Montreur d’ombres turc. Il fut l’un des derniers grands représentants du genre. Dès l’âge de huit ans, il vouait une admiration aux maitres de l’époque : Hayali Kâtip Salih, Hayali Memduh, Hayali Ömer Fahri, Hayali Behiç, Hayali Arap Cemal, Hayali Nazif, Hayali Sobacı Ömer, Hayali Serçe Mehmet, Hayali Ömer Aga. C’était encore l’âge d’or du théâtre de Karagöz, avec un montreur dans chaque quartier d’Istanbul.

Suivant l’exemple de ces artistes, il fut le dernier grand héritier de leur enseignement. À l’âge de quatorze ans, il secondait son maître Hayali Saraç Hüseyin Aga, et c’est lors d’une représentation dans le quartier Draman de Fatih à Istanbul, qu’on lui attribua son nom de scène Hayali Küçük Ali (« Maitre petit Ali »). Depuis 1909, où il termina ses études secondaires au lycée Rüştiye Davutpaşa, jusqu’en 1969, il ne cessa de jouer dans les cafés et lieux de spectacles et de fêtes, d’écrire des textes originaux, notamment Hamam eglencesi (1928), ), Kâgıthane sefası (Primevères du parc Kâgıthane, 1928), Hayal Perdesi (Rêve du Rideau, 1931), de faire des enregistrements et des films, notamment en 1959, le fameux court-métrage Gülme komşuna gelir başı na (« Ne ris pas de ton voisin, cela peut t’arriver ») et de se produire à la radio et à la télévision. Très sollicité pour les fêtes de circoncision, il joua en présence du président Atatürk, le 27 septembre 1934 (un document l’atteste), pour la circoncision des deux fils d’Ismet Inönü.

Plusieurs membres de sa famille le secondèrent à tour de rôle: son fils Kemalettin Sevilen, une de ses trois filles Naciye Ergüler, trois de ses petits-fils, Erdogan et Erhan Ergüler, puis Tuncay Tanboğa qui devint en 1951, à quatorze ans, Hayali Torun Çelebi.

Outre un grand talent d’imitateur, il avait beaucoup d’esprit, un grand sens de la répartie et une imagination débordante qui, s’ajoutant à une grande culture et à un savoir musical de qualité, apportèrent un souffle nouveau tant dans la technique que dans le répertoire du théâtre d’ombres traditionnel. De nombreuses figurines de sa fabrication se trouvent dans plusieurs musées en Turquie et à l’étranger, notamment à Paris, au Musée de l’Homme.

(Voir Turquie.)