Technique de fabrication des marionnettes. Elle sert à réaliser des marionnettes composites – un peu comme, en peinture, Arcimboldo (1527-1593) figura ses « têtes composées » à l’aide de fleurs, de fruits et de légumes. Les assemblages d’objets variés, objets manufacturés, quincailleries, outils, ustensiles de cuisine ou d’éléments naturels, voire légumes et fruits, donnent tout son sens au théâtre d’objets. Tous ces éléments sont articulés par des liens, des charnières ou solidarisées selon diverses techniques d’assemblage qui diffèrent d’un matériau à l’autre : collage, brélage, agrafage, clouage, vissage, soudure, etc.

Un des premiers marionnettistes à utiliser l’assemblage d’objets est le Hongrois Géza Blattner avec son théâtre de l’Arc-en-ciel, à Paris, en 1930 : « Les numéros étaient annoncés par un conférencier de fantaisie imaginé par Blattner et dont les pieds étaient des roues de bicyclette, la tête une antenne de radio, les oreilles des écouteurs téléphoniques ; un aimant lui tenait lieu de cœur » (André-Charles Gervais). De 1919 à 1933, le Bauhaus exerça son empreinte sur l’architecture et les arts visuels, mais également sur le théâtre et sur les marionnettes dont certaines étaient le résultat d’assemblage de formes et de volumes géométriques comme celles de Kurt Schmidt pour Les Aventures du petit bossu ou pour Le Médecin et son valet. Paul Klee fabriqua des marionnettes à gaine pour son fils Felix en assemblant des matériaux de récupération ; certaines d’entre elles évoquaient l’art africain.

Les matériaux les plus incongrus peuvent entrer dans la composition des marionnettes fabriquées de cette manière. Georges Tournaire et Bob Gouge assemblèrent des pièces vestimentaires dans Cravates circus. Les formes animées de l’Allemand Harry Kramer pour son théâtre mécanique résultaient d’assemblages d’éléments imprévisibles, rappelant l’art primitif et certaines oeuvres surréalistes. L’un de ses personnages présentait une forme avec deux immenses trous pour les yeux, montée sur un ressort à boudin, des bras et des mains en fil de fer, une ébauche de corps placé sur un chariot avec des roues. Entre 1955 et 1959, à Paris, Harry Kramer présenta un spectacle intitulé Signaux de l’ombre avec un Manifeste pour un théâtre de l’objet, des assemblages de roues ajourées, des sculptures embryonnaires sur cycles, des automates téléguidés, orchestrés avec une précision horlogère sur une musique concrète, des effets lumineux, sans dialogue, sans concession ni allusion à un quelconque travail d’acteur. Les marionnettes de Vera Brody pour l’opérette Sur Mars, montée au Théâtre national de marionnettes de Budapest, Állami Bábszínház, en 1960, étaient construites avec des objets hétéroclites, des boîtes, des tubes, des boules métalliques, une hélice sur la tête, des épingles à chapeau, une cape en tissu, une écharpe en mousseline. Dans le spectacle Mais, moi je préfère la charlotte à la framboise (1985), Marcel Violette assembla des moules à gâteaux pour créer une marionnette à tiges, baptisée le Soldat pâtissier. Un exemple remarquable est celui du peintre Erico Baj qui réalisa les marionnettes à manipulation équiplane de l’Ubu roi de Massimo Schuster (1984) en prenant comme matériau de base des pièces métalliques de Meccano®. Enfin, renouant avec Arcimboldo, la compagnie de l’Échelle de Pau utilisa dans son Opéra bouffe des fruits, des légumes, des comestibles manipulés directement à la main, sur table.

Bibliographie

  • Gervais, André-Charles. Marionnettes et marionnettistes de France. Paris: Bordas, 1947.