) inspiré de l’œuvre de Boccace ; Za printsesata i grahovoto zurno i Za edna obiknovena Shapchits Chervena (Au sujet de la Princesse au petit pois et d’un Petit Chaperon Rouge très ordinaire, 1975) mis en scène par Atenas Ilkov.

Pendant les années 1980-1991, les scénographes I. Hadjieva, Maya Petrova et A. Poulieva ainsi que les compositeurs M. Ivanov-Mecho et P. Tzankov contribuent à moderniser l’image du Théâtre central de Marionnettes de Sofia.

Ce souffle de nouveauté est d’abord apporté par Yana Tzankova qui met en scène une adaptation du « grand classique » Ragazza de Stanislav Stratiev et la Princesata i ehoto (La Princesse et l’écho) de V. Pospishilova. Kiriakos Argyropoulos réussit à renouveller avec succès les formes du théâtre de marionnettes dans la production Chetiri prikazki za edin zmei (Les quatre Légendes d’un Dragon) de M. Mashatova. En 1988, un autre spectacle produit un effet retentissant : Lamiata ot ulica Voyteshka (Le Dragon de la rue Voiteschka) de Karel Čapek et mis en scène par Slavcho Malenov. Celui-ci utilise la marionnette à fils pour la première fois dans l’histoire de la compagnie. Quelques autres productions sont marquantes pour le Théâtre et pour le public : Buryata (La Tempête, 1987) et Makbet (Macbeth, 1996) de William Shakespeare. En 1997,

Le Théâtre central de Marionnettes de Sofia présente les pièces légendaires de théâtre d’ombres de Nikolina Georgieva : Karnaval na Jivotnite (Le Carnaval des Animaux) et Kartini ot edna izlozhba (Tableaux d’une Exposition). La compagnie est également célèbre pour son spectacle Princesata i grahovoto zarno (La princesse au petit pois) qui, pendant plus de trente années, fait la joie du public.

Actuellement, trois générations d’acteurs, d’artistes, jouent et collaborent aux spectacles du Théâtre central de Marionnettes de Sofia. La compagnie est devenue très populaire à l’étranger, surtout au Mexique, en Indes, au Japon, en Corée du Sud et ailleurs. Elle reçoit de nombreux prix de festivals nationaux et internationaux.

(Voir Bulgarie.)