Le théâtre de poupées PUK fondé en 1929, est au cœur de l’essor du théâtre de marionnettes modernes qui se produit au Japon après la guerre. Mis en place par une poignée de lycéens de Tôkyô, le groupe fut d’abord animé par Kawajiri Tôji (1914-1994), puis, après sa disparition prématurée, en 1932, par son jeune frère, Taiji, un illustrateur qui collabora à plusieurs publications de gauche. Pour son premier spectacle, présenté en décembre de cette même année, le groupe prit le nom de La Pupa Klubo (Club des poupées), ce choix de l’esperanto, langue très prisée des courants internationalistes et des organisations révolutionnaires, indiquant clairement son orientation et ses positions idéologiques.

Parmi les créations marquantes de ses débuts, figurent les adaptations pour marionnettes de Rip van Winkle, des Aventures du brave soldat Chveik, des Habits neufs de l’empereur (vite interdit!) ou encore d’un Don Quichotte.

Surveillée de près par les autorités, la troupe dut changer plusieurs fois de nom, mais, en 1940, elle finit, tout comme les autres troupes de théâtre moderne, par être obligée de se dissoudre. Réorganisée en 1947, elle choisit le nom de PUK, dérivé de son appellation originale. Elle parvint rapidement à faire des tournées dans tout le pays, offrant également des ateliers de formation dans les localités où elle se produisait, suscitant la mise en place de nombreux groupes amateurs dans les communautés locales, les écoles et les entreprises.

Membre de l’UNIMA depuis 1958, la troupe ouvrit son propre théâtre dans le quartier de Shinjuku, à Tôkyô, un bâtiment qui abrite, outre sa salle de spectacles (PUK Ningyô Gekijô), un studio (Studio Nova) consacré aux productions destinées au film ou à la télévision, et les quartiers généraux de la troupe (Gekidan PUK).

En 2001, quelques années après la mort de Kawajiri Taiji (1994), la troupe se réorganisa sous la direction collective d’un bureau directorial qui fédère les trois branches d’activités, elles-mêmes gérées de façon indépendante. L’ensemble constitue une organisation impressionnante avec ses quelque quatre-vingts permanents. PUK assure chaque année de très nombreuses représentations (près de six cents pour 2003), avec les spectacles donnés quotidiennement dans sa salle, les tournées effectuées régulièrement dans tout le Japon et à l’étranger, dans les pays d’Europe de l’Est en un premier temps, mais aussi en Amérique du Nord et en Asie du Sud-Est. Par ailleurs, la troupe invite régulièrement des compagnies ou des artistes à venir se produire au Japon. PUK accomplit également un travail de formation considérable dans son Académie de la marionnette, qu’il s’agisse d’un véritable cursus professionnel ou d’ateliers destinés aux enfants ou aux amateurs.

Considérée comme le centre des marionnettes modernes au Japon, la troupe a reçu de nombreuses récompenses aux festivals nationaux et internationaux auxquels elle a participé; elle a même obtenu une des rares subventions accordées au théâtre moderne par le ministère de la Culture.

Fidèle à la devise de son fondateur, la troupe vise à « absorber de façon critique la tradition » ; aussi, techniquement parlant, ses artistes utilisent-ils la plupart des procédés de manipulation connus, des marionnettes à fils aux poupées de type guignol en passant par l’utilisation de la lumière noire, sans  négliger les enseignements de la tradition japonaise. À partir des poupées du bunraku, ils ont développé en particulier une technique de manipulation à deux mains qui a influencé la plupart des nouvelles compagnies créées après la guerre. Clairement située à gauche, position qui lui valut les foudres de la censure au début de la guerre de Corée, la troupe a donné plusieurs spectacles politiquement engagés, comme celui dénonçant les essais atomiques de Bikini, en 1954.

Mais son répertoire reste très ouvert, comprenant aussi bien des pièces occidentales comme Docteur Faust (1949), L’Oiseau bleu (1957) ou Amphitryon (1961), des fantaisies inspirées du répertoire shakespearien, des adaptations de romans d’auteurs étrangers (Nikolai Gogol, Leo Tolstoï) ou japonais (Izumi Kyôka, Dazai Osamu, Miyazawa Kenji), que des saynètes tirées des légendes les plus connues du folklore japonais – La Dame des neiges, la fête du Bouvier et de la tisserande – ou encore de la tradition chinoise, comme Le Fantôme de la lanterne aux pivoines.

(Voir Japon.)