L’état d’Israël (Hebreu : Medīnat Yisrā’el, ‫מְדִינַת יִשְׂרָאֵל‬‎; Arabe : Dawlat Isrāʼīl, ‫دولة إِسرائيل‬‎) est situé au Proche-Orient, en Asie, avec des territoires palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza (voir Palestine). La population d’Israël est en majorité juive (2014: 75%), les Arabes israëliens représentant 21%, population en majorité musulmane, le reste étant constitué de différentes communautés chrétiennes et de Druzes.  

Nouveau pays d’immigration dépourvu de traditions de théâtre de marionnettes, Israël reçut l’influence de l’avant-garde est-européenne des années trente et quarante. Les premiers marionnettistes furent Paul Loewy (1893-1971) et David Ben Shalom, dit Honzo (1912-1990), qui transmirent la tradition des marionnettes à fils, en bois, tchèques et allemandes.

Le premier émigra de Bohème pour Israël en 1939 avec son théâtre de marionnettes et joua devant des publics d’adultes et d’enfants dans les villes et les kibboutz. David Ben Shalom (d’origine tchèque, né Jan Baeck), qui avait émigré en Palestine en 1934, s’installa au kibboutz de Givat-Chaïm où il fonda, en 1936, son théâtre de marionnettes itinérant, le Bubatron (Théâtre de Poupées), pour lequel les enfants eux-mêmes se transformaient en marionnettistes. Il se consacra pendant cinquante ans à l’élaboration de techniques complexes et à la création de spectacles fortement influencés par la tradition est-européenne, les contes populaires et la vie du kibboutz formant la base de ses pièces. En 1977-1979, Ben Shalom enseigna les marionnettes au département de Théâtre de l’université de Tel-Aviv.

Dans les années cinquante, d’autres personnalités participèrent au développement de la scène israélienne : ainsi la polonaise Dina Daziatelowski (née en 1901), qui émigra en 1957 en Israël, joua un rôle pionnier dans le domaine de l’éducation par la marionnette, écrivant elle-même ses pièces et créant des marionnettes à gaine spécialement destinées aux enfants. Elle fut lauréate en 1994 du prix Ben Zvi de littérature enfantine, genre qu’elle illustra bien souvent avec des photos de ses spectacles. Arrivé en Israël en 1955,  Dennis Silk, né en Grande-Bretagne (1928-1998), se rendit surtout célèbre à partir du milieu des années soixante-dix par ses pièces pour marionnettes et pour objets, ainsi que par ses écrits sur les marionnettes. Il faut aussi mentionner, Eric Smith, d’origine sud-africaine, qui avait débuté à Pretoria avec Lyndie Parker et John Wright, et qui fonda, en 1972, sa Compagnie des marionnettes d’Eric à Tel-Aviv. Ses poupées à fils firent désormais partie du paysage bigarré de la culture israélienne, et furent montrées en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Amérique. Il donna un grand nombre de spectacles pour enfants adaptés de contes : Le Retable de Maître Pierre de Manuel de Falla, Le Dragon d’Evguéni Schwartz, Le Rossignol de Hans Christian Andersen, L’Italienne à Alger de Rossini entre autres. Les marionnettes à fils d’Eric Smith font maintenant partie de la culture israëlienne riche de ses métissages et furent montrés en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Etats Unis.

Le développement des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix

Un tournant décisif fut pris à Jérusalem à partir du milieu des années soixante-dix, par un groupe d’artistes nés en Israël, et vers la fin de la décennie à Tel-Aviv. Il suscita des recherches interdisciplinaires sur le rôle de la marionnette dans les performances, la danse et le théâtre visuel. Le résultat fut la création en 1981 du Train Theater (Teatron Ha Karon), qui fédérait des marionnettistes indépendants tels qu’Alina Ashbel, Michael Schuster, né aux Etats-Unis, (qui introduisit le wayang kulit javanais et le kathputli) indien, Mario Kotliar, né en Argentine (1949-1998), Hadas Ophrat, puis Roni Nelken-Mosenson ( qui développa dans les années 80 un spectacle de Karagöz à partir de la collection de marionnettes du Musée Islamique) et Marit Ben Israël. De petit groupe étroitement lié au départ, la compagnie du Train Theater, dont le répertoire s’adresse en priorité aux enfants, s’est développée pour créer autour d’elle plusieurs structures, qui sont devenus des acteurs majeurs de la scène israélienne. Elle produit et vend des spectacles, qui peuvent être créés par des marionnettistes en solo ou en petits groupes. Dalia Maayan en est actuellement la directrice. Ainsi furent fondés le Festival International de Théâtre de Marionnettes de Jérusalem en 1982, qui mêle marionnettes, théâtre visuel et théâtre d’objets, et s’adresse à tous les publics, l’Ecole de Théâtre visuel en 1984 (par Hadas Ophrat), ainsi que le Théâtre Habamah en 1988 (rebaptisé Hazira Performance Art après 2000), pour abriter le travail expérimental et les spectacles pour adultes.

L’École de Théâtre visuel a une ambition pluridisciplinaire et délivre après trois ans d’études, un diplôme reconnu par le Ministère de l’Éducation et de la Culture. Elle assure la formation de professionnels à toutes les disciplines des arts visuels. Sa pédagogie est fondée sur l’interdisciplinarité, le pluralisme et l’ouverture à tous les arts du spectacle (mise en scène et scénographie de théâtre d’acteurs, arts de la marionnette, théâtre d’objets, danse, art vidéo, performance, etc.) et ses artistes participent à de nombreux festivals comme le Festival de Théâtre de Marionnettes de Jérusalem ou celui de Théâtre alternatif d’Acco (anciennement Acre). Certains de ses diplômés, comme Patricia O’Donovan (Nekudat Or Touch of Light, ou Louis l’enfant de la nuit), Yael Inbar, Revital Arieli, Erika Sapir, Galia Levy-Grad (Cube Circus), et Elit Veber, avaient acquis, au début du XXIe siècle, une renommée internationale. Certains de ces artistes ont aussi contribué  à constituer un corpus de créations en théâtre de marionnettes utilisant des éléments non-askénazes ou européens, explorant la culture mizrahi et sépharade. Démarré aux environs de 2010, Pandora, un projet porté par les diplômés de l’Ecole de Théâtre visuel, a contribué à bon nombre de réalisations dans les festivals de marionnettes et autres évènements présentant des formes expérimentales ou de cabaret. On compte parmi les autres artistes du Train Shahar Marom, Jonathan Ben Chaim, Miriam Salzberg et Amit Drori.

Par ailleurs, Meitav, une organisation consacrée à la marionnette et à l’éducation, fonctionna de 1982 à 1995 à Jaffa ; en 1986, Naomi Yoeli fonda, avec le soutien de la municipalité de Tel-Aviv, le Théâtre de marionnettes du parc Hayarkon qui fut très populaire jusqu’à sa fermeture en 2003. C’est là qu’exercèrent, outre Naomi Yoeli, des marionnettistes comme Miri Peeri, Micky Mevorach, Iki Gilad, Dina Dekel, Ilan Savir, Sharona Shapira, Bela Shkatov and Ilia and Raya Brendman. Miri Peeri est à l’origine d’un autre pôle de création majeur de la scène israélienne : le Centre israëlien de la Marionnette de Holon (près de Tel Aviv) qui héberge l’Ecole des arts de la marionnette (1989) et depuis 1995, le Festival International de Théâtre et de Film de marionnettes – un autre évènement artistique important  en Israel – comme le Musée des Arts de la Marionnette, fondé en 1999. Le centre et le festival ont constitué un vrai pôle d’activités près de Tel Aviv et, en 2006, le Centre israëlien de la Marionnette a déménagé de son côté dans un lieu indépendant, qui accueille artistes, éducateurs et praticiens du milieu de la marionnette.

Beit 9 (la Maison du 9) et le Théâtre multiculturel de Galilée (créé par Pablo Ariel venu d’Argentine en 1972 qui a dirigé cette compagnie constituée de juifs et d’arabes utilisant le minimum de texte pour pouvoir s’adresser à différents groupes et permettre de les réunir) représentent d’autres institutions. Rochi (Rachel Beckman), avec Erica Sapir  qui vit en France, et Dina Kaplan des Etats Unis ont fondé Puppeteers without Borders (Marionnettistes sans frontières), une organisation international qui fait la promotion du développement, du changement et de la résolution de conflit au moyen de la marionnette, en menant des ateliers sur la santé, les droits fondamentaux et l’utilisation thérapeutique dans les pays en voie de développement, dans le monde entier.

L’École de Théâtre de marionnettes et d’acteurs (1990), dirigée par Dvora Zafrir, qui dépend de l’École normale Levinsky de Tel Aviv, s’intéresse surtout aux rapports entre les marionnettes et l’éducation mais veut aussi promouvoir l’art de la marionnette dans son ensemble. Les principales matières enseignées sont l’adaptation de textes littéraires, les différents genres du théâtre de marionnettes, la conception et la création de marionnettes, l’emploi des matériaux, la représentation théâtrale des marionnettes, le jeu.

Au début des années quatre-vingt-dix, un grand nombre de marionnettistes quittant l’ex-Union soviétique immigrèrent en Israël : Itschak et Esther Pecker, Ilia Ilov, le groupe Petrouchka et bien d’autres. L’art de la marionnette est aussi enseigné dans des institutions privées et dans quelques facultés (« Marionnettes et éducation » avec Farryl Hadari à l’Université de Tel-Aviv). Patricia O’Donovan enseigne à la Daniel Yellin School of Education, et les autres enseignent également dans d’autres institutions.

Enfin, la section israélienne de l’UNIMA (100 membres en 2009) a été créée en 1984, et présidée par Hadas Ophrat (1984-1991), Michael Schuster (l985), Alina Ashbel (1991-1999), Ilan Savir (1999-2003), Miri Peeri (2003). Tami Sharf, Devora Zafrir et Patricia O’Donovan (2007-2009) ont été présidents plus récemment.

Bibliographie

  • Amitai, Dan. Habubatron. Tel Aviv: Yavne Publishing, 1980.
  • Ben Shalom, David. Manuel de marionnette. Tel Aviv: Sifriat Hapoalim (distrib.), 1986.
  • Dziatelowski, Dina. Le Théâtre de marionnettes à la maternelle. Tel Aviv: Otzar Hamore Publ., 1970.
  • Ebert, Fa Chu. Eric Bass, Innovative Puppeteer. Jerusalem: Bama 104, 1986.
  • Ebert, Fa Chu. Jerusalem’s Visual Theatre. Tel Aviv: Assaf 6, 1990.
  • Ebert, Fa Chu. The Train Theatre. Jerusalem: Bama 101-102, 1985.
  • Ophrat, Hadas. “Acteur et marionnette – Énigme du manifeste” [sur Edward Gordon Craig]. Bamah Drama Quarterly. No. 133, Jerusalem, 1993.
  • Ophrat, Hadas. “La Marionnette et le génie d’une nation” [sur le bunraku]. Masa Acher. No. 32, Tel Aviv, 1993.
  • Ophrat, Hadas. “Théâtre de marionnettes: médium et message”. Ariel. No. 69, Jerusalem, 1994.
  • Silk, Dennis. “The Marionette Theatre”. Bamah Drama Quarterly. Jerusalem, 1994.
  • Silk, Dennis. “Trick Puppets”. Painting and Sculpture Quarterly. No. 4. Tel Aviv, 1973.
  • Silk, Dennis. William the Wonder Kid, Plays, Puppet Plays and Other Theatre Writings. Riverdale on Hudson (NY): Sheep Meadow Press, 1996.
  • Yehezkely, Yehoudith. Le Théâtre de marionnettes. Tel Aviv: Reshafim Publishers, 1988.