Situé à l’extrême nord de Amérique du Nord, le Canada a pour voisin, au sud (et au nord-ouest à l’Alaska), les États-Unis d’Amérique ; il s’étend de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique et, au nord, jusqu’à l’océan Glacial Arctique. Le Canada compte dix province (Colombie-Britannique, Alberta, Manitoba, Saskatchewan, Manitoba, Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador) et trois territoires fédéraux (Nunavut, Territoires du Nord-Ouest, Yukon) qui étaient habités, depuis des millénaires, par différents peuples indigènes. Les langues officielles du Canada sont l’anglais et le français auxquelles il faut ajouter un certain nombre de langues régionales reconnues. Aujourd’hui, le Canada est une des nations les plus ethniquement diverses et multiculturelles au monde.
L’art de la marionnette au Canada
Les premières marionnettes canadiennes relèvent des traditions amérindiennes et inuites. On peut en voir au Museum of Anthropology University of British Columbia, (Musée Canadien d’Anthropologie de l’Université de Colombie-Britannique), au Musée royal de Vancouver, au Royal Ontario Museum de Toronto (Musée royal de Toronto), et au British Columbia Provincial Museum, Victoria (Musée provincial de Colombie-Britannique, à Victoria).
À Québec (ville), Jean Natte, connu sous le nom de « Père Marseille », fonde un théâtre fixe qui survécut jusque vers la fin des années 1830. Aux XVIIIe et XIXe siècles, le spectacle de marionnettes, dans les provinces anglophones, est majoritairement le fait de forains venus des États-Unis ou d’outre-mer. La tradition populaire du « bonhomme dansant » repose surtout sur un personnage né dans les campements de bucherons au milieu du XIXe siècle. Quand le clergé interdit les bals, ce personnage défie la censure avec une danse « en sabots » produite par les mouvements de l’animateur sur une planche. Cependant, il n’existe pas de personnage national canadien tel que Punch ou Guignol et la marionnette moderne n’apparait que dans les années 1920.
À la fin des années vingt et pendant les années trente il y a peu de marionnettistes professionnels. Parmi ceux-ci, il faut nommer David et Violet Keogh à Toronto, Muriel Heddle et Rosalynde Osborne Stearn à Montréal. Tous entretiennent des rapports étroits avec les États-Unis et y jouent parfois. Les marionnettes sont à fils et, occasionnellement à gaine. Dans les années trente et quarante, la marionnette commence à se développer à Montréal, après le passage, en 1933, de Vittorio Podrecca et de son Teatro dei Piccoli. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, Hal et Renee Marquette, de Toronto, montrent leurs marionnettes à fils et leurs ombres à la télévision et, à Québec, Micheline Legendre lance son théâtre, les Marionnettes de Montréal, en 1948.
Les institutions
Dans les années cinquante, les arts scéniques et visuels commencent à jouer un rôle décisif dans la définition de l’identité canadienne. Le Conseil des Arts du Canada, les conseils provinciaux qui en dépendent et la télévision, y contribuent. Venus de Grande-Bretagne en 1950, George et Elizabeth Merten donnent un essor spectaculaire à la marionnette en milieu scolaire. En particulier, George Merten (1914-1981), s’est établi en Ontario, au Canada ; c’est un des trois Canadiens nommés à la présidence des Puppeteers of America. Il a élaboré, pour le Ministère de l’Éducation de l’Ontario, un programme qui s’est poursuivi pendant presque vingt ans, mobilisant plusieurs milliers d’adultes dans plus de deux-cents communautés territoriales de la province. George Merten est l’auteur de Plays for Puppet Performance. L’action de Merten mène à la fondation de l’Ontario’s Puppetry Association (OPA, Association de Marionnettes de l’Ontario) en 1957. Son siège, à Toronto, regroupe plusieurs activités (spectacles, ateliers de tous niveaux) et abrite une collection de marionnettes canadiennes jusqu’à ce que des restrictions budgétaires y mettent un terme. La collection est allée par donation au Canadian Museum of Civilization, Musée canadien des Civilisations à Hull (Province de Québec).
Vers 1954, la participation canadienne aux Puppeteers of America (association propre aux Etats-Unis fondée en 1937) est forte. Le festival national des Puppeteers of America se tient à Waterloo en 1967 et à Vancouver en 1986. Luman Coad de Coad Canada Puppets, Ronnie Burkett et Ann et David Powell de Puppetmongers Powell sont distingués par un prix du président des Puppeteers of America.
L’UNIMA Canada, fondée en 1969 à Toronto, est alors un centre actif jusqu’au début des années quatre-vingt. L’AQM (Association québécoise des Marionnettistes), fondée en 1981, devient en 1986, le centre officiel de l’UNIMA Canada ; elle organise des ateliers, des conférences, et publie jusqu’en 2006, un bulletin, Marionnette en Manchette.
Dans les années cinquante et soixante, la marionnette évolue dans le sens d’une variété et d’une qualité accrues. Ken McKay (né en 1932) participe à ce mouvement depuis les années 1950. Il contribue à établir l’Ontario Puppetry Association, et siège au bureau du Comité exécutif de l’UNIMA. Il est également, pendant deux ans, président des Puppeteers of America. Il est l’auteur de Puppetry in Canada: An Art to Enchant (Marionnette au Canada : un Art enchanteur, 1980), une référence importante sur l’histoire récente et passée de l’art de la marionnette au Canada. Nancy A. Cole (1936-1996), marionnettiste accomplie de l’Ontario, s’engage, dans les années 1980, dans l’art et la thérapie ; son expérience est relatée dans son livre Lend Them a Hand – Therapeutic Puppetry (Tends-leur la Main – La Marionnette thérapeutique, 1993). Un Québécois, Felix Mirbt, intègre, pendant plusieurs années, la marionnette à des spectacles théâtraux en anglais. Enfin, Pierre Régimbald et Nicole Lapointe fondent, en 1964, une compagnie qui utilise des marionnettes à gaine et des marionnettes à tiges.
En plus des Canadiens, des marionnettistes venus de Grande-Bretagne, de France, d’Allemagne, des Pays-Bas, du Japon, de Tchécoslovaquie, de Hongrie, d’Australie, de Russie et des États-Unis participent à l’évolution du théâtre de marionnettes. Vancouver est, depuis 1966, le siège des Coad Canada Puppets (Arlyn Coad est britannique, Luman Coad est originaire des États-Unis) reconnus internationalement pour la qualité de leurs spectacles employant des marionnettes à fils ou à gaine et à tiges. En 1968, Dora Velleman (1916-2011) et Leo Velleman (1917-2009) lancent leur compagnie, les Canadian Puppet Festivals et, en 1972, ils jouent, ainsi que les Coad, au Festival mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières, France.
Télévision et marionnette
La recherche de qualité, la créativité et le soutien manifestés par les studios de Toronto et de Montréal ont servi de tremplin à de nombreux marionnettistes (voir Télévision). John Conway (1922-2003) fut, en 1952, le premier marionnettiste sur la chaine CBC (Canadian Broadcasting Corporation). John et Linda Keogh, issus d’une famille de marionnettistes et parents de Nina Keogh, qui perpétue la tradition, sont également des pionniers de la marionnette à la télévision. Les émissions en français commencent en 1952. En 1960, Michel Cailloux crée le personnage de Bobinette qui marquera des générations d’admirateurs de la marionnette en demeurant pendant vingt-huit ans au petit écran, entrant ainsi dans le patrimoine culturel du Québec. En 1977, Pierre Régimbald et Nicole Lapointe débutent à la télévision avec un programme, Passe-partout, dont les personnages et les aventures sont encore appréciées des enfants en 2011. Plus tard, ces deux mêmes artistes créent une émission Nic et Pic qui recevra aussi l’aval du public.
L’importance internationale de la marionnette télévisée canadienne apparait clairement dans les échanges avec le pays voisin : Dora et Leo Velleman, présents sur CBC dès 1953, travaillent, un certain temps, aux États-Unis avant de revenir à la télévision canadienne, en 1962. The Friendly Giant (l’Aimable Géant) débute aux États-Unis avant de devenir un succès au Canada. Le spectacle qui aux États-Unis allait devenir Mister Rogers’ Neighborhood (Le Quartier de Monsieur Rogers) a débuté au Canada en 1962. Judith Lawrence (australienne) et Ernie Coombs (1927-2001, états-unien) lancent Mr. Dressup (Monsieur Shabille) en 1964. La Canadienne Nancy Cole est connue pour ses spectacles et ses émissions de télévision, de part et d’autre de la frontière. Nikki Tilroe (1941-2005) et Robert Tilroe (du Frog Print Theatre) viennent jouer pendant quinze ans à Toronto (théâtre et télévision) avant de retourner aux États-Unis. Depuis 1970, Noreen Young participe à plus d’une centaine de programmes télévisés, dont Under the Umbrella Tree (Sous le Magnolia, 1986-1993).
En 1968, la qualité et le moindre coût des productions canadiennes attirent Jim Henson à Toronto où est produit un premier spectacle, hors série, des Muppets. Devant le succès américain de Sesame Street, une version canadienne, intitulée Sesame Park, est produite en 1988. C’est également à Toronto qu’est produit un autre succès de Jim Henson, Fraggle Rock (1983-1986). Robert Mills travaille avec les Muppets et fonde les Radical Sheep Productions, qui produisent Big Comfy Couch (Grand Canapé confortable, 1993), vu par les enfants du monde entier, et aussi, à l’intention des adultes, Puppets Who Kill (Marionnettes qui tuent, 2002) de John Pattison et Steve Westren, tous deux anciens collaborateurs de Jim Henson. Enfin, les noms de Fred Stinson, Ron Stefaniuk et Frank Meschkuleit sont inséparables de la marionnette télévisée canadienne.
Les années soixante-dix
Dans les années soixante-dix, l’art de la marionnette explose littéralement. L’État lui apporte un soutien appréciable et, en quelques années, plusieurs compagnies d’importance internationale émergent : en Nouvelle-Écosse le Mermaid Theatre (Théâtre de la Sirène, 1972), qui présente des spectacles imaginatifs mêlant masques et plusieurs genres de marionnettes ; ce théâtre a tourné à travers tout le Canada et les États-Unis ; le Lampoon Puppettheatre (Théâtre de Marionnettes Pamphlet, 1972), qui assure une présence canadienne à plus de soixante festivals dans vingt-cinq pays, et, actuellement, Johan Vandergun continue à se produire au Canada et internationalement dans des spectacles réunissant différents styles et techniques.; à Toronto, les Famous People Players de Diane Dupuy (1974), qui utilisent des marionnettes grandeur nature et des objets fluorescents en lumière noire et tournent en Amérique du Nord et en Asie ; David et Ann Powell, les Puppetmongers Theatre (1974), introduisent la manipulation table-top à vue appelée « bunraku-style » (voir marionnettes sur table) et le théâtre d’objets dans leurs spectacles ; en 1996, ils ouvrent une école de marionnettes qui propose de courtes formations pour adultes. De 1975 à leur retraite, en 1982, Dora et Leo Velleman ont dirigé le Leading Wind (Vent dominant), théâtre fixe à Chester (Nouvelle-Écosse). Chris Hurley fonde le Manitoba Puppet Theatre en 1975. Enfin, le Rag and Bone Theatre de John Nolan et Kathy MacLellan (mari et femme à la ville) entre en activité à Ottawa en 1978 ; la même année, les David Smith Marionettes, basées à Kingston (Ontario), commencent à divertir les jeunes publics.
La marionnette québécoise
L’explosion des années soixante-dix a aussi son retentissement québécois en raison du grand nombre de marionnettistes et de compagnies reconnus et dotés d’une forte personnalité, qui s’attirent le soutien des institutions culturelles et des services gouvernementaux. Ce qui explique, aussi, qu’un grand nombre de ces compagnies sont encore en activité aujourd’hui.
Le Théâtre Sans Fil (fondé en 1971), qui emploie des marionnettes géantes et d’imposants dispositifs scéniques, s’est acquis une enviable réputation nationale et internationale. Le Théâtre de l’Œil (fondé en 1973) charme le jeune public avec des sujets subtils traités avec une grande ingéniosité technique et scénographique. Josée Campanale commence à travailler, en 1974, pour le Grand Théâtre de Québec où les qualités plastiques et intellectuelles de ses scénographies sont remarquées ; elle fonde, en 1993, le Théâtre de Sable. Le Théâtre de la Dame de Cœur (fondé en 1975 par Richard Blackburn) emploie des marionnettes plus grandes que nature et donne d’impressionnants spectacles de plein air.
Michel Fréchette commence à enseigner l’art de la marionnette à l’UQAM (Université du Québec à Montréal) vers le milieu des années 1970, au moment où il fonde, avec des collègues marionnettistes, le Théâtre de l’Avant-Pays, qui explore les relations marionnette/marionnettiste. Formée à l’Université de Prague (République tchèque), Claire Voisard, de L’Illusion, Théâtre de Marionnettes (fondé en 1979), met en images des histoires du monde entier. La compagnie Le Théâtre Les Amis de Chiffon (fondée en 1974 à Alma, Saguenay-Lac St-Jean, dans la province du Québec), loin des grandes agglomérations, joue pour les nombreux publics de la province. La compagnie est réputée pour ses tournées dans le Québec et le reste du Canada.
À la fin des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt, d’autres compagnies se forment : Les Trois petits Tours, Le Théâtre de Rue, La Bastingalle, le Centre populaire de la Marionnette au Saguenay et Le Théâtre Mille Tours. Puis, avec l’assombrissement des conditions économiques, les compagnies nouvellement créées –Les Marionnettes du Bout du Monde, Claire et René, Le Matou noir, Gestes Théâtre, Magda Harmignies, Théâtre Biscuit, Théâtre de Zef – ne comptent plus qu’une ou deux personnes et, sauf pour Gestes Théâtre de Diane Bouchard et Les Marionnettes du bout du monde, sont amenées à disparaitre.
Depuis 1990, une manifestation internationale accueille tous les deux ans, pendant dix jours, au Saguenay, de grandes compagnies du monde entier. Ce festival d’abord appelé La Semaine mondiale de la Marionnette est maintenant nommé Festival international des Arts de la Marionnette à Saguenay.
Dans les années 1990, une nouvelle génération d’acteurs et de marionnettistes a mis ses forces en commun pour créer de nouveaux groupes orientés vers les spectacles pour adultes : Pupulus Mordicus, Le Théâtre du Sous-marin jaune, Le Théâtre incliné. Enfin, de toutes nouvelles compagnies, talentueuses et dynamiques, se sont déjà fait connaitre hors du Québec : Soma, Kobol Marionnettes, Les Sages fous.
Plusieurs marionnettistes pigistes, interprètes, plasticiens, metteurs en scène et enseignants, se démarquent : Marthe Adam, Jean Cummings, Graham Soul, Sylvain Gagnon, Marc-André Roy, Claude Rodrigue, Johanne Rodrigue, Sylvain Longpré. Leur contribution au théâtre de marionnettes du Québec est remarquable.
Les années 1980 et 1990
Dans tout le Canada, le reflux des subventions accordées au théâtre de marionnettes impose d’inventer des stratégies de survie. La création de nouveaux festivals de théâtre a amené une plus large audience aux marionnettes. C’est ainsi qu’un festival de théâtre pour enfants fut fondé à Vancouver en 1977 et que d’autres apparaissent un peu partout au Canada pour mettre en lumière le travail des meilleurs artistes. En 1982, l’Edmonton Fringe Festival (Festival marginal d’Edmonton, Alberta) permet, pour la première fois, aux jeunes artistes dits « expérimentaux » de jouer leurs spectacles.
Ronnie Burkett, avant de s’installer à Toronto, débute en Alberta devant des publics adultes avec des solos impertinents, parfois scabreux, de son Ronnie Burkett Theatre of Marionettes, fondé en 1986 ; il a conduit l’art de théâtre de marionnettes à de nouveaux niveaux d’expression ; il a récolté plusieurs récompenses et acquis une reconnaissance internationale.
Robert Lepage crée le groupe théâtral Ex Machina en 1994. Ce directeur de théâtre et d’opéra, reconnu internationalement, utilise parfois des éléments de l’art de la marionnette comme dans sa production de Nightingale and Other Short Fables d’Igor Stravinsky (2011). Une autre compagnie, Soma, fondée à Montréal en 1999 par Serge Deslauriers et Enock Turcotte, a produit Cabaret Décadanse qui fut joué tout autour du globe.
Les Maritime Marionettes parcourent la Nouvelle-Écosse avec leurs spectacles colorés. Wendy Passmore s’active à Calgary. Le Bread and Puppet Theater (États-Unis) fait école au Canada et plusieurs compagnies reprennent le principe des marionnettes géantes comme le Shadowland Theatre d’Ann Barber et de Brad Harley, depuis 1983 à Toronto ou comme le Clay and Paper Theatre de David Anderson, qui joue dans les parcs depuis 1994. Le Jumblies Theatre de Ruth Howard axe ses représentations sur la participation du public depuis 1998.
Le Théâtre de Marionnettes au Canada : à partir des années 2000
Dès le début des années 2000, le théâtre de marionnettes au Canada est à un tournant de son histoire. Le travail acharné de ses associations, entre autres de l’AQM (Association québécoise des Marionnettistes), et de l’Ontario Puppetry Association, l’apparition de nouveaux festivals et d’une formation universitaire, expliquent, en partie, la vigueur du développement de la profession, l’émergence de nouveaux marionnettistes et la naissance de jeunes compagnies. L’Association québécoise des Marionnettistes publie une nouvelle revue intitulée « Marionnette » à laquelle collaborent des marionnettistes, auteurs, critiques et autres artisans. Aussi, grâce au dynamisme des diffuseurs, les spectacles des créateurs stimulent des artistes en devenir à entrevoir une carrière de marionnettiste.
Des cabarets ou « Puppet slams » associés au théâtre américain voient le jour au Canada, en particulier dans la région de Toronto. Ces rencontres ponctuelles ouvertes à l’exploration font une place aux artistes émergents. Ce sont des lieux fertiles où les marionnettistes de la région peuvent rencontrer leur public. Puppetmongers Theatre, Unraku et Quality Slippers Productions font partie des compagnies qui programment ce genre d’évènements.
La compagnie, The Old Trout Puppet Workshop, est fondée en 1999 dans le sud de l’Alberta. Ses membres fondateurs ont envie de se consacrer à une forme d’art où la fragilité, la douceur et parfois le ridicule côtoient la gravité et le drame. Ils sculptent leurs marionnettes et créent un premier spectacle qui reçoit l’assentiment du public. La compagnie fonctionne comme un collectif, invente des univers dramatiques percutants et devient une véritable référence dans le métier. Le Banff Center, une institution reconnue et spécialisée dans les arts et la culture, accueillent régulièrement les Old Trout qui offrent des stages et des formations.
À Calgary, nait l’« International Festival of Animated Objects » (Festival international d’Objets animés), qui promeut les arts de la marionnette, du masque et des objets animés. Le festival accueille des artistes canadiens reconnus tels Ronnie Burkett et les Puppetmongers Theatre de Toronto ainsi que plusieurs compagnies étrangères.
À Almonte, en Ontario, un festival international appelé Puppets Up ! existe depuis 2004 et est dirigé par Noreen Young, une marionnettiste aguerrie de cette communauté de l’est canadien. Cette manifestation oriente sa programmation vers le public familial.
Au Québec, Le Théâtre de La Pire Espèce, sous la direction de Francis Monty et d’Olivier Ducas et de David Lavoie, introduit le théâtre d’objets et de matériaux bruts dans le panorama des techniques utilisées par les compagnies et les artistes. C’est une compagnie engagée dans son milieu, dirigée par un triumvirat hyperactif, à l’origine du plus volumineux abonnement de théâtre de création au Canada (Cartes Premières) et membre fondateur d’un nouveau lieu de création et de diffusion, incubateur de compagnies émergentes (Aux Écuries).
À Trois-Rivières, South Miller, Jacob Brindamour et Sylvain Longpré, mettent sur pied la compagnie Les Sages Fous. Leurs créations en théâtre de rue, concoctées à la suite des laboratoires de recherche, sont jouées au Canada et dans les grands festivals internationaux. En 2002, ils créent le Micro-Festival de Marionnettes en Chantier qui invite des jeunes artistes et des compagnies étrangères à présenter des œuvres encore inachevées.
Le Théâtre Motus, dirigé par Hélène Ducharme et par Sylvain Massé crée des oeuvres marquantes en s’inspirant des traditions et de l’esthétique de contrées lointaines. Le Théâtre incliné et la compagnie Pupulus Mordicus font preuve d’une maturité artistique grandissante et se consacrent au théâtre de marionnettes pour adolescents et adultes. Pupulus Mordicus se distingue également par les formations qu’il offre, dans ses ateliers.
Plusieurs marionnettistes proposent leurs services à la télévision et sont les forces vives d’émissions de qualité pour les jeunes publics. Aussi des artistes interdisciplinaires créent des spectacles métissés en utilisant marionnettes et technologies, ombres et masques. Des concepteurs en arts visuels et médiatiques, en danse et en performance se joignent aux équipes de production. Marcelle Hudon, une artiste à part, fait partie de ces groupes ; on peut également y retrouver le Mobile Home, Clea Minaker et les 2boys.tv.
De jeunes passionnés issus des écoles ou des troupes fondent des compagnies telles le Puzzle Théâtre, La Tortue noire, Qui va là, le Théâtre des petites Âmes, le Théâtre de deux Mains, Mr. Bunk, l’Ubus Théâtre et La Tête de Pioche.
En 2006, Louise Lapointe crée Casteliers, à Montréal, dont l’une des activités est le festival Les trois Jours de Casteliers qui stimule la création par la qualité de ses programmations nationales et internationales. En outre, les festivaliers assistent à des présentations courtes proposées par la relève ou par des compagnies établies, à une exposition et à des rencontres variées sur des thématiques actuelles du théâtre de marionnettes.
En 2007, Marthe Adam, marionnettiste, metteuse en scène et professeure à l’École supérieure de Théâtre de l’Université du Québec à Montréal fonde et dirige une nouvelle formation de 2e cycle, le DESS (Diplôme d’études supérieures spécialisées) en théâtre de marionnettes contemporain. C’est la seule formation continue au Canada. D’une durée de deux ans, elle offre des cours sur le jeu et l’interprétation avec la marionnette, sur la scénographie et la fabrication de marionnettes, sur la mise en scène et la dramaturgie. Des marionnettistes canadiens et étrangers sont invités à y enseigner. Casteliers, l’École supérieure de Théâtre avec son DESS et l’AQM collaborent étroitement pour réaliser des projets communs, entre autres, pour la venue de formateurs étrangers. Cette entente entre les trois organismes permet aux marionnettistes québécois de confronter leur pratique et leur réflexion à celle d’artistes d’ailleurs.
En 2010, les deux associations canadiennes de théâtre de marionnettes (AQM et OPA) se réunissent pour relancer l’UNIMA-Canada en créant deux sections bien distinctes : la section Québec et la section Ontario. Il faut le dire, la section Québec, réunie sous la bannière de l’AQM, est, depuis de nombreuses années, une force vive du milieu canadien ; elle propose des formations, des rencontres de diverses natures entre ses membres, publie une revue annuelle, maintient un site web qui abrite des renseignements sur ses membres et qui foisonne d’informations constamment renouvelées. En juin 2011, a lieu la première assemblée générale des membres des deux sections de l’UNIMA-Canada. Il apparait clairement que l’un des objectifs de l’UNIMA-Canada est le partage des ressources et des expertises et la réalisation de projets communs.
L’État de la situation
Actuellement, en 2011, le théâtre de marionnettes canadien agrandit ses champs d’exploration artistique en intégrant plusieurs formes d’art à ses créations. Des auteurs se joignent aux équipes de production et un répertoire de pièces écrites pour les compagnies et les artistes solistes prend forme. Le dynamisme des associations, en partie dû à la collaboration entre les marionnettistes d’expérience et les jeunes créateurs, se reflète à travers des projets d’envergure. Les spectacles des compagnies sont présentés dans de nombreux festivals internationaux. Un souffle nouveau anime le milieu de la marionnette canadien ; le métier de marionnettiste est reconnu comme un art majeur et en constante évolution. (Voir aussi Jacques Trudeau.)
Bibliographie
- Adam, Marthe. “Québec: un Développement fulgurant”. Les Carnets de la Marionnette. Themaa, France: Éditions théâtrales, 2006.
- Adam, Marthe. “Le DESS en Théâtre de Marionnettes: de l’Écriture à la Scène”. Revue Jeu. Montréal, 2011.
- Adam, Marthe. “ Le DESS en Théâtre de Marionnettes contemporain; un Essor fulgurant”. Revue Marionnette. Montréal: Publication de l’Association québécoise des Marionnettistes (AQM), 2011.
- Adam, Marthe. “A new training in Canada”. Revue Puppetry International. États-Unis, 2011.
- Adam, Marthe. “Heyday of vocational training”. Revue Teatr Lalek. Pologne, 2012.
- Canadian Theatre Review. No. 95. Guelph (ON): Univ. de Toronto Press, Eté 1998.
- Fréchette, Michel. “La Marionnette au Québec: Histoire et Réalité”. Jeu Montréal. No. 51, Juin 1982.
- Legendre, Micheline. Marionnettes. Art et Tradition. Montréal: Leméac, 1986.
- McKay, Kenneth B. Puppetry in Canada. Willowdale (ON): Ontario Puppetry Association, 1980.
- McPharlin, Paul. The Puppet Theatre in America: A History, 1524-1948. Boston: Plays Inc., 1949; With a supplement, Puppets in America Since 1948, by Marjorie Batchelder McPharlin. Boston: Plays Inc., 1969.
- Powell, Ann. Professional Canadian Puppet Theatre Companies. A Partial Listing. Self-published, 1988.
- Puppetry Journal. Vol. 40, No. 1. Fall 1988, Puppeteers of America.