Marionnette espagnole. L’existence de cette marionnette en Andalousie est attestée par deux témoignages. Le premier est donné par Federico García Lorca qui y fait allusion dans le prologue parlé du Tragicomedia de don Cristóbal y la señá Rosita (Petit Tréteau de don Cristobal et doña Rosita, une « farce pour guignol »), ainsi que dans une lettre où il en décrit certains traits de caractère et l’origine régionale. Une autre preuve est apportée par les recherches entreprises dans divers villages de la région de Ronda, dans les provinces de Grenade, Cadix, Séville et Málaga.

Les témoignages qui en accréditent la certitude sont oraux et on les doit à des personnes âgées dont les souvenirs sont partagés et racontés avec une très grande émotion. Le personnage était si populaire qu’il finit par désigner toutes les marionnettes par un diminutif générique (les Cristobalitas) toutes les marionnettes à travers l’Andalousie même si d’autres noms (purchinelas ou porchinelas, juzcarillas, curritos ou encore, dans cette acception précise, el chacoli) sont également employés. Les témoignages anciens confirment aussi l’existence de Don Cristóbal par le souvenir que laissa son « maître », le marionnettiste Antonio Duran Marquez, né à Juzcar le 8 octobre 1877 et mort à l’âge de quatre-vingt-six ans, qui vécut dans le village de Cuevas del Becerro (Málaga), exerçant le métier de cordonnier et parcourant les villages d’ouest en est, entre Jerez de la Frontera et Grenade, du sud au nord entre Málaga et Séville.

Don Cristobal était une marionnette à gaine, accompagné de son épouse Rosita habillée de bleu, tous deux entourés d’une pléiade de personnages que Don Antonio avait créés en s’inspirant de villageois hauts en couleur qu’il avait côtoyés mais à qui il donnait toujours des traits saillants, caricaturaux et reconnaissables par tout un chacun. Le montreur utilisait un instrument de musique – généralement une trompette – pour attirer le public vers son tréteau monté avec de pauvres matériaux de bois ou de simples bâches. Les têtes des marionnettes étaient fabriquées avec l’aide de deux amis, l’un charpentier, l’autre sculpteur sur bois, tandis que le marionnettiste faisait grand usage de la pratique (lengüeta). Il n’y avait pas d’histoire à proprement parler mais les marionnettes racontaient les leurs, tandis que Don Cristóbal se chargeait d’introduire un fil conducteur dans la succession des scènes. Les représentations n’abordaient pas de sujet particulier, mais étaient simplement inspirées par les événements de la vie quotidienne. Il n’en reste aucun texte écrit et Don Cristóbal cessa de parler le jour où on lui confisqua sa liberté d’expression après la victoire du franquisme.

(Voir Espagne.)

Bibliographie

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  • Varey, John Earl. Historia de los Titeres en España (Desde sus orígenes hasta mediados del siglo XVIII). Madrid: Revista de Occidente, 1957. [S]
  • Varey, John Earl. Los títeres y otras diversiones populares de Madrid, 1758-1840. Estudio y documentos. London: Tamesis Book, 1972.[S]