Maître marionnettiste indonésien (dalang) du wayang kulit purwa (théâtre d’ombres) javanais. Issu d’une lignée de dalang, Dalang Manteb Soedarsono est le fils du marionnettiste Ki Hardjo Brahim Hardjowijoyo et de sa femme musicienne Ni Darti (Ki étant une épithète de respect accordée au dalang senior). À l’âge de douze ans, Manteb Soedarsono a joué son premier spectacle. Dans sa jeunesse, il a étudié avec KI Warseno Kethek de Wonogiri, un dalang connu pour sa sabatan (manipulation des marionnettes). Plus tard, il a étudié avec Ki Nartosabdho et Ki Sudarman Gondodharsono de Semarang.

En 1972, Ki Manteb a gagné une compétition à Surakarta et devint rapidement un nom connu. Il s’est mérité le surnom de « dalang setan » (maître marionnettiste diabolique) de par son étonnante dextérité à la manipulation des combats et des danses de ses silhouettes. Son travail est inventif. Ses séquences de combats sont influencées par les films de kung fu. Sa dramaturgie inclue des conventions liées au cinéma, comme des flashbacks, plutôt que de suivre les règles du wayang. Ses éclairages colorés, ses projections, et ses instruments hors-standards (cymbale, violon et trompette) performant avec le gamelan (orchestre classique javanais) détournaient initialement les puristes mais sont devenus une pratique courante. Elle requiert soixante étudiants. Ses Celeng Degleng (Chasses au cochon sauvage) ont été inspirées par une peinture de Djoko Pekin et, dans le style du wayang, avait pour but d’exorciser la corruption et les injustices de l’Ordre nouveau du régime du Président Suharto (Soeharto) de la fin des années 60 et jusqu’en 1998.

À partir de 1983, Ki Manteb a donné des performances chez-lui durant le selasa legi (jour correspondant à son anniversaire javanais). Ces rencontres, où se produisaient plusieurs dalangs, devinrent des moments importants afin d’échanger sur les arts, la construction et la musique de la communauté des dalangs. En 1987, il innove en racontant l’histoire de Bima en douze épisodes pour un événement Wayang à Jakarta. En 1998, au cours de la crise financière asiatique, il a présenté Rama Tambak (Rama construit un pont). Il introduit des messages anti-drogues, de planning familial et des avertissements lors de ses spectacles wayang pour les compagnies d’aspirine. Le gouvernement de Suharto a encouragé le wayang, cettte forme d’art colossale, pour inspirer le peuple indonésien à travailler ensemble afin d’enrayer les contraintes et l’austérité imposées par les recommandations de la Banque mondiale. En 2004, au musée indonésien des records, Ki Manteb a présenté un spectacle de wayang qui a duré vingt-quatre heures et vingt-huit minutes pour créer le record mondial de la plus longue performance d’un dalang.

Ki Manteb Soedarsono a donné des performances aux États-Unis, Japon, Suriname et dans toute l’Europe. Il a représenté le dalang indonésien lorsque le wayang fut reconnu comme Chef-d’oeuvre du patrimoine oral et intangible de l’humanité (UNESCO, 2003). En 2010, il s’est mérité le Prix Asie Nikkei du Japon.
    (Voir Indonésie.)

Bibliographie