Peintre, illustrateur, marionnettiste et cinéaste tchèque, il est l’un des grands maîtres du film d’animation et de marionnettes. Son intérêt pour les marionnettes date de son enfance. Diplômé de l’Académie des Arts appliqués de Prague, il dessina dès cette époque des marionnettes pour le théâtre de Josef Skupa qui reconnut son talent et lui apporta largement son soutien. Il s’engagea en même temps dans le théâtre amateur au sein du Loutkové divadlo Feriálních osad (Théâtre de Marionnettes des Colonies de vacances) à Plzeň comme marionnettiste, metteur en scène et artiste visuel, explorant la force métaphorique de la marionnette et la poétique du théâtre d’avant-garde.

En 1936, il fonda un théâtre professionnel à Prague appelé Dřevěné divadlo (Théâtre de bois). Ne présentant que des pièces originales, ses spectacles se distinguaient alors par leur lyrisme, leur force émotionnelle et par une grande imagination visuelle. Mais cette incursion dans le théâtre de marionnettes moderne, dont les spectacles ne s’adressaient qu’aux enfants, ne dura qu’un temps en raison de difficultés financières. Il se consacra alors à l’illustration de livres et à la décoration. Entre-temps, le cinéma d’animation était devenu la part essentielle de son activité. En 1946, il fonda un studio consacré au film de marionnettes au sein duquel il réalisa des oeuvres remarquables, empreintes d’une grande poésie. Il put ainsi exprimer tout son talent et sa connaissance des marionnettes.

Parmi elles, il faut mentionner Císařův slavík (Le Rossignol de l’empereur, 1948) d’après Hans Christian Andersen, Staré pověsti české (Vieilles légendes tchèques, 1952), Osudy dobrého vojáka Švejka (Le Brave soldat Sveik, 1954), une satire contre la guerre de Jaroslav Hašek, Sen noci svatojánské (Le Songe d’une nuit d’été, 1959), une adaptation en film de marionnettes de l’oeuvre de William Shakespeare, Vášeň (La Passion, 1962), Kybernetická babička (La Grand-Mère cybernétique, 1962), une satire sur l’importance envahissante de la technologie dans la vie quotidienne et son dernier film, Ruka (La Main, 1965), une allégorie politique antitotalitaire, qui fut saisi par les autorités et interdit de projection pendant vingt ans, quelques mois seulement après les funérailles nationales de son auteur.

La plupart de ses films étaient destinés aux adultes : nombre d’entre eux sont des adaptations d’oeuvres littéraires. A cause de son influence dans le domaine de l’animation, il fut appelé « le Walt Disney de l’Europe de l’est », bien qu’il y ait de grandes différences dans les oeuvres de ces deux maîtres de l’animation. Jiří Trnka recut en 1968 le prix international Hans Christian Andersen pour l’Illustration, en reconnaissance de sa contribution à la littérature pour les enfants.

(Voir République tchèque.)

Bibliographie

  • Boček, Jaroslav. Jiří Trnka, historie díla a jeho tvůrce [Jiří Trnka, histoire de l’œuvre et de son créateur]. Praha: SNKLU, 1963.
  • Malíková, Nina. “Můj tatínek byl Jiří Trnka” [Mon père était Jiří Trnka]. Interview de Jiří Trnka (fils). Loutkář [Le Marionnettiste]. No, 5-6. Praha, 1999.
  • Národní umělec Jiří Trnka 1912-1969 [Artiste national Jiří Trnka 1912-1969]. Catalogue d’exposition. Praha: Národní galerie Praha, 1977, 32 pp.