La République d’Arménie (en arménien: Հայաստանի Հանրապետություն, Hayastani Hanrapetut’yun) est un pays montagneux dans le sud du Caucase, aux confins de l’Europe et de l’Asie ; il est voisin de la Turquie, la Géorgie, l’Azerbaïdjan, et l’Iran. L’Arménie est l’une des nations les plus anciennes du monde et ses traditions théâtrales sont, elles-mêmes, très anciennes; les festivals folkloriques ont, très tôt, été accompagnés de rituels et de jeux païens. On trouve mention de la venue d’acteurs itinérants, les gusan, dans des sources remontant au Ier siècle av. J.-C. Des actrices-mimes (acteurs-mimes?) appelées vardzak se produisaient avec des masques, dont les plus intéressants représentaient des loups-garous et avaient deux faces réversibles.

Plus récemment, la culture arménienne a été fortement influencée par les dominations turque et iranienne des XVIIe et XVIIIe siècles. Cela explique la large part accordée au théâtre d’ombres et au personnage de Karagöz, qui s’est progressivement adapté à la culture locale et a pris des traits ethniques arméniens. Sous sa forme marionnette à gaine, qui est montrée dans les rues, ce personnage a pris le nom de Karapet.

En 1920, l’Arménie fut intégrée à l’Union soviétique. Ce changement de régime s’est ressenti tout autant administrativement qu’esthétiquement dans les théâtres nationaux qui furent créés à partir de la fin des années vingt, en Arménie comme dans le reste de la fédération. Le plus grand de ces théâtres était le Théâtre national arménien Hovhannes Toumanyan – officiellement, Théâtre national arménien de Marionnettes – qui a ultérieurement pris le  nom de Hovhannes Tumanyan (Yerevani Hovhannes T’umanyani anvan Petakan Tiknikayin T’atron ; en arménien : Երևանի Հովհաննես Թումանյանի անվան Պետական Տիկնիկային Թատրոն). Ce théâtre, ouvert en 1935 à Erevan, a pris le nom du poète national arménien en 1938. Les fondateurs étaient l’artiste Sofia Bejanyan, le peintre Gevorg Arakelyan, les acteurs Pavlos Boroyan et Araqsya Arabyan. Le premier directeur fut Varya Stepanyan. Parmi les premiers spectacles, on trouve Vilain Petik et Le Chien et le Chat. En 1937, le théâtre a participé au Festival de Théâtres de Marionnettes de toute l’Union soviétique à Moscou et y a présenté Le Maitre et le Serviteur de Tumanyan qui lui permit de gagner le deuxième prix.

Un autre théâtre, également créé en 1935, était le Théâtre d’État de Leninakan (aujourd’hui Théâtre de Marionnettes Gyumri, Gyumri Tiknikayin T’atron, en arménien: Գյումրի Տիկնիկային թատրոն). Le répertoire était orienté vers les enfants et entendait favoriser l’éducation plutôt que les innovations esthétiques. Des contes de fées arméniens écrits par l’auteur Hovhannes Tumanyan tels que Gikor, Le Chien et le Chat, Garnuk Akhper,  Le czar Chakh-chakh, des oeuvres d’Agayan Aregnazan dont Le Roseau sauvage ou d’autres écrivains arméniens constituaient le répertoire des théâtres de marionnettes.

Pourtant leur fondation aboutit à une professionnalisation du milieu de la marionnette et à la promotion d’un répertoire classique reprenant des oeuvres nationales et internationales d’auteurs tels que : Alexandre Pouchkine, Anton Tchekhov, Léon Tolstoï, Evgeny Shvarts Yevgeny Schwartz, Nina Guernet, William Shakespeare, Jonathan Swift, Cervantès, Hans Christian Andersen, Mark Twain, Carlo Gozzi …

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le théâtre Hovhannes Toumanyan monta des spectacles patriotiques inspirés du folklore national et quelques pièces satiriques de propagande (Hitler au Zoo, 1942).

Après 1945, les compagnies furent contraintes de suivre un développement parallèle au théâtre de Sergueï Obraztsov (voir Gosudarstvenny akademichesky tsentralny teatr kukol imeni S.V. Obraztsova, Russie). C’est ainsi que, jusqu’aux années cinquante, seules les marionnettes à gaine et marionnettes à tiges étaient utilisées, et il fallut attendre les années soixante pour que la scène arménienne se modernise, influencée par les festivals internationaux et notamment par le renouveau des marionnettes roumaines (voir Roumanie). Au théâtre Hovhannes Toumanyan, grâce au directeur Yervand Manarian, les décors et les intrigues d’Aramais Sargsian, poétiques et abstraits, succédèrent aux mises en scène académiques avec des marionnettes naturalistes. C’est également à cette époque que furent employés de nouveaux matériaux (nouveaux en URSS tout du moins), tels que le caoutchouc mousse (Monsieur Tornade, 1966 ; Vieux Lucove, 1966 ; L’Apprenti Sorcier, 1969 ; L’Amour des trois Oranges, 1972).

En 1975, le déménagement du théâtre Hovhannes Toumanyan pour un bâtiment plus spacieux, doté de deux scènes (salles de respectivement 350 et 100 sièges) encouragea l’expérimentation : Mania Aslanian, par exemple, donna, en soliste, un spectacle inspiré du mythe grec de Galatée  (Belle Galatée, 1976).

Au coeur du théâtre Hovhannes Tumanyan  se trouve un musée de l’art de la marionnette créé en 1977 par l’acteur et collectionneur Pavlos Boroian.

Plusieurs compagnies municipales furent constituées dans les années quatre-vingt, avec le soutien de Yervand Manarian, scénariste de cinéma, écrivain de théâtre et acteur, qui fut le directeur artistique du théâtre Hovhannes Toumanyan.

En 1987, fut fondé le Théâtre national de Marionnettes à Fils d’Erevan. Le point de départ était un atelier de l’Académie des Arts du Théâtre de Saint-Pétersbourg. L’un des anciens étudiants, Mnatsagan Piloian, en prit la direction et mit en scène, dans un style intimiste, des spectacles de marionnettes à fils pour adultes, tels que La Vieille Cour (1995), Paradjanov (1996), et Tamasha du Caucase (1999).

Au début du XXIe siècle, il y avait quatre théâtres nationaux en Arménie, deux à Erevan, un  à Gumri et le dernier à Vanadzor. Il existe, en outre, une vingtaine de compagnies privées, parmi lesquelles le théâtre Agulis, dirigé par Ervand Manaryan ; le Théâtre de Marionnettes, dirigé par Armen Safaryan et abritant le centre UNIMA local ; et quelques théâtres intéressants à Goris, Sevan et Charentsavan. Tous furent fondés après l’indépendance de l’Arménie en 1991. Ils s’adressent exclusivement aux enfants. Seuls le théâtre Hovhannes Toumanyan et le Théâtre national de Marionnettes ont adapté leur répertoire aux adultes.