La Royaume de la Suède (en suédois : Konungariket Sverige), est un pays de la Scandinavie situé au nord de l’Europe. Sa capitale est Stockholm et le pays est bordé par la Norvège, par la Finlande et lié au Danemark par un pont tunnel. Historiquement, l’Empire de la Suède est reconnu comme ayant été l’une des grandes puissances d’Europe au XVIIe et au début du XVIIIe siècle.

Les origines de la marionnette en Suède n’ont pas encore fait l’objet de recherches véritables. Aucune analyse de l’histoire du théâtre et très peu de documents sur le théâtre de marionnettes ou les autres arts scéniques n’ont été retracés. Il est toutefois plausible que dans tous les pays de la Scandinavie, des objets animés sacrés utilisés dans les cérémonies religieuses, aient été employés avant l’avènement de la Chrétienté. Plus tard, c’est dans le cadre de l’Église Catholique Romaine que l’on trouve des manifestations théâtrales ayant lieu près des églises, tout comme ailleurs en Europe. Même si on ne trouve aucune recherche datant de la période médiévale, une magnifique collection de triptyques du Musée National d’Histoire, situé à Stockholm, témoigne de la richesse des arts religieux en Allemagne et en Hollande ; en effet, on y trouve des figures sculptées, en bois, et des décors bibliques similaires à ceux des retables de l’Europe Centrale. La réforme luthérienne de l’Église suédoise a emporté avec elle les œuvres les plus élaborées que l’on trouvait dans les églises et à partir du XVIe siècle tous les arts du théâtre devaient se produire dans des contextes laïcs. La Suède, en tant que nation dominante des régions baltiques et d’Europe du nord, a aussi développé une culture du faste et de l’élégance reflétée à la cour royale ainsi que chez les aristocrates. Les compagnies théâtrales venaient de plus en plus souvent à la cour pendant le XVIIe siècle et les marionnettistes étaient accueillis au même titre que les comédiens, les acrobates et les musiciens. Durant le règne de la Reine Christina, qui, plus tard, s’est convertie au Catholicisme et fut exilée à Rome, la ville de Stockholm modernise le théâtre. Une scène sophistiquée est construite au Palais royal et des opéras, des ballets et autres spectacles, parfois venant de l’étranger, furent reçus à la cour royale suédoise. Une fois, ces troupes admises à la cour, il était possible, pour elles, de se produire en tournée à travers le pays.

Le premier document attestant de spectacles de marionnettes en Suède est le journal d’un étudiant âgé de quinze ans qui fit le récit d’un spectacle auquel il assista dans la petite ville de Kristinehamm, le 7 mars 1637. Il décrivit un acteur qui « portait sur le dos un instrument à l’intérieur duquel étaient artistiquement et adroitement fabriquées de petites personnes de bois, qui bougeaient et marchaient avec empressement pour nous montrer le Jugement dernier, l’Enfant prodigue, le Destin de Jean Baptiste, choses que moi-même, ma chère mère et mon frère Torbjörn, qui étions tous venus à la foire du carême, avons vues et admirées ». On pense que l’artiste était le marionnettiste allemand Hans Jacobi Wijgant.

La plupart des acteurs et marionnettistes qui se produisaient en Suède étaient allemands, mais des artistes d’autres nationalités visitèrent le pays comme le Hollandais Franciscus Bossier et l’Italien Stefano Landolfi dans les années 1670. La grande vague d’acteurs itinérants anglais traversant l’Europe au début du XVIIe siècle n’atteignit, cependant, jamais la Suède. Les artistes restaient dans le pays pour une saison, et parfois pour de plus longues périodes ; certains visitèrent la Suède à plusieurs reprises, comme l’Allemand Johann Hilverding qui se produisit avec « d’immenses marionnettes à fils » devant le jeune Charles XII à la fin du XVIIe siècle. Il est intéressant de constater
qu’une grande partie des artistes itinérants qui ont joué leurs spectacles à travers l’Europe au XVIIe siècle, ne se sont pas rendus en Suède. (Voir Troupes itinérantes.)

L’influence allemande

Des recherches plus approfondies que celles qui ont déjà été menées seraient utiles pour enfin connaître l’histoire du théâtre de marionnettes suédois même s’il est certain que celui-ci a des liens avec la marionnette européenne. En effet, les historiens ne disposent d’aucun document sur la marionnette en Suède au XVIIIe siècle et ce n’est qu’au XIXe siècle que commence vraiment son histoire. Pendant le XVIIIe siècle, le désir de créer un théâtre de marionnettes national de langue suédoise a incité les marionnettistes à présenter de brèves comédies dans un théâtre privé de Stockholm ; ces courtes pièces précédaient les spectacles plus élaborés des acteurs. Les marionnettistes itinérants qui parcouraient les routes de Suède étaient alors encore pour la plupart allemands. Le « créateur de feux d’artifice » Georg Hornung parvint même à installer un théâtre à Stockholm, qui resta ouvert entre 1849 et 1851, et qui présentait des « ballets mécaniques », des métamorphoses et des comédies. Un ramoneur suédois reconverti en artiste itinérant, Johan Erik Svanvinge, proposait par ailleurs au public des « exercices de gymnastique » et s’accompagnait « d’un orgue de barbarie avec marionnettes ». Le même homme montra en 1855 un « cabinet d’art » avec « tableaux mécaniques » et, des années 1840 à 1870, l’ancien soldat Johan Emil Meurk présenta dans tout le pays son « théâtre mécanique avec personnages », mettant en scène des métamorphoses et des comédies. À cette époque, on utilisait le plus souvent des marionnettes à fils, et c’était d’ailleurs la technique de prédilection de Johan Christoffer Heuserman, montreur itinérant de Kasper généralement considéré comme le père de la marionnette suédoise.

Le théâtre de marionnettes, le théâtre d’ombres et le théâtre de papier faisaient partie intégrante de la vie familiale bourgeoise du XIXe siècle, et plusieurs générations d’écrivains furent marquées par les spectacles de marionnettes qui ont bercé leur enfance. C’est le cas, par exemple, de Selma Lagerlöf qui a écrit de courtes pièces pour les théâtres de marionnettes miniatures qu’elle partageait avec sa sœur,  à la maison. Un de ses textes est inspiré des Mille et une Nuits et intitulé « La Tricherie de Koruska ». August Strindberg, qui était un observateur passionné des marionnettes, anima même, avec sa première femme et un cercle d’amis, un « club Kasper » et utilisa des formes inspirées des marionnettes dans la dernière partie de son œuvre dramatique. Dans les écrits pour le théâtre, il s’est inspiré de certains genres de marionnettes : par exemple, l’introduction de Ett drömspel (Le Songe, un Jeu de Rêve) a été grandement influencée par le théâtre d’ombres. Ainsi la pièce Kaspers Fet-Tisdag (Le Mardi Gras de Kasper) est écrite pour des acteurs jouant tels des marionnettes de la tradition de Kasper. La fascination de Strindberg pour les marionnettes se révéle également dans le livre Gamla Stockholm (le Vieux Stockholm, 1882) dans lequel le chapitre intitulé « Musique de rue et divertissement populaire » inclut un long texte sur le théâtre de marionnettes, sur Heuserman et sur la tradition de Faust.

Le renouveau de la marionnette suédoise

Les spectacles de Kasper restèrent prédominants dans le théâtre de marionnettes suédois jusqu’à l’arrivée de Michael Meschke dans les années cinquante. Ils s’adressaient particulièrement aux enfants et les marionnettistes jouaient surtout dans les garderies et les bibliothèques. Quand en 1958, Michael Meschke  parvint enfin à ouvrir le Marionetteatern, une nouvelle page de l’histoire des marionnettes en Suède fut tournée. Pour la première fois des marionnettes manipulées avec une grande maîtrise et un souci artistique étaient montrées à Stockholm devant un public d’enfants et d’adultes. Le Marionetteatern a entretenu, de plus, dès sa création, des relations riches et fructueuses avec des marionnettistes du monde entier.

Pendant près de deux décennies, le Marionetteatern fut le seul théâtre de marionnettes du pays possédant sa propre scène. Grâce à son très énergique directeur, ce petit théâtre resta longtemps la seule institution nationale formant des marionnettistes. Au fil du temps, plusieurs des collaborateurs de Meschke ont maintenu un théâtre de marionnettes de qualité, en Suède. À la fin des années 1970, une division au sein de la troupe du Marionetteeatern  contribue à créer deux nouvelles compagnies : à partir de 1977, le Dockteatern Tittut,(Théâtre de marionnettes Coucou), et le Dockteatern Långa Näsan de 1986 to 2006.

En 1998, Meschke démissionne de sa fonction de directeur et Helena Nilsson (1998-2005) lui succède en tant que directeur artistique et metteur en scène. Quelque temps plus tard, la compagnie déménage pour être intégrée au Kulturhuset Stadsteater (Théâtre municipal de Stockholm). La collection du Marionettmuseet, le Musée de la marionnette du Marionetteatern, devra attendre un lieu permanent qui ne l’accueillera qu’en 2010. En effet, la collection est alors offerte au Scenkonstmuseeet (Musée du Théâtre de la Suède) ; une nouvelle fusion des collections ouvrira en 2017.

Helena Nilsson continue de diriger Marionetteatern qui demeure à ce jour la plus grande compagnie de théâtre de marionnettes en Suède. Elle présente un répertoire qui s’adresse tant aux enfants qu’aux adultes avec des productions telles Ett drömspel (Le Songe, 2006) de Stringberg, dirigée par Roman Paska. Bon nombre des créations de l’auteur de livres pour enfants, Ulf Stark, ont donné une couleur poétique et provocatrice au théâtre Marionetteatern.

Le nombre de compagnies augmente dans les années soixante-dix et la marionnette se fait une place de choix dans le domaine du théâtre pour enfants. Les compagnies travaillent généralement avec des effectifs réduits même si quelques-unes d’entre elles se produisent dans des théâtres fixes. On parle ainsi du By-teatern (Théâtre Village) au sud de la Suède. Ce théâtre situé à Kalmar a été mis sur pied par un groupe d’étudiants, surtout des peintres et des sculpteurs, qui ont fait la tournée des côtes de la Scandinavie au début des années 1970, dans un vieux cargo. Établis à Kalmar, une cité côtière, ils se sont fait offrir un entrepôt qu’ils ont transformé en théâtre en 1982. Leurs productions pour enfants comportent des marionnettes et des objets et sont connues pour leurs qualités visuelles et poétiques. À partir des années 1990, la compagnie diversifie ses spectacles et crée, entre autres, des productions de danse. Dans le sud de la Suède, se trouve le Staffan Björklunds Teater dirigé par Staffan et Enid Björklund depuis sa fondation en 1970. Les créations de ce théâtre, récompensé de plusieurs prix, s’adressent  aux enfants et au public familial. En 1991, la compagnie établit le Pegasus Garden (Jardin de Pégase) situé tout près du théâtre et qui s’identifie comme un Forum pour la Culture et l’Écologie. Des stages et des visites d’écoliers y sont ont organisés.

On trouve aussi des groupes tels le Dockteatern Tittut, le Teater Spektaklet (Théâtre le Spectacle) à Uppsala, le Dockteater Sesam (Théâtre Sésame) de Göteborg, le Dockteaterverkstan (l’Atelier de la marionnette) à Osby et le Pygméteatern de Stockholm. L’Abellis Magiska Teater (Le Théâtre magique d’Abelli), fondé en 1979 par Bissa Abelli, est, quant à lui, toujours sur la route, et donne ses spectacles dans un bus multicolore. Une seule production de « bouffon » demeure dans le répertoire de cette compagnie tandis que les autres créations sont basées sur des contes issus du folklore international, accompagnés de musiques diverses. Le marionnettiste Vojo Stankowski, venu de l’ancienne Yougoslavie, a fondé le Totem en 1975, à Uppsala. Jusqu’à sa mort en 1989, la compagnie produit des spectacles aux techniques mixtes.

Les figures créées par Thomas Lundquist, fabriquant de marionnettes pour le Svarta Katten (le Chat noir), et par Arne Högsander, sculpteur et créateur de marionnettes, sont fréquemment montrées dans les théâtres. La haute précision de leurs œuvres a servi de moteur artistique à la marionnette suédoise. La graphiste et créatrice de marionnettes Eva Grytt a elle aussi réalisé plusieurs ensembles de figurines d’art très originales.

Musées

La collection du Marionettmuseet (Musée de la marionnette) est en partie internationale et en partie constituée de marionnettes et de documents issus des productions du Marionetteatern. La collection internationale comprend entre autres un ensemble remarquable de marionnettes de bunraku, des marionnettes à gaine chinoises et divers types de marionnettes indiennes. Le musée possède également une importante vidéothèque reprenant la quasi-totalité des productions du théâtre et une bibliothèque. Le fonds du Marionetteatern a été archivé lors de l’installation du Marionetteatern au Théâtre municipal de Stockholm et attendait encore, en 2005, de trouver un lieu pour être présenté.

On peut également mentionner le Dansmuseet, le musée de la Danse de Stockholm, constitué à partir d’une collection de Rolf de Maré, et dont la  pièce maîtresse est un théâtre chinois de marionnettes à tringles pourvu de marionnettes, costumes et accessoires du début du XXe siècle. Par ailleurs, l’Etnografiska museet, le musée d’Ethnographie de Stockholm s’est doté, grâce à l’explorateur Sven Hedin, d’une belle collection concernant le théâtre d’ombres chinois et datant de la même époque. Les marionnettes à gaine de Heuserman sont exposées au Musée de la ville de Stockholm, le Stockholms stadsmuseum. Enfin la collection privée de théâtres de papier de l’artiste Harald Gripe est visible au Harald Gripes Modellteatermuseum de Nyköping, au sud de Stockholm.

Institutions

Michael Meschke a pendant longtemps encouragé la création d’une formation pour marionnettistes au sein de l’Université. Ses efforts portèrent leurs fruits et, en 1998, un département consacré aux marionnettes fut ouvert à la Dramatiska Institutet (Université d’art dramatique, de cinéma et de théâtre) de Stockholm. Le département ferma cependant ses portes en 2004 pour des raisons économiques et sa réouverture est pour le moins incertaine.

La section suédoise de l’UNIMA est active depuis les années soixante-dix et réunit près de vingt compagnies professionnelles et plus de cent cinquante membres. Elle publie également le magazine trimestriel Dockteatern (Le Théâtre de marionnettes).

Bibliographie

  • Meschke, Michael, et Margareta Sörenson. In Search of Aesthetics for the Puppet     Theatre [À la recherche d’une esthétique du théâtre de marionnettes]. New Delhi: Indira Gandhi Centre for the Arts, Sterling Publishers, 1992.
  • Meschke, Michael, et Margareta Sörenson: En Estetik för Dockteatern [An Aesthetics for the Puppet Theatre]. Stockholm: Carlssons, 1989.
  • Sörenson, Margareta, ed. . . . are but tugs on strings, The Marionette Theatre over 40  Years/ . . . är bara ryck på trådar, Marionetteatern under 40 år [. . . en tirant quelques ficelles, 40 ans de théâtre de marionnettes]. Stockholmia Förlag, 1998 (édition bilingue suédois-anglais).
  • Sörenson, Margareta. A Great Little Theatre, 30 years with Tittut Puppet Theatre/En stor liten teater, 30 år med Dockteatern Tittut. Stockholm: Carlssons, 2008. (En suédois et en anglais.)
  • Sörenson, Margareta. “The Shadow of August Strindberg”. Critical Stages. No. 7, 2012. IATC (International Association of Theatre Critics) web magazine        www.criticalstages.org