Marionnettiste et entrepreneur de spectacles français. Gendre et successeur d’Alexandre Bertrand qui l’avait engagé dans sa troupe et dont il épousa la fille, Anne, Nicolas Bienfait fut un directeur fort habile et réputé de théâtre de marionnettes dans les foires parisiennes Saint-Laurent (l’été) et Saint-Germain (l’hiver), de 1717 à 1750.
Outre Cendre chaude, petite comédie grivoise qui le fit remarquer, il fit représenter de nombreuses autres pièces de Carolet, aux titres vaudevillesques : L’Entêtement des spectacles (foire Saint-Laurent, 1722), L’Anti-Claperman, ou le Somnifère des maris, précédé d‘Inés et Marianne aux champs Élysées (foire Saint-Laurent, 1723), Les Eaux de Passy (foire Saint-Germain, 1724), Les Petites Maisons (foire Saint-Laurent, 1727), Polichinelle Cupidon, ou l’Amour contrefait (foire Saint-Laurent, 1731), Le Palais de l’ennui, ou le Triomphe de Polichinelle (foire Saint-Laurent, 1731), Polichinelle Alcide, ou le Héros en quenouille (1733), La Grenouillère galante (foire Saint-Laurent, 1735), Polichinelle Atys (foire Saint-Germain, 1736), L’Assemblée des poissardes, ou Polichinelle maître d’hôtel (foire Saint-Germain, 1737) …
Alors que sa femme animait une crèche avec des figures de cire, rue de la Bûcherie, Bienfait entretenait sa réputation d’amuseur confirmé avec des parodies de succès à la mode, signées Charles Simon Favart (qui fit ses débuts chez Bienfait), Louis Fuzelier et Dorneval, ou Valois d’Orville. Dame Gigogne, l’une des marionnettes les plus appréciées par le public de la foire, se retrouvait dans nombre de ses distributions : Polichinelle et dame Gigogne, L’Île des fées ou le géant aux marionnettes, La Noce interrompue…
Comme bien des marionnettistes forains de l’époque, Bienfait s’essaya, vers 1746, à des pièces à grande machinerie, avec incendies et pillages. Il donna Les Bombardements de la ville d’Anvers ou Assaut général de Berg-op-Zoom, et il rebaptisa son théâtre les Comédiens-Praticiens français en référence à la « pratique » du marionnettiste. Il dirigea également une troupe d’enfants : les Petits Comédiens pantomimes. Il ouvrit près des boulevards, rue Xaintonge, une autre salle avec Prévost en 1749 : le théâtre des Petits Comédiens du Marais. Il s’évertua par tous les moyens à sortir son affaire de la faillite, mais n’y parvint pas et sa loge de la foire Saint-Laurent fut saisie en 1750.
Ses descendants poursuivirent néanmoins son art : Nicolas Bienfait II, son fils, prit le titre de seul joueur de marionnettes du Dauphin en 1746 et eut une loge à la foire Saint-Germain jusqu’en 1762 ; son petit-fils, Nicolas Bienfait III, après avoir joué les Arlequins chez Jean-Baptiste Nicolet, avait encore un jeu de marionnettes dans cette même foire en 1772.
(Voir Foires, France, Troupes itinérantes.)