La République de Colombie (espagnol : República de Colombia) rassemble une population ethniquement diverse à l’origine d’un patrimoine culturel varié. Parmi les populations indigènes on trouve les Muiscas, les Quimbayas et les Taironas. La conquête espagnole et la colonisation ont commencé en 1499; l’indépendance par rapport à l’Espagne a été conquise en 1819 et la république de Colombie a été proclamée en 1886. Bogotá est la capitale du pays (voir Amérique Latine).

Selon certaines sources archéologiques, on retrouve des traces de marionnettes en Colombie dès le VIe siècle av. J.C. Les monolithes des anciens villages de la haute vallée du río Magdalena, appelés agustinianos, montrent en effet l’existence de masques et d’objets animés qui jouaient un rôle précis dans les rites religieux. Des siècles plus tard, les Quimbayas élaborèrent aussi des figures articulées en or représentant des êtres fantastiques.

Au début du XIXe siècle, Bogotá connaissait une vie théâtrale riche et intense et il est probable que des marionnettistes espagnols, qui plus tard s’installèrent au Pérou et au Chili, s’y sont produits. Il faut également mentionner les nombreux carnavals – tel le Carnaval de Negros y Blancos (Carnaval des Noirs et des Blancs, la plus grande et la plus importante célébration carnavalesque au sud de la Colombie) dans la ville de Pasto; le Carnaval de Barranquilla (Carnaval de Barranquilla, la plus grande manifestation folklorique colombienne) – avec leurs marionnettes géantes et grosses têtes, leurs masques et leurs costumes.

Cependant, c’est en 1887 que, dans la rue Florían (Calle de Florían), à Bogotá, naquit le premier local de marionnettes colombien : la pesebre (« la Crèche ») Espina, du nom de son fondateur Antonio Espina, installée dans une école. Toutefois, avec la cessation de son activité, on perd la trace de l’histoire des marionnettes jusqu’en 1914. À cette date, à Manizales, le personnage de Manuelucho Sepúlveda, poivrot à la fois génial, rusé et sagace, première marionnette colombienne du XXe siècle, fut créé par Sergio Londoño Orozco.

L’art de la marionnette s’est ainsi construit grâce à des artistes très populaires parmi lesquels il faut mentionner, entre autres, Efrain Giraldo, alias « El Zuro ». Né à Manizales, un temps torero, il sillonna tout l’ouest de la Colombie avec son théâtre sur le dos. À cette époque, apparut Hugo Alvárez avec sa troupe Tío Conejo (Oncle Lapin) et ses œuvres basées sur les aventures de ce personnage traditionnel et populaire. En 1936 fut créé le Teatro de Marionetas del Parque Nacional (Théâtre de Marionnettes du Parc national) placé sous la direction du maitre Antonio Angulo Gutiérrez jusqu’en 1951. Il accueillit la première école de marionnettes de Colombie, qui forma les premiers marionnettistes professionnels de Bogotá: Angel Alberto Moreno et son épouse Sofía, José A. Muñoz, Ernesto Aronna, entre autres. Les projets de cette école furent menés à bien pendant dix-huit ans par José Antonio Muñoz, plus connu sous le surnom de « Muñocito », et par son équipe permanente d’artistes. Par la suite, Gabriela Samper avec Germán Moure, Hernando Kosher et d’autres personnalités du spectacle prirent la relève.

Dans les années soixante, on assista à une politisation de l’art de la marionnette. Il faut mentionner à cet égard le rôle militant et engagé joué à Medellín par les marionnettes de Juan Pueblo auprès des ouvriers des industries sidérurgique ou textile. À cette époque, Julia Rodríguez contribua largement au renouvellement de la technique et de la dramaturgie des marionnettes. Avec le peintre Hernando Tejada, dit « Tejadita », elle fut à l’origine de la Compañía de Títeres Cocoliche (compagnie Cocoliche, appelée ainsi en hommage au personnage d’El retablillo de Don Cristóbal Le Petit Retable de don Cristóbal de Federico García Lorca) créée en 1963 à Cali. Príncipe Espinoza, fonda à Bucaramanga, la compagnie Los Búcaros (les Cruches) et, plus tard, le groupe Mirringa. En 1966, le premier festival de Marionnettes fut organisé dans le pays.

La scène théâtrale à partir des années soixante-dix

Les années soixante-dix furent marquées par une diversification de la scène théâtrale colombienne. Étudiant en Colombie autour de 1966, l’Équatorien Fernando Moncayo créa son groupe La Polilla (la Mite) en 1973 avec la Colombienne Claudia Monsalve. Tous deux créèrent par la suite leur groupe La Rana Sabia (la Grenouille savante) et s’installèrent en Équateur, à Quito. La dramaturgie du marionnettiste argentin Javier Villafañe eut une influence notable sur la poétique de la marionnette. Les marionnettistes Ernesto Aronna et Jaime Manzur peuvent être considérés comme les continuateurs d’Angulo et de « Muñocito ». Le premier est connu pour ses adaptations de contes traditionnels. Il confectionnait les costumes, fabriquait les marionnettes et présentait, avec voix et musique préenregistrées, les grands contes de la tradition orale, Las Mil y Una Noches (Les Mille et Une Nuits), les œuvres des frères Grimm, de Hans Christian Andersen, de Charles Perrault, mais également celles de Lope de Vega, Jacinto Benavente (1866-1945) et, bien sûr, Garcia Lorca sans oublier des opéras et des zarzuelas.

Jaime Manzur montra ses marionnettes dans onze opéras présentés lors de la saison musicale organisée par le poète Jorge Rojas en 1970. Neuf ans plus tard, il obtint une bourse pendant deux ans pour aller glaner en Europe tout ce qui avait trait à l’art de la marionnette. De retour, avec l’appui d’une entreprise privée, il construisit l’actuel théâtre de marionnettes de la Fondation qui porte son nom, Fundación Jaime Manzur : 750 marionnettes en toile de satin peuvent être vêtues de 4 000 costumes de toutes les époques pour présenter ses nombreuses œuvres. Ce théâtre abrite également un musée d’histoire du costume en miniature.

Il faut aussi mentionner La Libélula Dorada (La Libellule dorée) créée en 1976 à Bogotá par César et Iván Alvárez, qui est devenue très vite un des groupes phares du théâtre de marionnettes colombien. La même année fut créée la compagnie Paciencia de Guayaga, dirigée par Fabio Correa. À Medellín, le groupe La Fanfarria (La Fanfare) date de 1972, la compagnie de marionnettes Hilos Mágicos (Fils magiques) fut créée en 1974 par l’acteur et dramaturge Ciro Gómez ; le Teatro Matacandelas (créé en 1979) a monté une douzaine de pièces pour marionnettes, inspirées d’Alfred Jarry et du mouvement Dada. À Cali, depuis 1979, existent La Tarumba et Barquito de Papel fondés sur l’initiative d’acteurs du Théâtre-École, Teatro Escuela de Cali, tandis que la comédienne Ana Ruth Velazco coordonne le groupe de marionnettes Titirindeba de l’Instituto Departamental de Bellas Artes (Institut départemental des Beaux-Arts) depuis 1987. Dans les années 1980 fut créée l’ATICA réunissant les seules compagnies professionnelles, puis en 2002, l’UNIMA-Colombia fut fondée pour renforcer et diffuser l’art de la marionnette dans son ensemble.

Bibliographie

  • Robledo, Beatriz Helena. “Hilos para una Historia. Los Títeres en Colombia”. Boletín cultural y bibliográfico. No. 12, 1987.
  • Trenti Rocamora, José Luis. El teatro en la América colonial. Buenos Aires: Huarpes, 1947.