Compagnie de marionnettes géantes américaine fondée en 1963 à New York par Peter Schumann. Peter Schumann (Lübben, Allemagne, 1934) est né dans une famille que fréquentait le marionnettiste Max Jacob. Bien qu’il ait très tôt pratiqué la sculpture, son intérêt central était la danse. Ses parents émigrèrent en 1961 aux États-Unis et baignèrent bientôt dans le milieu artistique new-yorkais. Un spectacle de marionnettes siciliennes (voir Pupi) lors du Puppeteers of America Festival en 1963, lui donna l’idée de marionnettes et de masques de grandes dimensions en tissu imprégné de résine (Celastic). Ceux-ci, qui devinrent le trait distinctif du Bread and Puppet, apparurent pour la première fois dans les manifestations contre la guerre du Viêt-Nam en 1965. Une pièce politique créée l’année suivante, Fire, valut à la compagnie un Obie Award catégorie off-Broadway. À partir de 1968 et de sa tournée européenne, le Bread and Puppet, avec plus de 60 œuvres à son actif dès 1970, était reconnu internationalement.

La résidence dans le Vermont

Le Bread and Puppet fut accueilli en résidence par le Goddard College dans le Vermont. Grey Lady Cantata (Cantate de la dame grise, 1967), Cry of the People for Meat (Le Cri du peuple affamé, 1969), Washerwoman Cantata (Cantate de la blanchisseuse, 1979), Diagonal Man (L’Homme diagonal, 1982), Ah! The Door (Ah, la porte, 1984), The Insurrection Mass with Funeral March for a Rotten Idea (Soulèvement de masse avec marche funèbre pour une idée vermoulue, 2002), et des dizaines d’autres œuvres continuèrent à voir le jour, mêlant imageries liturgique, politique, poétique et picturale accompagnées par une musique de scène alternant psalmodies religieuses, crin-crin plaintif ou rugueux jazz dixieland, ponctuées par les apparitions de Peter Schumann sur des échasses.

En 1976, le Bread and Puppet s’installa dans une ferme à Glover, dans le Vermont, qui fut le cadre annuel du Domestic Resurrection Circus (Cirque de résurrection intérieure) jusqu’en 1998 ; là, les marionnettes géantes apparaissaient derrière une hauteur ou émergeaient d’un bois, offrant des visions fortes à un nombre croissant de participants et de spectateurs.

Peter Schumann est membre d’honneur de l’UNIMA (Union internationale de la marionnette) et le prix Erasmus lui a été décerné en 1979. Il est l’auteur de « The Radicality of the Puppet Theater » (The Drama Review 35, 4, hiver 1991) et de « Bread and Puppet Theater issue » (Tulane Drama Review no 47, ultérieurement The Drama Review, 1970).

La reconnaissance internationale

Le Bread and Puppet a présenté Jeanne d’Arc (créé en 1977) au festival de l’UNIMA à Washington (D.C.) en 1980. En 1992, la compagnie a ouvert le Jim Henson International Festival of Puppet Theater à New York. Parmi les nombreux artistes qui ont bénéficié de l’enseignement de Peter Schumann, il faut mentionner Massimo Schuster, Julie Taymor, Paul Zaloom, John Bell (voir Great Small Works), Sara Peattie, Clare Dolan,  Stephen Kaplin et Roman Paska. C’est aussi en référence à Peter Schumann que s’est créée la compagnie In the Heart of the Beast Puppet and Mask Theatre (le théâtre Au cœur de la bête, d’après un vers du poète cubain José Martí) à Minneapolis (Minnesota).

Cinquante ans après sa fondation, le Bread and Puppet continue son travail. Il a joué en Russie, en Bosnie et au Nicaragua notamment.

Un Bread and Puppet Museum s’est ouvert à Glover (Vermont) en 1976.

Le Bread and Puppet Theater de Peter Schumann est un élément essentiel du théâtre contemporain. Ses parades de marionnettes géantes et de masques dans les rues de la ville de New York ou sur les collines du Vermont ont suscité une redéfinition radicale du théâtre. L’œuvre de Peter Schumann peut être délicate ou grossière, charmeuse ou râpeuse, tirée d’obscurs symbolismes religieux ou des manchettes de journaux. L’engagement humaniste sur les grandes questions de la communauté, de l’autorité, de l’injustice, de la paix dans le monde est au principe de la compagnie. Son exemple a suscité dans le monde entier la création de compagnies vouées au théâtre alternatif et à l’activisme politique.

(Voir États-Unis d’Amérique.)

Bibliographie

  • Bell, John. Landscape and Desire: Bread and Puppet Pageants in the 1990s. Glover: Bread and Puppet Press, 1997. [S]
  • Brecht, Stefan. The Bread and Puppet Theater. 2 vols. London: Methuen Paperback, 1988.
  • Dennison, George. An Existing Better World: Notes on the Bread and Puppet Theater. Brooklyn: Autonomedia, 2000.[S]
  • Farber, Jeff, dir. Brother Bread, Sister Puppet. 1993. (DVD)
  • Green, Susan, ed. Bread & Puppet: Stories of Struggle & Faith from Central America. Burlington: Green Valley Film and Art, 1985.[S]
  • Halleck, DeeDee, dir. Ah! The Hopeful Pageantry of Bread and Puppet. 2002. (Video)
  • Ilari-Defina, Mayumi Denise. Teatro politico e contestação no mundo globalizado: O Bread and Puppet Theater na sociedade de consumo. São Paulo, 2010.[S]
  • Kourilsky, Françoise. Le Bread and Puppet Theatre. Lausanne: La Cité, 1971.[S]
  • Mancini, Andrea, ed. Bread & Puppet: La cattedrale de cartapesta. Pisa: Titivillus, 2002.[S]
  • Schumann, Peter. “The Radicality of the Puppet Theatre”. TDR 35.4, Winter 1991, pp. 75-83.
  • Schumann, Peter. “What, At the End of This Century, Is the Situation of Puppets and Performing Objects?” Puppets, Masks and Performing Objects, ed. John Bell. Cambridge (MA): MIT Press, 2001.
  • Secci, Sergio. Il teatro dei sogni materializzati: Storia e mito del Bread and Puppet Theatre. Firenze: La Casa Usher, 1986.[S]
  • Simon, Ron, and Marc Estrin. Rehearsing with Gods: Photographs and Essays on Bread & Puppet Theater. White River Junction: Chelsea Green, 2004.[S]