Marionnettiste italien. Orphelin à la suite du tremblement de terre de 1908, il fut adopté par Pennisi, fondateur de l’opera dei pupi d’Acireale. Bien vite, le jeune Emanuele Macrì rallia la compagnie de son père adoptif dans le théâtre de la Via Alessi à Acireale. À la mort de Pennisi en 1934, il lui succéda comme directeur de troupe, construisant par ailleurs les armures des pupi. Pennisi avait rendu l’installation scénique de leur théâtre plus souple que celle des théâtres traditionnels de Catane. Les manœuvres étaient exécutées depuis un pont plus élevé, en sorte que les pupi avaient un rayon d’action plus ample et pouvaient quitter l’arrière-plan. Puis, pour alléger ultérieurement la manœuvre, Macrì construisit des pupi légèrement plus petits et des armures moins lourdes que celles de la tradition catanaise.

Macrì donnait pendant la saison d’hiver un cycle de spectacles tirés de la Storia dei paladini di Francia (Histoire des paladins de France) de Giusto Lodico, pour le public local. Par contre, pour ses nombreuses participations à de prestigieux festivals internationaux et pour les touristes, il avait élaboré une série de spectacles directement tirés des sources originales, comme La rotta di Roncisvalle (La Défaite de Roncevaux) tirée de la Chanson de Roland, et différents épisodes tirés de la Jérusalem délivrée du Tasse. Il élaborait lui-même tous les scénarios, avec son fils Salvatore. Ce dernier s’est installé en 1960 aux États-Unis, où il a ouvert un musée des pupi siciliens, à Gordon Creek, Massachusetts.

La personne du maître Macrì (son enthousiasme et sa gravité, sa voix hors du commun) et sa vie (sa survie miraculeuse lors du séisme, l’histoire de son fils qui, amoureux d’une héritière américaine, émigre avec un théâtre, sa mort prématurée) ont d’incontestables qualités romanesques. Dès 1976, la Cooperativa Macrì se constitua sous la direction de Vincenzo Abbate, recueillant l’héritage de Don Emanuele. Elle a effectué de nombreuses tournées.

Turi Grasso, un autre puparo (marionnettiste) qui s’inspire de l’oeuvre de Macrì, exerce dans un bourg voisin, Capo Mulini. D’autres personnes qui ont été des auxiliaires de Macrì se constituent de temps en temps en compagnies qui se réclament de lui, mais sans continuité ni particulière valeur artistique. Tout ceci témoigne cependant de l’importance que Macrì a eue pour le théâtre des pupi à Acireale.

(Voir Italie.)

Bibliographie

  • McCormick, John, with Alfonso Cipolla and Alessandro Napoli. The Italian Puppet Theater – A History. Jefferson (NC): McFarland & Co., 2010.