Marionnettiste, auteur, concepteur de marionnettes, dramaturge et metteur en scène allemand. Peter Klaus Steinmann marqua, ainsi que sa femme Benita, le théâtre de marionnettes allemand de la première génération d’après 1945. Il incarna la tentative de rapprochement entre l’art populaire du théâtre de marionnettes, tel celui des Hohnsteiner (Max Jacob, Friedrich Arndt), et la forme artistique du Figurentheater (théâtre de figures), entre le théâtre de Kasper éducatif et les rôles plus psychologiquement nuancés.

Le Théâtre littéraire Steinmann, Literarische Figurentheater Steinmann « die bühne », qu’il écrit ainsi sans majuscules (la scène), fut l’un des moteurs du mouvement d’émancipation des marionnettes, caractéristique des années soixante et soixante-dix, mouvement dont les ramifications se prolongeaient encore au début du XXIe siècle. D’un point de vue artistique, ce mouvement héritait des acquis esthétiques des années 1920-1930 ; d’un point de vue politique, il militait pour la reconnaissance du théâtre de marionnettes et de figures en tant que genre dramatique à part entière.

On peut distinguer trois aspects importants dans l’œuvre de Steinmann. Premièrement, il a abandonné les comédies de type boulevard et les histoires de Kasper pour recourir au langage de la grande littérature dramatique. Il a donné la possibilité à la marionnette de donner corps à un personnage au rôle nuancé. Ainsi mit-il en scène Alle die da fallen (Tous ceux qui tombent) de Samuel Beckett, Die Ballade vom großen Makabren (La Ballade du Grand Macabre) de Michel de Ghelderode, Romulus der Große (Romulus le Grand) de Friedrich Dürrenmatt et d’autres encore. Un deuxième aspect de son œuvre concerne l’ouverture de l’espace de jeu : Steinmann a, d’une part, placé la poupée en relation scénique avec le manipulateur en justifiant cette relation d’un point de vue dramaturgique ; il a, d’autre part, offert à son théâtre une grande scène comme espace de mouvement. Troisièmement, la réflexion intense qu’il a menée tout au long de sa carrière a marqué non seulement son œuvre mais aussi, à travers de nombreux écrits (Reflexionen über ein Medium), l’ensemble du milieu de la marionnette. Il a formulé la conscience de soi d’un artiste de théâtre prenant ses distances à l’égard de l’éducation populaire et il a fait partager cette conscience à ses collègues et au public. Steinmann s’est efforcé d’établir les limites internes et externes de l’art de la marionnette et a constamment affirmé le théâtre de figures comme art à part entière.

Peter Klaus Steinmann a en outre travaillé pour la télévision et enseigné dans de grandes écoles.

(Voir Allemagne.)

Bibliographie

  • Lepschy, Christoph. “Hommage à Peter Klaus Steinmann”. Manip. No. 3. Paris: THEMAA, 2005.
  • Puppen für “die bühne”. 40 Jahre Literarisches Figurentheater Steinmann [Des poupées pour “die bühne”. 40 ans de le Théâtre littéraire Steinmann]. Publié par le Puppentheatermuseum im Münchner Stadtmuseum, 1999.
  • Steinmann. Catalogue d’exposition. Münchner: Puppentheatermuseum, 1999.